Awa Ly : « 2020 sera Safe and Sound »
Chanteuse de talent toujours en quête de profondeur dans son écriture, Awa Ly fait partie des perles sénégalaises qui brillent en diaspora.
L'auteure de l'album Five and Feathers (2016) prépare la sortie d'un tout nouveau disque, Safe and Sound. Elle a accepté de nous en parler dans cet entretien exclusif.
Bonjour Awa, votre nouvel album sort très prochainement ; voulez-vous nous en parler ?
Bonjour Jean ; la date de parution officielle de l'opus a été annoncée il y a quelques jours, ce sera pour le 20 mars 2020.
Un premier extrait, « Close your eyes » a été mis en ligne dernièrement. Un autre, « Mesmerising », sera également disponible avant la sortie du disque.
Les deux clips ont été tournés ici à Dakar (Sénégal), car cette ville est intimement liée à l'histoire de la création que j'ai baptisée Safe and Sound.
L'album est composé de 12 chansons.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi Safe and Sound est « lié à Dakar » ?
Il s'agit d'un lien au niveau de l'image, car le pittoresque décor de Dakar a enrichi les clips qui ont été tournés par une maison de production locale dénommée Iris, tenue par la famille Ba.
L'album est essentiellement écrit en anglais, mais sa musique est également influencée par des sonorités du terroir. Il faut dire que ça reste du « Awa Ly », ni totalement de l'afro pop, du soul ou du jazz, mais un mélange de tout cela, avec des bribes de musiques tribales africaines.
Quelles sont les principales thématiques abordées dans Safe and Sound ?
Safe and Sound traite d'une pluralité de sujets. Le premier extrait par exemple, « Close your eyes », qui est en ligne sur YouTube, rend hommage à Alaa Salah, une femme forte, figure iconique de la révolution soudanaise. « Mesmerising » qui sera bientôt disponible, se veut un peu plus envoûtant et méditatif.
Safe and Sound est comme une séance chamanique, un long voyage qui invite à l'introspection. Il nous demande de nous poser un peu et de nous interroger sur qui nous sommes, ce que nous voulons vraiment et sur notre rapport à l'autre ainsi qu'à l'environnement.
J'y propose des refrains et des tournures très hypnotiques, pour captiver celui qui écoute et lui rappeler l'importance de l'amour de soi. Pour percevoir la réalité autour de nous telle qu'elle est et espérer changer les choses, il importe pour moi de se connaître et s'aimer soi-même.
Inutile de rappeler que notre monde a besoin d'être soigné et cela commence en nous-mêmes. Il nous faudrait pour cela dépasser nos désirs fugaces et tout ce qu'il y a de superficiel dans nos visions, pour pouvoir au moyen d'une méditation profonde, donner du sens à notre passage sur cette terre.
Les plus chanceux peuvent vivre 100 ans ou un peu plus, mais face à l'infinité du temps, notre existence est très brève, ce serait dommage de ne pas marquer notre passage. Il n'est pas ici question d'être un super héros ou de réaliser de très grandes choses, mais simplement de donner un sens à sa vie et laisser du positif à cette planète.
Safe and Sound, mon titre indique qu'il faut rechercher la quiétude en musique.
Y a t -il eu des collaborations sur votre opus ?
Je dois dire que je suis comblée sur ce point ! Que ce soit Delgrès ou Arthur H, l'auteur Piers Faccini, la talentueuse batteuse Anne Paceo ou encore le guitariste Moh ! Kouyaté, tous ceux avec qui j'ai travaillé se sont donnés avec une rare générosité.
Ils m'ont offert leurs talents avec génie et simplicité. Nous n'étions animés que par l'esprit de l'art, cette envie dévorante de se rencontrer et partager.
Ciblez-vous aussi le public sénégalais avec votre création ?
Atteindre le public sénégalais est un travail de longue haleine pour moi. Je ne propose pas un contenu très à la mode ou commercialisable ici, mais j'ai un public de plus en plus grandissant, je reçois des messages de soutien depuis le Sénégal et cela me fait énormémement plaisir.
Je veux vraiment que ma musique soit connue et appréciée au pays de la Teranga. Ce n'est pas pour rien que j'y reviens toujours et grâce à vous, les médias, j'arrive à me faire découvrir un peu plus et je me rends toujours disponible quand il faut chanter quelque part, que ce soit au Saint-Louis Jazz, à L'Institut Français ou à la Cave du Djoloff où j'ai fait un de mes tous premiers concerts.
Tant que les gens voudront m'écouter, je serai disponible.
Suivez-vous ce qui se passe sur la scène sénégalaise ?
Oui j'observe de loin ! Je ne consomme pas assidûment le mbalakh qui est la musique la plus populaire, mais j'essaie comme je peux, d'écouter ce qui sort du Sénégal.
J'étais d'ailleurs au concert de Youssou N'Dour il n'y a pas longtemps, et j'étais comme souvent, subjuguée par la prestance et la voix de cet immense artiste. Malgré son âge, il s'amuse, fait ce qu'il aime et communie parfaitement avec son public.
J'aime également Baaba Maal, Ismaël Lô et Omar Pène que j'entends moins, et bien sûr dans la sphère hip hop, l'impressionnante formation Daara J Family qui fait partie des groupes que j'écoute le plus.
Il y a également Sahad dont je suis admirative du travail et avec qui j'aimerais beaucoup collaborer. J'ai dernièrement joué avec Kemit et découvert la rappeuse Moonaya qui est incisive et avec qui je suis passée sur le plateau d'une émission télévisée de la RTS.
Nous avons tellement de talents au Sénégal, je dis cela, sans citer des artistes comme Ablaye Cissoko ou encore Cheikh Ndoye que j'ai également eu à côtoyer. Je voudrais créer encore plus de connexions artistiques avec la scène locale.
Hormis la sortie de l'album, quels sont vos autres projets pour cette année ?
Je dois bientôt rentrer sur Paris (France) et j'y serai en résidence pour préparer le spectacle de Safe and Sound. Je dois faire la promotion de l'opus en France et en Allemagne au cours des prochains mois.
Disons que 2020 sera une année Safe and Sound, parce que tout ce que je prévois de faire tourne essentiellement autour de l'album.
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