La scène live au Bénin
Après les Indépendances, comme dans beaucoup de pays d’Afrique, le Bénin a vu naître un nombre important d’orchestres. La plupart étaient issus d’initiatives privées comme L’orchestre du Borgou, le Poly-Rythmo toujours en activité, les Sympathiques de la Capitale, le Black Santiago, puis plus tard le Gangbé Brass Band. Certaines sociétés et services d’Etat avaient aussi leur propre orchestre, notamment la Gendarmerie Nationale, l’orchestre Libetex de la société nationale de fabrication de textile et les Echos du Zou qui recevaient un petit soutien de la préfecture à Abomey.
Contexte
A Cotonou, les principaux lieux privés où se produisaient ces orchestres étaient le Zénith, Chez Dédé et le Et alors. A Abomey les orchestres se produisent à la Pergola et au Manguier ainsi que dans des mariages et enterrements, le Sud du pays présentant plus d’opportunités.
Dans les années 70/80, le milieu évolue et les artistes commencent à bénéficier de contrats et à faire des tournées, la plupart subventionnés par des mécènes. Le soutien de l’Etat est quasiment inexistant si ce n’est que l’Office de Radio et Télévision du Bénin crée aussi son orchestre dont les membres sont engagés à temps plein, mais, qui, pour des raisons financières ne durera pas.
De nouveaux lieux privés voient le jour comme le So What, la Cabane et le Djembé, le Repaire de Bacchus tous disparus aujourd’hui.
Aujourd’hui, bien que Porto-Novo soit la capitale administrative du pays, Cotonou en demeure la capitale et le coeur économique où sont implantées la majeure partie des représentations diplomatiques, ministères, médias et sièges de société. C’est pourquoi Cotonou présente des caractéristiques uniques comparées aux autres villes du pays dont le niveau de développement et d’attractivité économique est plus faible.
C’est la raison pour laquelle, un artiste qui souhaite développer sa carrière se verra obligé de passer par cette ville pour accroître sa visibilité et ses opportunités tant sur le plan national qu’international.
Types de lieux
Le budget annuel alloué aux activités culturelles par le Ministère de la Culture du Tourisme et de l’Artisanat est de 1 Milliard de FCFA, aussi appelé Le Milliard Culturel. Mais le Bénin ne dispose pas d’un réseau de lieux culturels subventionnés, la majeure partie des lieux sont privés ou dépendent de représentations diplomatiques. Les lieux appartenant à l’Etat n’étant pas des lieux dédiés à la culture mais pouvant en accueillir des événements fonctionnent avec un système de location/privatisation.
La majeure partie des lieux dédiés à la diffusion de la musique sont situés à Cotonou. Il existe trois possibilités pour les artistes de se produire. Soit le lieu programme l’artiste et lui verse un cachet. Soit l’artiste loue le lieu et a donc la responsabilité de toute l’organisation du spectacle. Ou enfin, l’artiste et le lieu s’associent dans le cadre d’une co-production dont les termes sont laissés à leur discrétion.
A Cotonou, le nombre de lieux et d’événements augmentent et le milieu tend à se professionnaliser grâce une à une nouvelle génération mieux informée et plus enclin à faire valoir ses droits. L’absence de formation et de soutien institutionnel amène de facto les artistes et leur entourage à se retrouver dans une logique entrepreneuriale et de Do It Yourself (DIY). Bien souvent une seule personne, si ce n’est pas l’artiste lui-même, fait aussi office de chargé de communication, producteur, manager…
Les lieux privés
Le Yes Papa qui est un lieu semi plein-air propose une petite scène pour une jauge d’une soixantaine de personnes. Le Blackstage (250 personnes), le Patriarche à Calavi, ville universitaire limitrophe de Cotonou (800 personnes) et le centre culturel ArtisttikAfrika (200 personnes) sont équipés d’une scène et de matériel son et lumière. L’Espace Tchif propose une scène moyenne avec une jauge pouvant aller jusqu’à 400 personnes. Ce lieu ne fonctionnait que sur de la location, mais sa récente reprise va entraîner une programmation régulière à partir de 2016 et va progressivement se rééquiper en matériel son et lumière.
Le Code Bar n’est pas un lieu dédié à la scène live, mais il accueille parfois des groupes et DJ et peuvent de manière ponctuelle, accueillir des évènements organisés par des tiers. Enfin, le Sanctuary propose un groupe en résidence le week-end et des soirées thématiques.
Certains artistes se produisent parfois en concerts et/ou showcases dans des boîtes de nuit soit à leur initiative, soit à l’initiative du patron du club.
A Natitingou, l’ex-cinéma Bopassi dispose de 1500 places assises. Il faut se rapprocher de la mairie pour son utilisation. Enfin, d’une manière générale certaines places publiques sont parfois utilisées par les artistes ou des structures souhaitant organiser des évènements. A Cotonou la plus populaire est la place des Martyrs et à Parakou la place Tabera.
- Coopération internatioanle
L’Institut Français du Bénin reste pour l’instant le lieu le mieux équipé, avec une programmation régulière et avec la plus grande audience pour la production de spectacles. Le centre de Cotonou est équipé d’une grande scène avec une jauge d’environ 800 personnes, le Théâtre de Verdure ainsi que d’une plus petite qui se trouve sous une paillotte au même endroit que le bar. La jauge est d’environ 200 personnes. En plus du dispositif qui se trouve à Cotonou, il existe également une antenne à Parakou, dans le nord du pays où la jauge est de 850 personnes.
Le Centre culturel Américain ainsi que le Centre Cutlurel Chinois bénéficient d’une moins grande visibilité que l’Institut Français. Ils organisent des événements ponctuels en faisant parfois appel à des artistes mais n’ont pas de programmation régulière.
Publics mais en location (pas de programmation)
Certains espaces appartenant à l’Etat sont parfois utilisés pour l’organisation de concerts ou festivals. Ceci implique la location et l’équipement en matériel par l’organisateur du concert. Parmi les plus utilisés à Cotonou, on note le Palais des Congrés, le Hall des Arts et le parvis du Stade de l’Amitié.
Evènements
Outre les lieux de spectacle les évènements musicaux peuvent être une bonne opportunité pour les artistes d’élargir leur réseau. Les évènements privés ayant une audience nationale et accueillant des artistes internationaux sont les suivants :
L’opérateur de téléphonie mobile MTN organise tous les ans au mois d’août un concert les 3 premiers dimanche du mois, avec des artistes venus principalement d’Afrique de l’Ouest. Le concert est gratuit et a lieu à la plage. L’événement s’apelle Yellow Summer.
L’opérateur MOOV organise pendant les grandes vacances, des évènements de danse incluant des concerts. Il leur est déjà arrivé d’organiser des concerts de musiques urbaines au Palais des Congrès.
Créé il y a 3 ans, le Festival Cotonou Couleurs Jazz organisé par l’association Laboratorio propose une programmation proche de la world music. Le Hip Hop Kankpe (KHK) est à l’origine une initiative du collectif de rap Ardiesse. Après plus d’une dizaine d’années d’organisation le festival est aujourd’hui passé aux mains de l’opérateur MTN.
Le gouvernement a organisé en 2015, la première édition du Festival International des Musiques du Bénin à Cotonou prévu pour se tenir tous les deux ans. La Société Bénioise de Brasserie (SOBEBRA) a organisé plusieurs éditions de la Fête de la Bière qui consistait en une soirée de concerts dans certaines villes du pays. La SOBEBRA sponsorise aussi régulièrement des évènements.
Opportunités de rémunération pour les artistes ?
La problématique des droits d’auteur
Le Bénin est doté d’un Bureau des Droits d’Auteurs depuis 1984 dont la mission est d’assurer la collecte et la redistribution des droits d’auteurs. La notion de droits d’auteurs n’étant pas encore un acquis fondamental pour toutes les personnes impliquées dans la diffusion de musique live ou studio, l’acquittement des droits d’auteurs par les médias ou organisateurs de spectacles ne se fait pas systématiquement.
Les artistes ne peuvent encore pas aujourd’hui compter sur ce mode de rémunération. En revanche, il existe la possibilité de démissionner du BUBEDRA et de s’inscrite à la SACEM en France, ce que certains artistes béninois ont déjà fait.
Le manque d’équipement
A Cotonou, si certains lieux commencent à s’équiper, le matériel de sonorisation et de lumière et les personnes formés à leur utilisation reste encore une problématique récurrente. Depuis peu, le label VOD Records créé par le musicien John Arcadius a acquis du matériel de sonorisation.
Pour tous les autres lieux il faut la plupart du temps louer le matériel et engager de manière ponctuelle des techniciens, ce qui réduit considérablement les possibilités d’organiser un concert étant donné le coût élevé de ce type d’évènements.
Les cachets
Vu la rareté des lieux ayant une programmation fixe, il est encore très difficile pour les artistes de se faire payer pour une prestation. Seuls l’Institut Français, les festivals et évènements ponctuels ont la possibilité et les moyens de proposer une rémunération adéquate.
Bien que le Bénin manque encore de professionnels et de structures compétentes et organisées pour répondre aux besoins des artistes, des lieux se développent et voient le jour de concert avec une nouvelle génération mieux informée qui souhaite professionnaliser le milieu.
D’une manière générale même si les opportunités sont moins nombreuses que dans d’autres pays, les concerts représentent encore le moyen le plus concret de rémunération, même si on peut espérer que petit à petit les possibilités offertes par le digital soient mieux étudiées et ainsi mieux utilisées.
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