Souleymane Diamanka : la poésie, ce miracle…
Souleymane Diamanka dit « Dua Jaabi Jeneba », le voeu exaucé de Jeneba, est un enfant qui a été longtemps souhaité. D’après la mythologie familiale, sa naissance fut vécue comme un miracle, tout comme l’est aujourd’hui sa poésie.
Garder ses racines bien ancrées pour mieux ouvrir sa cime vers le ciel, mieux s’ouvrir au monde, c’est à cela que s’attèle Souleymane Diamanka dans son voyage artistique, particulièrement avec ce nouvel album « Être humain autrement ».
Cet album nous accueille avec des rythmes modernes, teintés de hip-hop ou de soûl, mais toujours, en contrepoint, en basse continue, une rime une mélodie, reviendra souvent, et évoquant l’incontournable touche « traditionnelle peule ».
L’on entend alors ces voix, des extraits d’archives, des vieilles cassettes enregistrées par le père au fil des années, comme un héritage. Une coquille qui renferme la perle précieuse du patrimoine familial peul cher à l’artiste.
Ces vieilles cassettes dont l’artiste et son équipe ont choisi de garder le « souffle » sans altérer l’arrangement musical. « C’est le souffle des ancêtres » (1) serait-on tenté de dire.
Préserver, Illuminer et féconder ce patrimoine, Souleymane Diamanka en a fait sa tâche. Mais son combat, c’est aussi de vulgariser le mouvement citoyen poétique « être humain autrement », bâtir des ponts « pour pouvoir raconter son pays en poésie », cette poésie urbaine portée par les jeunes, qui devient alors une arme d’apprentissage – et de rencontre – massive.
L’apprentissage reste justement la plus grande force de notre poète. Le parcours de Souleymane Diamanka a toujours été très lié à la danse. De cette discipline il aura appris la rigueur dans le travail autant qu’il a appris à jongler comme un maître depuis une quinzaine d’années.
L’écriture n’est plus qu’inspiration, mais une discipline et une ascèse constante : « la musculation et l’assouplissement des mots ». Il aime les manier, les nouer, les retourner dans tous les sens, les peindre, les remplir d’images, les habiller de beauté et d’émotions avant de nous les offrir généreusement avec une voix chaude de velours.
La poésie de Souleymane est à la fois rythme et mélodie. L’émotion et la technique y font corps, s’y harmonisent avec subtilité. Ses mots ne font pas que s’écouter, ils se regardent comme un film. Sous nos yeux, les images défilent. D’un bout à l’autre du monde, que l’on comprenne les langues qu’il y emploie ou pas, sa musique vous transporte.
Avec ce nouvel album tant attendu, c’est donc un nouveau voyage que nous offre Souleymane Diamanka en collaboration avec le grand Kenny Allen musicien américain vivant en Éthiopie. Il s’agit là d’une belle rencontre entre deux artistes généreux et complices. Un voyage étoilé, surprenant, et totalement inédit.
Bienvenue, et bon voyage !
Cet article a été initialement publié sur Aishademe.com le 15 mars 2017
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