Les médias et la musique en Guinée
La musique a une place de choix dans le paysage culturel guinéen. Pour les artistes, une bonne couverture médiatique est indispensable : cette présentation à un large public leur assure une renommée croissante et un développement de carrière.
La télévision est le premier média consulté par la population. Les émissions culturelles et musicales sont donc un passage obligé pour les talents débutants comme pour les stars aguerries, que ce soit via la diffusion de leurs clips, des interviews ou des prestations en direct.
La radio n'est pas en reste, et la diffusion régulière des derniers sons en vogue assoient la popularité des artistes.
Si la presse écrite spécialisée dans la musique n'est pas développée en Guinée, des sites Internet de référence permettent au public d'accéder aux agendas culturels et de consulter à la demande les actualités des musiciens.
Les émissions télévisées : un succès assuré
La télévision est un média populaire et accessible. Pour les artistes, être diffusé sur les chaînes ou dans les émissions musicales de référence peut être un véritable tremplin. Prestations live, interviews ou clips, les formes de promotions sont multiples et allient le son et l'image : un avantage de plus pour créer ou conforter sa célébrité auprès du plus grand nombre.
Créée en 1977, la Radio Télévision guinéenne (RTG) est une société publique de production et de diffusion. Dès sa fondation, initiée grâce à un don de Mouammar Kadhafi à son ami Sékou Touré, la RTG s'est fait porte-parole du pouvoir en place. Fréquemment critiquée pour son manque de neutralité, sa programmation est également mise en défaut sur son volet culturel.
Cependant, certaines émissions se sont imposées dans le secteur musical, à commencer par Parade : émission de variété musicale diffusée tous les samedis matins à partir de 9h30, son animatrice Aya Diawara a su imposer son style. La programmation musicale est indissociable de la popularité de l'émission, grâce à la diffusion des clips de Guinée et d'Afrique les plus en vogue.
Ambiance africaine sort également du lot : destinée à un public plus mâture, l'émission se concentre sur le répertoire musical du folklore guinéen. Pour les jeunes, l'émission Maxi Hip-Hop présentée par Nondy Ké se veut tribune de la culture urbaine.
Diaka Camara, journaliste et productrice guinéo-américaine, a quant à elle directement œuvré pour la valorisation de la musique à la télévision guinéenne.
En 2011, elle créée et anime l'émission Top 10, alors produite à ses frais et diffusée sur le RTG. Avec un générique, un habillage et une qualité d'image encore inédite, elle remue le paysage audiovisuel sur le fond, mais aussi sur la forme : chaque émission est enregistrée dans un lieu différent et comprend le classement des 10 chansons les plus écoutées du moment, des clips, des prestations live et des interviews de personnalités issues du monde culturel.
En 2014, Diaka Camara passe sur Espace TV, une chaîne privée créée en 2013 et dont la ligne éditoriale correspond davantage à Top 10, dorénavant diffusée tous les vendredis à 20h30 : « À Espace TV, c’est donnant-donnant. Ils respectent la programmation, explique-t-elle. Top 10, c’est un mélange d’africanité et d’occidentalité. La seule différence entre un Soul Bang's (chanteur de R&B très populaire) et un Chris Brown, c’est que le premier est né en Guinée. Et je veux avant tout valoriser les talents guinéens et exporter la culture nationale. »1].
La valorisation de la richesse musicale guinéenne et africaine est bien à l'ordre du jour pour la télévision guinéenne. Evasion TV, première chaîne privée de Guinée à être sur le bouquet Canal, a été approchée cet été par la télévision Panafricaine What’s Up TV pour diffuser l'émission African Hit.
Entièrement consacré à la musique, ce programme lancé le 31 juillet 2016 pourrait être un véritable tremplin pour les musiciens africains. Selon le PDG de Whats Up Tv, Abdoulaye Traoré, African Hit a pour vocation « de tourner dans les 54 pays africains pour montrer le côté positif des différents pays à travers la musique et la culture ».
Radios guinéennes : l'importance de la diffusion des sons
La Radio Télévision guinéenne a eu le monopole radiophonique jusqu'en 2006, date à laquelle le gouvernement de Lansana Conté autorise la libéralisation des ondes. Émergent alors de nombreuses radios généralistes privées, initiatives locales ou filiales de groupes déjà installés dans le paysage audiovisuel.
Radio Chérie FM Guinée, élue meilleure radio de Guinée en 2012 et 2013, appartient au groupe Chérie FM. Elle diffuse sur la fréquence FM 104.1 et en streaming sur son site internet des artistes de renommée internationale et aux succès commerciaux, comme Yannick Noah, Pharell Williams ou Katy Perry.
Nostalgie Guinée est également une station de radio généraliste privée appartenant au grand groupe Radio Nostalgie. Elle diffuse sur la fréquence FM 98.2 et le direct est disponible en streaming sur son site internet.
Bolivar Fm Mamou est une station de radio généraliste locale. Elle est diffusée sur la fréquence FM 99.4 depuis Mamou et sur son site internet. Elle favorise la proximité avec ses auditeurs et sa ligne éditoriale porte des programmes et musiques aux couleurs locales. De même, Radio Fouta Djallon Internationale, basée à Conakry et diffusée sur son site web, met en avant la culture guinéenne et ses émissions sont en langue Pulaar.
La presse imprimée délaissée au profit du web
Si la presse écrite spécialisée dans la musique guinéenne se fait rare, le web regorge de sites et d'articles qui y sont consacrés.
La référence incontournable est Afro Guinée Magazine, qui répertorie l'ensemble des événements culturels et des actualités des artistes. Grâce à sa structure limpide et à son contenu riche et pertinent, il comble efficacement les lacunes d'un magazine imprimé, s'assurant en outre de la rapidité de publication propre au web.
Autre pilier du genre : Guinée HIT Musique. Brassant toute l'actualité musicale guinéenne et africaine, le site propose des rubriques d'articles d'actualités artistiques, des clips et des sons disponibles en streaming.
La relation entre artistes et médias est complémentaire : chacun trouve son intérêt, à diffuser ou à être diffusés.
La télévision et la radio sont ainsi alimentées par l'actualité musicale, qui fait cependant défaut à la presse : l'image et le son priment sur les textes, et le web, avec ses possibilités techniques qui offrent ces trois éléments à la demande, en sort gagnant.
1/[http://www.jeuneafrique.com/mag/315116/culture/guinee-diaka-camara-succes-chaine/]
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