Daniel Gomes : « la Sodav aurait pu avoir les moyens d'atténuer la crise qui va frapper les musiciens »
« Force Covid-19 », c'est le nom du fonds de solidarité que le gouvernement du Sénégal va mettre en place pour soutenir les secteurs affectés par la pandémie du coronavirus. Problème, le secteur culturel semble avoir été occulté.
Pourtant, en début de semaine, l'Association des métiers de la Musique (AMS) demandait un fonds solidaire pour aider les professionnels de la musique à traverser la crise qui se profile. Nous avons demandé au président de l'AMS, Daniel Gomes, pourquoi l'État ne semble pas avoir saisi leur cri d'alarme et quelles solutions ils envisagent pour mieux se faire entendre.
Bonjour, Mr Gomes, comment réagissez-vous à l’annonce de la mise en place du fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 par l’État du Sénégal ?
Bonjour Mr Ba, nous saluons cette décision qui soulage la population. La solidarité nationale est primordiale en ces moments sombres. Il est heureux de constater que l'État fait tout son possible pour protéger ses citoyens. Les couches les plus vulnérables de notre société doivent particulièrement être rassurées, et contrairement aux idées reçues, le secteur culturel en fait partie.
Dans la semaine déjà, vous preniez les devants en réclamant la mise en place d’un pareil fonds pour la musique, votre cri du cœur ne semble pas avoir été entendu ?
Nous pensons qu'il a été noyé dans un flot de préoccupations et d'inquiétudes émanant de toutes parts et qui a constitué un véritable casse-tête pour nos autorités. Dans des cas pareils, on a tendance à occulter ceux qui nous sont les plus proches. C'est pour cela que nous jugeons utile de tirer à nouveau sur la sonnette d'alarme afin que nul ne soit oublié.
Que comptez-vous faire pour que le secteur culturel en général et musical en particulier soit pris en compte ?
Il est de notre ressort, acteurs et autres organisations professionnelles, d'alerter l'État et l'opinion publique sur tous les dégâts collatéraux imputables à la pandémie. Nous nous concertons afin que nous puissions, d'une seule voix, informer et sensibiliser sur les risques qu'encourt aussi notre secteur au même titre que les autres.
Au-delà, c’est le problème du statut de l’artiste qui est posé ici, que faire de plus pour que les plaidoyers, les multiples travaux soient enfin effectifs ?
Nous espérons que nous allons rapidement sortir de ce cauchemar imposé par la situation actuelle. Les choses ont bien avancé en ce qui concerne les travaux sur la proposition de texte portant statut de l'artiste et autres professionnels de la culture.
L'AMS se préparait à abriter un atelier national du 24 au 26 mars pour discuter sur nos propositions d'accompagnement avec nos partenaires que sont le ministère de la culture, le ministère du travail, la direction des impôts et domaines, la caisse de sécurité sociale, la mutuelle de santé des acteurs culturels, la commission culture de l'Assemblée nationale, la Sodav, la Fim, le Bit, L’UNESCO, les employeurs sensibles à la condition des acteurs du secteur et les principaux responsables des organisations professionnelles.
Il s'agissait de plancher sur un système de rémunération juste et une protection sociale durable de nos artistes et autres professionnels de la culture, ce qui va bien au-delà de la musique. Malheureusement le syndrome viral est passé par là et ces travaux sont repoussés à une date que nous ne saurions définir pour les raisons que vous savez.
Nous espérons de tout cœur les reprendre très bientôt car toutes les conditions étaient réunies pour que nous aboutissions à de véritables solutions en 2020. Cependant, nous ne restons pas les bras croisés et multiplions les concertations sectorielles pour anticiper sur les propositions concrètes émanant de toutes les parties prenantes.
Hormis le fonds de solidarité que vous appelez de vos vœux, n y a-t-il pas d’autres pistes à explorer pour faire face à la crise que va traverser le secteur et rendre moins précaire le secteur artistique qui ne l’est déjà que trop ?
Les pistes sont minces. Néanmoins, nous exhortons le ministère de la culture à tout faire pour que les décisions issues des travaux de la commission copie privée soient actées et mises en œuvre. Nous accusons 12 ans de retard quant à l'application de cette loi. Si cela avait été fait en son temps, la Sodav aurait pu avoir les moyens d'anticiper sur ce qui risque de nous nuire dans les prochains jours.
Les plus nantis d'entre nous doivent aussi aider leurs congénères vulnérables avec la même promptitude eut à l'égard des services sanitaires nationaux.
En attendant, nous pouvons tous mettre à profit cette pause forcée pour booster les projets créatifs, organisationnels et structurels. Cela constituera notre trésor de guerre pour booster l'économie issue de la culture. Nous avons foi que cela se passera dans un futur très proche. Prenons soin de nous et de nos familles !
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