L’Ensemble Bel Canto chante Mozart à Kinshasa

Cet évènement prévu de longue date mais reporté à cause de la pandémie mondiale a marqué l’aboutissement d’un travail de trois ans d’un chœur amateur fondé et dirigé par Mamie-Wivine Kabengele, il y a une décennie.

Onze solistes ont interprété l’œuvre d’une durée de 2 heures 30 avec le soutien vocal de l’ensemble du chœur. Les airs chantés en italien par les titulaires des différents rôles ont été illustrés par des récitatifs adaptés par les acteurs sous forme de dialogues en français. Le public a pu ainsi mieux suivre le fil de l’intrigue, telle que présentée dans le livret de cet opéra incontournable, tout en savourant le talent exceptionnel de ces jeunes chanteurs lyriques, bénévoles.

Comprendre pourquoi ce choix de Mozart et l’engagement de l’ensemble Bel Canto suscitent tant d’intérêt y compris à l’international, implique d’évoquer une rencontre marquante en octobre 2019 avec Agnès BROSSET, professeure de technique vocale.

Alors enseignante au conservatoire de Pontivy, Agnès Brosset est reconnue pour ses talents de coach dans de nombreux rassemblements à l’étranger. Invitée à Kinshasa pour animer une session de formation, elle est éblouie et aussi surprise par la qualité des voix qu’elle découvre, comme par l’aisance et l’énergie que dégage ce groupe face aux difficultés techniques à dépasser en un temps aussi court.

L’idée de proposer à ces jeunes passionnés de chant lyrique et à leur cheffe de chœur de travailler « Les Noces de Figaro » fait vite son chemin. En arrière-plan un autre challenge témoigne du caractère bien trempé des protagonistes de ce projet artistique : monter l’opéra d’abord à Kinshasa, puis inviter les solistes pour une résidence de deux semaines à Pontivy, petite ville bretonne dans laquelle Agnès Brosset a créé avec une belle équipe de bénévoles un lieu dédié à l’opéra et à l’accompagnement d’artistes, l’Académie d’Art vocal et l’Eden Palace.

Une pandémie plus tard, Agnès Brosset peut enfin revenir en octobre 2022 à Kinshasa pour finaliser avec le chœur la mise en scène et la scénographie. Le concert a lieu dans la foulée d’une semaine de retrouvailles, rythmée par l’urgence et un travail acharné. A savoir une cinquantaine d’heures de répétitions et de mise en espace des quatre actes. Un vrai défi !

Résultat, Beaumarchais aurait adoré la version contemporaine de son écriture au cœur du continent africain. La vitalité d’un plateau d’artistes congolais dont les voix se mettent au service d’un répertoire sublimé par les divas occidentales et les chanteurs d’opéra les plus choyés dans le monde dépasse la valeur du symbole.

Quant à Wolgang Amadeus Mozart, il aurait sûrement retiré sa redingote dernier cri (pour l’époque) sous la chaleur des applaudissements. Un « spectacle éblouissant », « digne d’une interprétation professionnelle », les éloges ne tarissent pas dans le public pour saluer la performance.

Les « Noces de Figaro » sont un point d’orgue dans l’histoire encore jeune de l’Ensemble Bel Canto et ouvre des perspectives. Cette réussite illustre à merveille ce que peuvent produire à distance de vrais liens d’amitié, la motivation, la confiance, le travail, le talent, même dans un ensemble composé d’amateurs.

L’aventure ne s’arrête pas là. De nouveaux projets ont déjà été mis en chantier sous la houlette de Mamie-Wivine Kabengele, avec en décembre 2022, l’Oratorio de Noël de Camille Saint-Saëns, et en avril 2023, la Petite Messe Solennelle de Gioachino Rossini.

La direction de ces deux concerts est assurée cette fois par Thierry THIÉBAUT, Président d’À Cœur Joie International. Ce chef de chœur assure depuis une quinzaine d’années des formations à la direction dans le cadre des activités de la Fédération Congolaise de Musique Chorale.

Pour en savoir +

Article écrit à Kinshasa en 2020 pour présenter le projet de l’Ensemble Bel Canto, Jean-Hubert Bondo, rédacteur en chef de Habari RDC

Wivine Kabengele : porter haut la culture congolaise par le chant choral - Les nouvelles d'Afrique - Les nouvelles d'Afrique (mondoblog.org)