La harpe dans la musique centrafricaine
Ce texte nous plonge à la découverte d'un instrument vieux de plusieurs siècles : la harpe et son utilisation dans la musique centrafricaine.
- Harpe Centrafrique ( Photo ) : pinterest.fr
On pourrait à tout hasard dans les rues de Bangui, tomber sur des artistes tenant à la main un instrument à cordes séduisant, avec son design parfois très épuré. Ce fidèle compagnon des ménestrels banguissois des temps modernes, est appelé harpe.
Il s'agit d'un instrument de musique très répandu dans la sous-région d’Afrique centrale, qui a fait l’objet de tout un chapitre du livre les instruments de musique de Centrafrique au musée de l’Homme : Collections et collecteurs, écrit par une spécialiste française de la phonétique du nom de Suzanne Fürniss.
En Centrafrique, il existe 2 types de harpe dont on se sert pour accompagner certains rythmes traditionnels.
Le premier type qui est très répandu, a une petite caisse en forme de losange et un manche court se terminant par une sculpture anthropomorphique, représentant le plus souvent une femme aux cheveux longs. Cette harpe de 5 cordes est communément appelée kùndi en sango (langue nationale centrafricaine). C’est un instrument diatonique propre à l’ethnie Banda, qui propose très peu de variations dans les sons.
Le second type de harpe provient du groupe ethnique Nzakara. Avec sa caisse naviforme et son manche angulaire, le ndàlà comme on l’appelle, est une harpe très élégante, dont les moindres contours sont lissés avec finesse par les fabricants. Autrefois utilisée par des poètes appelés bayabia pour chanter la gloire des seigneurs Nzakara, cette harpe de 10 cordes qui est bien plus rare que la première, est toujours présente dans les grands spectacles de musique traditionnelle. Instrument chromatique, le ndàlà propose bien plus de variations que le kùndi et peut décomposer plusieurs gammes en arpège.
Le kùndi et le ndàlà ont traversé les âges et continuent d'être utilisés dans la musique centrafricaine. Avec les migrations, les brassages et les divers échanges commerciaux entre les peuples au cours de l'histoire, l'art de jouer la harpe qui était autrefois l'apanage des Banda et des Nzakara, s'est finalement répandu dans presque toute la République Centrafricaine. Certains artistes modernes comme l'abbé Judico, l'intègrent d'ailleurs dans leurs oeuvres et l'associent à des intsruments comme la guitare ou encore le piano.
Le kùndi et le ndàlà sont 2 magnifiques instruments de la musique traditionnelle centrafricaine. Ce sont également des œuvres d’art, qui portent en elles les traces de 2 civilisations qui se sont développées tout le long du fleuve Oubangui : les Banda et les Nzakara.
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