Nitdoff — Roi d'Afrique
Artiste : Nitdoff
Album : Roi d'Afrique
Label / Année : Gunzout Records / 2016
S'il ne faut pas juger un livre par sa couverture, il ne faudra donc pas juger, Roi d'Afrique à sa pochette, au risque de passer à côté d'un bon projet.
En effet, la jaquette de cette prod combine photos de qualité moyenne et une erreur assez fâcheuse, jugez-en vous-même : On y voit le rappeur auréolé et en dessus écrit : Roi d'Afrique, entouré de personnalités illustres du continent et du monde noir.
Je suis certain que le message qu'on veut véhiculer est celui d'un artiste noir inspiré et respectueux de tous ces grands hommes, mais il est si maladroitement illustrée à travers ce design, que c'est tout le contraire qu'on y lit.
Ecoutez, le morceau éponyme de l'album, vous verrez que le titre aurait du être « Rois d'Afrique » car l'artiste en réalité rend hommage à ces grands hommes.
Cela dit, venons-en au contenu de ce double cd ; si vous avez comme moi terminé son écoute, un peu fastidieuse, à cause principalement de sa durée, on s'accordera, sans doute, sur une première chose : Nitdoff a réussi à faire un album solide d'Old School où il parvient à faire plaisir à la fois aux fans des premières heures mais aussi à intéresser la jeune génération.
Dès le début, l'atmosphère est campée avec le titre « Do modèle » : l'artiste, comme à son habitude, ne fait pas dans la dentelle. Il est sans concession, hardcore... « KK moy number one » va dans le même sens, ainsi que «Ya better ». Le rappeur semble très remonté contre les dirigeants corrompus qu'il ne loupe jamais au fil de l'album.
La hargne du Mc lougatois ne vise pas seulement, pour autant, les politiciens, certains de ses collègues rappeurs, sur un morceau comme « Clando », sont également visés... ce morceau regorge de métaphores, voire de messages codés ou subliminaux. En voici un exemple : Y'en a marre ci gnimay siki saka daniou fou malade.
Plus léger, le morceau « Diyeu Maman », un hommage à toutes les mères, sonne comme une césure. Tout, y est douceur. Le rappeur pousse même la chansonnette aidé par les ordinateurs de Bazikprod.
« Jaayantél », avec Mao prolonge également la pause musicale, et le message d'abnégation pour tous les « hustlers » passe tout en mélodie. « Roi d'Afrique », titre qui donne son nom à l'album, n'est pas vraiment accrocheur, comme on pourrait s'y attendre, tant il parait désincarné, « récité » malgré son coté très « conscient ».
La combinaison Nitdoff +chanteur, que ce soit avec Mao, Admow, Ombrezion ou encore Jahman marche très bien aussi sur l'album. Ca s'entend sur des titres comme « Djiekou nga Ma », « Tellement vu », « Nattu dou wees », « Jaayantél » « Yiw la tchi Dioublou » qui ouvre le cd2 ou encore le morceau « Rancune ».
Alors que « Reglel » et « Dem harder » qui ne sont pas mal aussi, sont du Nitdoff pur jus et abordent les thèmes du sexe, de la violence, de l'argent facile et leurs conséquences néfastes sur les jeunes.
L'album oscille ainsi entre rap de rue et morceaux en featuring avec les chanteurs les plus en vue du moment. Les morceaux s’enchaînent au fur à mesure, tantôt engagé, tantôt égo trip et parfois un brin moralisateur.
Roi d'Afrique, disponible sur le marché depuis octobre 2016 est un projet dense, qui ne fait pas dans la subtilité. C'est l'album d'un bon MC qui aime le rap pur et trouve l'équilibre grâce à ses invités qui lui apportent cet aspect mélodique qui lisse son côté trop rageur.
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