Sauti za Busara 2019 : à quoi faut-il s'attendre ?
Considéré par la BBC World Service comme « l’un des meilleurs événements musicaux d’Afrique », le festival tanzanien Sauti za Busara, qui se tiendra à Zanzibar du 7 au 10 février 2019 promet encore d'être à la hauteur de sa réputation.
Le festival attire généralement plus de 20 000 personnes au cours de ses quatre jours et nuits. Ces chiffres devraient augmenter en raison des performances programmées de 46 groupes et de 400 artistes en 2019.
Yusuf Mahmoud, le président et directeur du festival consacre désormais toute l'année à trouver des fonds pour organiser l'événement. « Le dernier jour d'un festival marque généralement le début du suivant », explique-t-il.
« Après avoir recueilli les commentaires et avis des artistes, du public et de l'équipe, nous préparons des rapports détaillés à l'intention des donateurs. En mars, nous annonçons l'appel aux artistes pour qu'ils soumettent leurs œuvres. Le processus de sélection a lieu en août et la liste des sélections est faite en octobre ».
Les trois scènes des Jardins Forodhani, de l'Amphithéâtre et du Mambo Club présenteront les formations musicales : Mokoomba (Zimbabwe), Fid Q (Tanzanie), BCUC (Afrique du Sud) et Afrigo Band (Ouganda), entre autres. M’ToroChamou, HobaHoba Spirit et Sofaz représenteront également Mayotte, le Maroc et la Réunion respectivement.
Il y aura également de nouveaux groupes locaux passionnants, notamment le Wamwiduka Band et SKide, un artiste singulier qui fera découvrir au monde les riches attributs d’un genre jeune et purement tanzanien.
Cette année, les organisateurs prévoient de sensibiliser de manière ludique et innovante les festivaliers sur la corruption, en mettant en vedette des musiciens dont les oeuvres défendent la paix, l'unité, les droits de l'homme et la liberté d'expression.
Il s'agit de Faith Mussa (Malawi), Fadhilee Itulya (Kenya), BCUC et Fid Q. « La corruption est un vice qui ronge la fibre morale de notre société; à travers l’Afrique et au-delà », se désole le directeur du festival.
« Malheureusement, il a maintenant atteint un point où certaines personnes l'acceptent comme normal. Même si un festival ne peut pas changer complètement la société, nous nous associons à des partenaires locaux et mondiaux pour promouvoir le dialogue, changer les mentalités et encourager les actions en faveur d'une bonne gouvernance ».
Depuis son entrée en fonction en 2015, le président John Magufuli a joué un rôle déterminant dans la lutte contre la corruption et la réduction des dépenses inutiles du gouvernement tanzanien.
Selon l'indice de perception de la corruption de Transparency International, publié en 2017, la Tanzanie était le pays le moins corrompu sur 175 nations, avec un score de 36 points, soit une légère amélioration par rapport à 2016 et 2015, où le pays avait enregistré un score de 32 et 30 points, respectivement.
Mahmoud explique que, même si la programmation du festival est diversifiée et comporte un mélange unique de talents locaux et internationaux, la disparité entre les sexes est évidente. Il a déclaré qu'il était primordial d'appeler davantage de musiciennes à postuler pour les éditions futures.
« Nous attendons avec impatience le moment où au moins 50% des artistes sur scène à Sauti za Busara seront des femmes », a-t-il déclaré. « Le problème récurrent est que très peu de groupes dirigés par des femmes réussissent la sélection, notamment en Afrique de l'Est, car leur musique manque souvent d'originalité ».
Parmi les groupes dirigés par des femmes qui figureront au festival cette année, il y a Tausi Women’s Taarab (Zanzibar), Asia adani (Soudan), Jackie Akello (Ouganda) et Lydol (Cameroun).
Sauti za Busara collabore également avec l’Académie de musique Dhow Countries (DCMA) de Zanzibar, pour donner aux musiciens de différents horizons, des occasions de se rencontrer et d’apprendre les uns des autres pour de rares collaborations musicales. « Ces compositions collaboratives ont lieu sur la scène principale sous le titre Swahili Encounters », explique-t-il.
« Swahili Encounters 2019 réunira des artistes de Zanzibar, de Tanzanie, du Kenya, d'Afrique du Sud, du Soudan, d'Égypte et d'Algérie. Le forum joue un rôle essentiel en offrant aux divers artistes de toute l'Afrique, des occasions de donner de nouvelles directions à la collaboration créative ».
Outre les concerts, il y aura également un carnaval et des occasions quotidiennes de réseautage entre professionnels de la musique, médias régionaux et internationaux, musiciens, directeurs des arts, techniciens et acteurs culturels, permettant ainsi au festival de devenir également la principale attraction touristique de l'île, stimulant ainsi l'économie de la région.
Mahmoud prédit que le festival se poursuivra longtemps dans l'avenir, grâce à l'intérêt de la communauté et aux nombreux soutiens qui le rendent possible.
À l'heure actuelle, l'État semble reconnaître sa valeur puisqu'il réduit les frais pour les artistes du festival, y compris les frais de visa d'affaires, chaque année.
« La sécurité du public est primordiale ; les forces de police et d'autres organes connexes sont sur le front pour s'assurer que les festivaliers accédent et quittent le lieu en toute sécurité », a-t-il déclaré.
Pour plus d'informations, visitez le site officiel de Sauti za Busara.
Cette 16e édition de Sauti za Busara est appuyée par l'ambassade de Norvège, l'ambassade de Suisse en Tanzanie et en Zambie, l'Union européenne, Africalia, l'ambassade de France, l'ambassade d'Allemagne, Pro Helvetia, Zanlink, Mozeti, Ethiopian Airlines, la chaîne de télévision africaine, Zanzibar Media Corporation, Music In Africa...
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