Avec Sahel, Bombino resigne pour une nomination aux Grammy Awards

Quelques mois après la sortie de l’album Sahel, le premier artiste du Niger nominé aux Grammy Awards se réjouit d’entamer une nouvelle tournée européenne. Au Sahel justement, le contexte de tensions n’entame pas le succès d’estime qui place Bombino et sa musique sur orbite.

Comme Deran, enregistré au Maroc en 2018, les dix titres de Sahel ont été immortalisés dans leur version digitale à Casablanca dans d’excellentes conditions de studio.

Bombino chante pour son public, toutes nationalités confondues, et pour son peuple, les Kel tamaskeqs. Il n’a jamais trop eu le temps de se poser pour savoir ce qu’il aurait choisi comme chemin si, adolescent, il n’avait pas réussi à troquer un accordéon ramené par un de ses oncles contre une guitare acoustique, le Saint Graal à ses yeux.

Bombino s’étonne encore. Il n’aurait jamais imaginé que son travail se verrait récompensé par un tel engouement sur la durée. Il vit comme un privilège, un honneur et une responsabilité le fait de pouvoir porter sa propre parole.

Vivre au désert, y fêter ses 20 ans en l’an 2000, ne favorise pas l’accès aux instruments, à la formation musicale, aux grandes maisons de production, sésame de toute carrière professionnelle. Mais cela nourrit une vie entière.

L’artiste aimerait que la nouvelle génération rencontre moins de difficultés à exprimer son talent, à faire voyager la richesse culturelle du peuple touareg. Cette culture de tradition orale est menacée d’extinction, là où elle s’est pourtant transmise pendant des millénaires malgré un environnement hostile à l’homme.

A Los Angeles, lors de la cérémonie des Grammy, Bombino se revendique plus berger que star du Niger aux côtés de célébrités aussi brillantes que l’univers dans lequel le culte de l’image, de l’argent et de l’accessoire les confond avec des produits sophistiqués d’une société avide de spectacle, de technologie, d’abondance, de zapping permanent.

Pour le chanteur d’Agadez, la musique est et doit rester ce moment de partage et d’intimité telle qu’elle se vit dans un bivouac autour d’un feu sous les étoiles. Avec pour tout projecteur, les phares d’un 4/4.

Si vous demandez à Bombino ce qui fait sens dans son geste artistique, il vous répondra « la vérité ». Si vous demandez à ses musiciens, dont Corey Wilhelm, batteur américain, pourquoi ils sillonnent le monde entier depuis tant d’années avec la même envie, la même passion, ils vous répondront : parce que « Bombino ».

Music in Africa vous invite à regarder les dates de la nouvelle tournée coordonnée par Azimuthprod et à relayer ce message. Bombino cherche des partenaires pour l’aider à créer un studio à Niamey. Le projet était sur le point d’aboutir quand la Covid a stoppé net tout espoir d’ouvrir ce lieu.