Saint-Louis Jazz 2017 : Samuel Nja Kwa expose « Route du jazz »
Fasciné par l’image depuis sa plus tendre enfance, Samuel Nja Kwa grandit en France avec un papa qui écoute beaucoup de jazz. Adolescent, il photographie ses amis et les paysages autour de lui. C’est également, le moment (adolescence) où il découvre le Cameroun son pays d'origine.
Journaliste, il ne résistera pas à la tentation de faire de sa passion un métier. Aujourd’hui, Samuel parcourt le monde et photographie les plus grands noms du jazz. Son livre Route du Jazz, à travers des portraits et entretiens, part de l'Afrique pour retracer le « voyage du rythme ».
Ses belles photos seront exposées à Saint-Louis lors du festival de Jazz du 24 avril au 1er mai (Gymnase Didier Marie). À quelques jours de cet événement, Samuel accorde un entretien exclusif à Music In Africa.
Music In Africa : Comment avez-vous eu l’idée de photographier les stars du jazz ?
Samuel Nja Kwa : Je suis journaliste et j'ai débuté dans la presse en écrivant des articles. C'était en 1996. J'aime la musique et plus particulièrement le jazz. À cette époque, j'avais créé avec des amis un magazine qui s'appelait Le Disque Africain. Nous parlions de l'influence de l'Afrique dans les musiques. C'est ainsi que j'ai été amené à rencontrer des musiciens de jazz, puis à faire la relation entre l'Afrique, l'esclavage et le jazz. L'idée d'en faire un sujet structuré s'est faite au fil des ans.
Music In Africa : C’est quoi une photo réussie lors d’un concert ?
Samuel Nja Kwa : La photo réussie est celle imaginée dans ma tête. Avant de faire une image d'un musicien, je l'observe, sa gestuelle, je tiens compte des lumières ensuite j'attends l'instant qui illustre son attitude.
Music In Africa : Les plus belles photos sont celles dont on travaille la préparation ou celles que l’on prend de manière spontanée ?
Samuel Nja Kwa : Les plus belles images sont celles qu'on a pensées et imaginées. Parfois elles sont dans la tête et lorsqu'on les concrétise, c'est une réussite.
Music In Africa : Une photo peut-elle mieux raconter un concert, qu’un article ?
Samuel Nja Kwa : Les deux racontent la même histoire. Tout dépend de l'angle qu'on choisit.
Music In Africa : Pourquoi sortir un livre ? La photo seulement ne suffit pas ?
Samuel Nja Kwa : Lorsqu'on sort un livre, c'est pour raconter une histoire. Souvent les gens ont envie d'avoir plus qu'une image et le livre leur permet d'assouvir ce besoin. Et puis le livre c'est aussi pour moi une autre façon de prolonger une exposition. Toutes mes expositions photographiques ne se ressemblent pas, je n'expose pas toujours les mêmes photos même si le sujet est le même.
Music In Africa: Le grand musicien Manu Dibango a fait la préface du livre, pourquoi lui ?
Samuel Nja Kwa : Et pourquoi pas lui ? Il se trouve qu'à mes débuts, il était là et qu'il m'a toujours encouragé dans ma démarche. Je suis Camerounais comme lui, il a joué dans toutes les capitales du monde, sa renommée n'est pas à discuter, sa légitimité non plus. Lorsque je le lui ai demandé, il a naturellement accepté.
Music In Africa : Pour les 25 ans du festival de Jazz, Saint-Louis accueillera Marcus Millier, Stanley Clarke ou encore l'exposition Route du jazz ; Qu'est-ce que cela vous inspire d'être présent à ce rendez-vous ?
Samuel Nja Kwa : C'est un grand honneur d'y être et j'espère que ce festival va m'inspirer de belles images et de beaux souvenirs.
Music In Africa : La plupart de vos photos sont prises lors des festivals dans le monde. Y a-t-il un rendu diffèrent selon qu’on se trouve en Afrique ou en Europe ?
Samuel Nja Kwa : Effectivement, l'environnement est différent selon l'endroit où on se trouve. La lumière n'est pas la même à Londres qu'à Dakar ou Montréal. L'attitude des gens, leurs habitudes, les couleurs etc. Tout cela joue beaucoup.
Music In Africa : Quelle relation vous entretenez avec les musiciens que vous photographiez ?
Samuel Nja Kwa : Lorsque je suis avec un musicien, j'essaie de discuter avec lui. Savoir qui il est, quelle est sa personnalité, ce qui l'a amené à choisir son instrument de musique. J'essaie de le mettre en confiance et de faire en sorte qu'il me fasse confiance.
Music In Africa : Qui vous a semblé le ou la plus photogénique ?
Samuel Nja Kwa : Chaque artiste a sa propre personnalité et chaque photo est unique. J'aime les artistes et j'essaie de les servir au mieux avec mes images. Lorsque je fais une photo j'essaie de faire ressortir le meilleur du sujet.
Music In Africa : Vous qui voyagez beaucoup, comment voyez-vous l’organisation des festivals en Afrique ?
Samuel Nja Kwa : En termes de programmation, les festivals en Afrique n'ont rien à envier aux autres.La preuve avec la belle programmation musicale de Saint-Louis Jazz cette année. On reproche souvent aux festivals africains de pêcher dans l'organisation, mais je trouve que la tendance est à l'amélioration et c'est une bonne chose.
Music In Africa : Parcourir le monde et prendre des photos doit être un métier excitant ?
Samuel Nja Kwa : C'est un métier comme un autre. Oui c'est excitant mais j'évite de tomber dans la routine, donc chaque voyage mérite une préparation.
Music In Africa : Que diriez-vous à un jeune photographe qui va couvrir son premier concert ?
Samuel Nja Kwa : Je lui dirais d'observer et d'écouter. Il est inutile de faire 10000 photos si on ne sait pas de quoi on va parler.
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