Hommage : Docteur Nico Kasanda, éternelle icône et génie de la musique congolaise
Après une vingtaine d'années de carrière riche en intensité, en souvenirs et en émotions, Docteur Nico repose en paix depuis le 22 septembre 1985.
Cette icône de la musique congolaise a marqué son temps en étant parmi les guitaristes les plus talentueux, mais aussi parmi les pionniers du soukous, un style musical très prisé dans les années 60 au Congo-Kinshasa et au Congo-Brazzaville.
Aujourd'hui, 37 ans après sa disparition, nous revenons sur les traces de sa fulgurante carrière pour lui rendre hommage.
La naissance d’une légende
Nicolas Kasanda wa Mikalay (1939-1985) dit « Nico Mobali » puis « Docteur Nico» savait bien s’y prendre pour soigner les âmes et faire danser les chœurs à travers sa mélodie. L'Afrique en général n’a que très rarement connu des guitaristes possédant un tel niveau de maîtrise de leur instrument. Il fut l'icône de toute une génération.
À l’âge de 14 ans, il commence à jouer au sein du groupe African Jazz, mené par Joseph Kabasele (Grand Kalle). Il y devient l’un des guitaristes influents et enregistre son premier 45 tours comme soliste du groupe. Moussa Benatar, l’un des 2 promoteurs de la maison de production musicale de African Jazz remarque son immense talent et lui offre sa première guitare.
En 1963, l’African Jazz se dissout et 3 ans plus tard, Dr. Nico et Tabu Ley Rochereau fondent le groupe African Fiesta . Les 2 stars finissent aussi par se séparer en 1965, fondant chacun son propre groupe : d’une part, l’African Fiesta International de Tabu Ley et d’autre part, l’African Fiesta Sukisa de Dr. Nico.
Il faudra attendre les années 1970 pour que l’African Fiesta Sukisa connaisse un immense succès en devenant l’un des groupes les plus populaires de la scène musicale congolaise. Des morceaux tels que « Bougie ya motema », « Ngalula », ou encore «Marie Pauline » ont fait les beaux jours des mélomanes des deux Congo.
Une passion vorace pour la guitare
Au début des années 60, la guitare électrique avait atteint un âge d'or dans son évolution en tant qu'instrument de musique. En conséquence, le monde était sous le charme des guitares électriques. En Afrique, le Dr Nico a été l'un des acteurs clé qui a établi une place prépondérante pour la guitare électrique dans la musique populaire du continent.
Il a joué un rôle majeur dans la création du style unique à trois guitares entendu dans la rumba congolaise et les genres y associer tels que le soukous. Alors que la musique rock, country et d'autres styles américains ont généralement deux guitares - solo et rythmique - la musique de danse africaine ajoute également une troisième guitare, jouant ce qu'on appelle mi-solo, ou "demi solo".
En fait, le Dr. Nico était l'un des deux grands guitaristes congolais. Son plus grand rival était Franco Luambo Makiadi, leader du groupe TPOK Jazz. Il avait également accompli de belles choses au cours de sa carrière. Tous les deux étaient des artistes innovants et très passionnés.
Son savoir-faire a été remarqué par les plus grands
La légende américaine de la guitare Jimi Hendrix (1942-1970) qui est jusqu’à ce jour toujours considéré comme le plus grand guitariste de tous les temps, avait entendu parler de la magie des doigts de Dr. Nico. Lors de son passage à Paris durant l'une de ses tournées, il souhaitait rencontrer le guitariste congolais personnellement afin de voir par lui-même l’une de ses prestations tellement il en a entendu parlé en bien...
En 1960, la République démocratique du Congo s'est libérée de la domination coloniale belge. Le peuple devait célébrer sa libération. Le Dr Nico a aidé à forger la bande originale de cette soirée devant plusieurs hôtes en jouant à la guitare sur le single emblématique « Indépendance Cha Cha». Souvent considérée comme le premier disque à succès panafricain, la chanson a contribué à populariser la rumba congolaise.
Il se retire de la scène musicale vers le milieu des années 1970 à la suite de la faillite de son label musical belge avant de mourir le 22 septembre 1985 à 46 ans, à l’hôpital St-Luc, en Belgique. C’est à juste titre qu’il était surnommé le ‘dieu de la guitare’. Son immense talent est encore aujourd’hui célébré par de nombreux guitaristes et artistes du continent.
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