La musique populaire en Afrique du Sud
Par Rangoato Hlasane
En faisant l’inventaire de la musique populaire sud-africaine des trois dernières décennies, on court le risque de ne pas être totalement objectif et de faire des omissions involontaires. Le lecteur est donc invité à lire cet inventaire comme une liste non exhaustive. Pour avoir une vision plus complète de la musique populaire, vous pouvez également consulter le répertoire des musiciens de Music In Africa. Cet article décrit les quatre principaux genres de musique populaire durant les trois dernières décennies, ainsi que les tendances, artistes et albums les plus importants.
Bubblegum
La musique électronique des années 80 a été surnommée «bubblegum music », un terme qui sous-entend que cette musique était créée en masse comme un produit jetable. Les créateurs de ce genre de musique, nouveau pour l’époque, étaient fortement influencés par les sons américains, et préféraient le terme « disco » à « bubblegum ». La chanteuse Brenda Fassie est la grande star de ce courant musical. Originaire de la ville du Cap, Brenda a été emmenée à Johannesburg par le producteur Koloi Lebona. Elle a fait partie du groupe de Blondie Makhene avec lequel elle a enregistré en 1983 le hit « Weekend Special », sous le nom « Brenda and the Big Dudes ». Cette chanson marque le début de l'ère de la bubblegum music. Brenda a sorti plusieurs albums et chansons à succès comme Cool Spot, Touch Somebody, Higher and Higher et l’historique Black President.
La chanson « Umqombothi » chantée en 1988 par Yvonne Chaka Chaka a eu du succès sur tout le continent africain et au-delà. Chaka Chaka, affectueusement surnommée la « princesse africaine», a une personnalité charmante et une douce voix avec laquelle elle interprète des chansons entraînantes pour faire la fête et des chants de liberté plus mélancoliques. Parmi ces chansons, on compte «I’m In Love With A DJ» (1984) et «Caught Breaking The Law» (1988).
Sello " Chicco " Twala restera dans l'histoire comme la personne qui a sauvé dans les années 90 la carrière de Brenda Fassie, carrière qui s’est achevée à la mort de celle-ci en 2004. Chicco est également connu pour ses projets récents, tels que son partenariat avec DJ Walker Senyaka .Toutefois, la contribution la plus importante de Chicco a eu lieu dans les années 80, en tant qu'artiste solo et producteur d’artistes de musique populaire et gospel tels que Brenda, Yvonne, Chimora, Loading Zone, Dorothy Masuka, Benjamin Dube, Deborah Fraser et bien d'autres. Les chansons suivantes font partie des chansons de Chicco les plus connues : « We Miss You Maneló » (1987), «Papa Stop The War» (1990, avec Mzwakhe Mbuli) et« Modjadji » (1995). En 1998, il a produit pour Dr Philip Tabane le générique du populaire feuilleton télévisé « Muvhango ».
À la fin des années 80, certains artistes ont commencé à expérimenter des nouveaux sons qui donneront naissance au Kwaito des années 90. Senyaka est l'un des artistes clés qui ont influencé cette transformation. Il est surnommé le «parrain du rap africain» par certains, tandis que les autres le considèrent comme le pionnier du Kwaito. Ses chansons à succès incluent «Go Away» (1989), «Ma-Gents » (1993), «Mampara »(1995), « Fong Kong » (un duo sorti en 1998 avec Kamazu sous le nom Hunger Boyz) et« Chesa Mpama» (sorti en 1999 en collaboration avec DJ Walker). Ses chansons les plus récentes comprennent «Romeo O A Nkolota» (2001) et «Sawa» (2006).
Le défunt Spokes H fut un autre pionnier de ce nouveau genre. Il s’est fait connaître en 1987 avec «Tamati So ». Les paroles de ses chansons étaient franches et sincères, comme dans la chanson «Peace Magents» (1997) sur l'album Rafifi, et lui ont permis de se faire beaucoup de fans de tous âges. Il a également produit pour d'autres artistes, tels que Cee Bee du célèbre groupe «Home Boy » (1994).
Kwaito
Les musiciens et producteurs qui ont fait leurs débuts pendant l'ère «bubblegum» ont découvert les nouvelles musiques internationales telles que la house et le hip-hop, et maîtrisaient la production de la musique électronique. Dans les années 90, une nouvelle forme d’expression musicale apparaît qui est influencée par la house, le hip hop, la musique électronique et par le climat politique en ébullition. Ce mouvement musical va aboutir à la création du Kwaito.
En 1993, au moment de la sortie de la chanson Ma-Gents de Senyaka, les vedettes reconnues comme Brenda Fassie, ont senti venir un vent nouveau. La chanson de Senyaka, produite par le prolifique Mandla « Spikiri » Mofokeng, présageait que le rythme des années 80 allait être remplacé par un son nouveau. Sortie après Ma-Gents, la chanson Manyonyoba a introduit les lignes de basse qui caractérisent le Kwaito. Ce titre a été remixé en 1996 par Brothers of Peace (BOP) sur leur album à succès, King of Kwaito (Uyagawula).
BOP était un duo dynamique de producteurs qui a permis à de nombreux artistes Kwaito de connaître le succès. Leur premier album, Traffic Cop (1995), a été publié au même moment que l’album Sigiya Ngengoma du groupe Trompies. Lorsque Trompies a rejoint Kalawa Records pour former Kalawa Jazmee Records, le label a formé un groupe de production appelé Dangerous Combination Crew. Ce collectif a produit plusieurs tubes à succès pour des groupes de Kwaito tels que Boom Shaka, Bongo Maffin, Thebe, Alaska, Mafikizolo, Trompies et bien d'autres.
En 1993, le premier single de Boom Shaka, « Kwere Kwere » a eu un succès énorme dans le pays, malgré l’ambiguïté du thème de la chanson : il n’est pas clair si la chanson critique ou approuve la xénophobie [NdT. Kwere Kwere est un terme péjoratif qui désigne les étrangers]. Le groupe Boom Shaka, dont faisait partie feue Lebo Mathosa, est devenu l’un des groupes de Kwaito les plus importants. Ils ont travaillé avec plusieurs labels et sorti plusieurs albums à succès jusqu'à leur séparation en 1999. Leurs tubes incluent « Thobela » (1994), «It’s About Time » (1995), «Free» (1997), «Qcwala » (1997) et« Bambanani »(1999). À cette époque, Boom Shaka faisait partie du label Kalawa Jazmee, label auquel appartenait également le groupe Bongo Maffin.
Bongo Maffin, est un autre groupe important de l'écurie Kalawa qui s’est d'abord fait remarquer en 1996 avec un remake de la chanson « Hôtel California » du groupe américain The Eagles. Une rivalité amicale existait entre Boom Shaka et Bongo Maffin, et la chanson « Hôtel California » aurait été d’abord prévue pour Boom Shaka. Après « Hotel California », Bongo Maffin a sorti « Makeba » en 1996 qui a établi le groupe, composé de Thandiswa Mazwai, Appleseed, Speedy et Stoan, au rang de stars. Bongo Maffin a repris plusieurs anciennes chansons sud-africaines et a rendu hommage à travers sa musique au reggae, dance-hall, hip hop, soul et autres musiques de la diaspora africaine. Certains des tubes du groupe sont « Summertym » (1996), «Thath'i Sghubu » (1998), « Amadlozi » (1998) et « Mari ye Phepha »(2001).
Le label Kalawa a produit d'autres artistes dans les années 90 comme par exemple Thebe («Philly», «Sokoloko», «Ungawa Kum», «Lenyora» et «Bula Boot»), le groupe Alaska («Hosherr» et «Theresa») et Trompies («Sigiya Ngengoma», «Madibuseng», «Magasman », « Fohloza» et «Sweety Lavo »).
Arthur 'Mix Maestro' Mafokate est un autre pionnier de la scène Kwaito. Il a été à un moment déclaré le «roi du Kwaito ». Une de ses chansons les plus importantes est la controversée «Kaffir» (1995), suivie de «Oyi Oyi »(1997). Il a sorti plusieurs hits accompagnés de danses populaires. Mafokate est aussi un producteur et le fondateur de 999 Musique, une plate-forme qui a lancé plusieurs autres musiciens des années 90 et du début des années 2000, comme Abashante, Ismaël, Speedy, Nestum, Stitch, Zombo, Chiskop, Lira, New School, Makhendlas et d’autres. Danseur doué et chorégraphe, Arthur a introduit de nouveaux styles de danse tels que « Twalatza», «Mnike» et «Sika le cake».
Mdu Masilela est un autre potentiel candidat au titre de roi du Kwaito, mais beaucoup lui préfèrent plutôt celui de «parrain du Kwaito ». Mdu a appris le métier dans les années 80 aux côtés de Chicco Twala, Yvonne Chaka Chaka et Pat Shange. En 1989, il a collaboré avec Mandla Mofokeng pour former MM Deluxe, et ils ont sorti « Where Were You? » (1989). Mdu a fait équipe avec Sbu (le créateur des chansons « AmaLawyer » et « Monate Fela»), Pro et Magesh (du groupe Tkzee) pour former le groupe Mashamplani, groupe connu pour des succès tels que « Vokol as Niks »et «Hey Kop » en 1995. Après des désaccords sur les droits d’auteurs, le groupe s’est séparé. Mdu a alors formé Mashamplani 2, l'un des premiers groupes sur son label Mdu Records. L’artiste à succès Ma-Willies faisait également partie de ce label. Les plus grands hits de Mdu sont « Tsiki Tsiki » (1994), «YU4Me »(1995), «Ipompe » (1996), « Mazola » (1997) et «AmaBankbook » (1997).
Formé de l’ancien collaborateur de Mdu, Tokollo Tshabalala, Kabelo Mabalane et Zwai Bala, le groupeTkZee a envahi la scène avec son second album Palafala en 1997. Innovant au point de vue musical et lyrique, TKZee sort en 1998 le très populaire « Shibobo », dédié à l’équipe nationale de football avec la participation du joueur Benni McCarthy. Leur album Halloween est considéré aujourd’hui comme une œuvre d’art du Kwaito avec des tubes tels que « Dlala Mapantsula », « Magesh », « Mambotjie », et « We Love This Place ». Leur album TKZee Family Album offrent des collaborations avec des musiciens tels que Sbu, Gwyza, Loyiso Bala, le défunt Dr Mageu, et a produits des succès comme « Fella Ka », « Izinja Zam » et « Fiasco».
Vers la fin des années 90 et 2000, plusieurs membres clés des groupes de Kwaito se lancent dans des carrières solo comme Kabelo (du groupe TKZee, qui a sorti « Everybody watching » and « Rebel without a cause »), Mandoza (du groupe Chiskop qui a sorti 9115 Zola South, suivi de « Nkalakatha », tube qui a connu un franc succès), Lebo Mathosa (de Boom Shaka, dont la carrière a été récompensée d’un KORA et un SAMA Awards), Ishmael (du groupe Skeem et Prophets of da City), ainsi que tous les membres de Trompies, Abashante, Bongo Maffi et Mafikizolo.
Le Kwaito a lancé la carrière de plusieurs autres grands artistes et demeure populaire jusqu’à ce jour. Il est également important de mentionner des artistes comme Doc Shebeleza, le défunt Brown Dash, Mapaputsi, Mkekezeke, Mzambiya, Msawawa, Mshoza, Spikiri, Joe Nina, Skeem, Kaybee, Skizo, Sharon Dee, Chakaroski, Oda Meesta et Zola.
Afro-Pop
La scène musicale de la région, toujours en constante évolution, a commencé à montrer des signes de changement vers la fin des années 90. Au moment où le Kwaito commence à connaitre une renommée internationale, Brenda Fassie lance un nouveau style de musique Dance avec son album Memeza en 1998. Ce style sera appellée Afro-Pop. Suite à la sortie remarquée de cet album, d’autres groupes se sont mis à produire avec succès le même genre de son. Le trio Malaika, produit par le vétéran du Kwaito, Guffy, est apparu sur scène en 2003. Leur album éponyme leur a valu deux SAMA Awards (Artiste Le Plus Populaire et Chanson de l’Année) une année après sa sortie. Leur tube « Destiny » a consacré l’Afro-Pop comme un genre distinct du Kwaito. Pendant un certain temps, le succès de Malaika fut concurrencé par celui de Mafikizolo, le trio du label Kalawa Jazmee.
Mafikizolo apparaît à la fin des années 90 avec un son plus Kwaito. Mais cela change en 2000 avec leur titre ‘Lotto” (qui fait référence à la Lotterie nationale fraîchement lancée) sur l’album Loot et qui place Mafikizolo sur la scène internationale de Johannesburg à New York (grâce au remix de Lotto de Louie Vega, rebaptisé « Loot »). Leur album contient le titre « Majika » qui établit Mafikizolo comme les favoris du genre Afro-Pop. Leurs albums Sibongile (2004), Van Toeka Af (2005) et Six Mabone (2006) ont connu le succès à travers tous les groupes d’âge, notamment grâce aux références au style de Sophiatown des années 1950. Après s’être lancé dans des carrières solos et avoir vécu des tragédies personnelles, les membres du groupe ont reformé Mafikizolo. Reunited, leur dernier album sorti en 2013, prend un tournant « house » et inclut les tubes « Khona » et « Happiness ».
Pendant ce temps un autre groupe Afro-Pop venu de Cape Town a fait son apparition. Freshly Ground a apporté un mélange innovant d’influences et un ensemble varié de musiciens venus des quatre coins de l’Afrique du Sud. Leur album ‘Nomvula’ comprend des hits tels que « Doo Be Doo » et leur a permis de participer dans nombreux festivals à travers le monde entier. Ils ont également reçu un MTV Music Awards dans la catégorie Best African Act en 2006. Leur tube « Waka Waka (this time for Africa) » enregistré avec la star colombienne Shakira à l’occasion de la Coupe du Monde 2010 les a d’avantage propulsés sur la scène internationale.
De nombreux autres artistes Afro-Pop ont émergé durant la dernière dizaine d’années notamment Simphiwe Dana (Zandisile), Thandiswa Mazwai du groupe Bongo Maffin (Zabalaza). Mêlant la soul et le jazz avec des influences locales, Lira, Siphokazi et Zamajobe sont des chanteuses que l’on retrouve dans la même catégorie. La favorite du genre Afro-Pop actuelle est sans aucun doute Zahara dont l’album Loliwe (2011) s’est écoulé à plus de 100 000 copies en quelques jours seulement. Zahara (dont le vrai nom est Bulelwa Mkutukana) est signé par le label TS Records. Bien que le genre reste dominé par les artistes féminines, quelques hommes se partagent l’affiche comme Ntando, Robbie Malinga, MXO et Theo Kgosinkwe de Mafikizolo.
House
La célèbre station de Radio YFM a lancé les vagues de Kwaito et de house qui ont conquis le public. Cependant, bien avant cela, les Djs tels Christos, Vinny Da Vinci, Oskido, Glen lewis, Ganyani et Mbuso étaient les pionniers de la house locale. Déjà dans les années 80 et 90 la house internationale, en particulier celle venant de Chicago, domine dans les boîtes de nuit. C’est pendant le début des années 90 qu’est lancé la série de compilations Mixmasters par le label Cool Spot. Vers 1999, des sons de house pouvaient être entendu dans de nombreux morceaux de Kwaito tels que Words of Wisdom de Boom Shaka(1997) ou Concerto de Bongo Maffin (1998). D’autres hits importants sont HellRazor de Skizo et Bruce Sebitlo (1998) ainsi que DJs At Work de DJ Christos et Vinny (1998).
Dans les années 2000, les DJs ne mixent plus uniquement les tubes internationaux mais se mettent à produire leur propre son. La house locale a développé une sonorité distincte avec des influences africaines. Une sortie notable de cette période est « The journey » du groupe Revolution (2002). Pendant ces années, les artistes Kwaito continuent de passer à la house comme Life’Skoroskoro de Brother of Peace (2004) et Zabalaza. The Struggle Remixes en 2005 incorpore de manière créative une instrumentation live et une nouvelle direction house. Mahoota, l’ancien membre du groupe Trompies s’est lancé dans une carrière house avec succès sous le nom de Dj Vetkuk vs Mahoota.
Les années 2000 ont vu la prolifération de labels indépendants de house tels que Will of Steel de Dj Cleo, TS Records de DJ Sbu, Soul Candi de Dj Mbuso ou encore Afrotainment de Dj Tira, Big Dawg Productions (Dj Fresh, Soulistic Music de Black Cofee) et plein d’autres encore.
DJ Black Coffee a fait son apparition en 2005 et a contribué à asseoir l’Afrique du Sud comme hub international de la musique house. Black Coffee (aka Nkosinathi Maphumulo) est un producteur et musicien innovateur. Par exemple en 2013, il s’est produit live avec un orchestre complet pour son album Africa rising.
L’Afrique du Sud continue de bénéficier d’une production intarissable et de qualité de musique house. Le Kwaito et l’Afro-Pop demeure populaire tout comme les autres genres tels que le Reggae et le Hip-Hop. La musique Pop peut être entendue dans tous les recoins du pays avec de nombreux sous-genres qui émergent tout le temps, par exemple la percussion lourde ‘Sqhubu sa Pitori’, le son house de Pretoria (Soshanguve, Garanguwa et Atteridgville), le nouveau son Kwaito de Durban, le son numérique hyper-rapide de la marimba de Tsa Manyolo dans le Limpopo, les raps rythmiques de Motswako (hip-hop produit en Setswana, une des langues locales) par des artistes tels que Hip Hop Pantsula (HHP) et Khuli Chana dont l’album Lost in Time a été récompensé par deux SAMA dans la catégorie Meilleur Album Rap et Artiste Masculin de l’Année en 2013.
Il y a également une nouvelle vague d’artistes qui osent défier les genres et les attentes tels que Brother Moves On, BCUC (Black Consciousness Uhuru), Blk Jks, Impande Core, The Soil, Dirty Paraffin, Spoek Mathambo, Toya de Lazy et Camagwini. Ces artistes, en compagnie des autres producteurs et DJs qui connaissent le plus de succès commercial, sont en train de poser les bases de la future musique populaire sud-africaine et contribuent à sa renommée internationale.
Pour en savoir plus:
Baffoe, K & Maphalla, S. 2013. ‘Sound Business: How an Empire was Built on House Music’. Destiny Man, pp. 34-40
Gqola, PD. 2013. A Renegade Called Simphiwe. MF Books Joburg.
Kaganof, A. 2006. ‘The Kwaito Story: Lebo Mathosa’ <http://kaganof.com/kagablog/2006/09/24/the-Kwaito-story-lebo-mathosa-interviewed-by-aryan-kaganof/>
Mojapelo, M. 2008. Beyond Memory: Recording the History, Moments and Memories of South African Music. African Minds.
Sosibo, K. 2013. ‘Kwaito 2.0: The House that Durban Built’. The Con <http://www.theconmag.co.za/2013/07/10/Kwaito-2-0-the-house-that-durban-built>
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