La musique rap au Cap-Vert
Apparu dans les années 70, le rap a touché le monde entier, bien qu’étant un pays fortement ancré dans les traditions culturelles, notamment musicales, le Cap-Vert n'a pas été en reste.
Le rap est arrivé au Cap-Vert en 1994, notamment grâce à Boss AC qui est l’un des premiers artistes rappeurs du pays. Angelo César Do Rosario Firmino, de son vrai nom, a contribué à la visibilité du rap cap-verdien sur les scènes internationales, notamment au Portugal mais aussi aux États-Unis.
Boss AC est l'auteur de plusieurs albums dont le premier, Mandachuva, qui est sorti en 1998. Sa plus récente production, A vida continua, a été dévoilée en 2018. Artiste établi, il a developpé des collaborations musicales en tant que rappeur mais aussi producteur avec des artistes tels que De La Soul, Akon et des rappeurs angolais comme Gutto.
Le deuxième artiste pionner du rap au Cap-Vert fait son entrée sur scène en 1994. Sur l’instrumental du morceau « Loungin » de LL Cool J, Eddy Fort Moda Grog présente sa première chanson « Materialista », en rappant en créole. Il sort cette année là également sa cassette, CouNtDown.
Suite à ce succès, Eddy Fort Moda Grog rencontre d’autres artistes rappeurs qui partage sa vision tels que Nouba, Jay B et bien d’autres. Ensemble, ils décident de créer un groupe de rap en 1995, Cabo Funk Alliance. Ils sortent deux albums la même année dont l’un en anglais (Cabo Alliance) et le deuxième en créole (Hoje È Quel Dia).
Boss AC et Eddy Fort Moda Grog restent les deux artistes, pionniers de la scène musicale rap et hip hop du Cap-Vert.
En 1998, le groupe La MC-Malcriado est né. Il est composé des artistes franco cap-verdiens Stomy Bugsy, Jacky Brown, des Neg' Marrons, Izé, et Jpax, qui chantent leur attachement à leur pays et affirment qu’ils sont aussi des « fidju di kriolu », qui se traduit par « les enfants du créole », autrement « les enfants du Cap-vert ».
La MC Malcriado contribue très fortement à promouvoir la richesse musicale, rythmique et culturelle des îles du Cap-Vert. À travers leurs hits, Ils permettent aux Cap-Verdiens de la diaspora de se reconnecter à leur pays. Ils produiront deux albums qui rendent hommage à leur culture et prônent l’unité des pays africains lusophones sur les rythmes de coladeira, funana et souvent de morna.
Le premier album Nos pobreza ke nos rikéza (Notre pauvreté est notre richesse) est sorti en 2006. Le second Fidju di kriolu est publié en 2011. Les deux albums sont sortis chez Lusafrica.
Il existe des rappeurs old-school du Cap-Vert qui eux, sont beaucoup plus classiques. Ils s’inspirent des instrumentaux américains pour dénoncer les maux de la société. Ce sont des rappeurs conscients, qui adressent des messages à l’État, ou cherchent à redonner de l’espoir à la population cap-verdienne.
Le rappeur Hélio Batalha en est un parfait exemple. Étudiant et MC, Hélio évoque souvent le développement du Cap-Vert dans ses textes. Il cherche à aider la jeunesse à accroître son intérêt pour la politique, en la conscientisant sur ses droits et devoirs de citoyen. Il a à son actif, deux mixtapes qui dénoncent la gestion du gouvernement ainsi que la politique politicienne.
Son objectif en tant qu’artiste rappeur et MC, c'est de défendre la liberté d’expression en redonnant la voix à la jeunesse de son pays.
Hélio Batalha rappe principalement en créole et s’est déjà produit sur la scène du salon Atlantic Music Expo, qui lui a d'ailleurs permis d'asseoir sa notoriété et de collaborer avec une des voix montantes de la musique cap-Verdienne, Elida Almeida.
Batchart est aussi un rappeur/activiste. À travers sa musique, il veut aider la jeunesse Cap-Verdienne à comprendre et à partager ses opinions sur les faits de sociétés et la situation économique du pays. Ses messages sont principalement dédiés à la conscientisation des jeunes, qui se doivent de réaliser qu’ils ont le pouvoir de choisir leurs dirigeants.
Tout comme Hélio, Batchart dénonce le système économique et politique oppressant à travers sa musique. Il cherche également à reconnecter l'État insulaire du Cap-Vert au reste du continent Africain.
Parmi les rappeurs old school, il y a Pericle du groupe Rapaz 100 Juiz, qui fait office de doyen du rap conscient. Présent sur scène depuis 1996, PNC, de son nom de scène, est le porte-parole de la communauté défavorisée du Cap-Vert. Il est la voix du ghetto, qui dénonce les inégalités sociales.
Grâce à son disque Voz di Vozis, il a remporté en 2015, le prix de l’album de l’année au CVMA, l’équivalent des Victoires de la musique au Cap-Vert.
Cette victoire indique la position du rap et du hip hop, qui sont bien appréciés sur l'ïle, à l'instar des autres genres comme la kizomba, le funana ou encore la morna.
Les rappeurs new-school apportent une nouvelle touche au Cap-Vert. Ils ont réussi à associer à leur art, les rythmes locaux, notamment les sonorités plus ambiancées du kizomba.
Elji Beatzkilla est un des artistes célèbre du rap new school. Également compositeur et arrangeur, Il a su imposer un style moderne, en proposant des sonorités rap, alliées aux rythmes funana, coladeira et souvent kizomba. Depuis 2010, Elji est l'un des artistes les plus en vue de la scène rap cap-verdienne.
Avec 3 albums, dont Milligan en 2018 et une dizaine de singles, il rappe entre autres sur la beauté des îles du Cap-Vert et de sa culture.
Elji a fait son entrée sur la scène musicale avec le kizomba. En composant l’instrumental « Dança Kizomba » en 2014, il a développé un style afro house singulier, sur lequel il rappe désormais. Il a ouvert la voie aux autres beatmakers, qui ont su modeler ce genre avec beaucoup de créativité.
Le rap au Cap-Vert regorge également de talentueux beatmakers, qui proposent des compositions de haute qualité tels que Neto Furtado et Sureno beatz.
Neto Furtado s’inspire de la kizomba et des danses latines africaines tels que la semba (genre musical de l’Angola), pour créer sa musique. Etant que compositeur et collaborateur d'Elji Beatzkilla, il s'inscrit lui aussi dans ce nouveau style, qu’ils contribuent ensemble à populariser au Cap-Vert.
Cette nouvelle génération de beatmakers et rappeurs n’hésite pas à innover, faisant souffler un vrai vent de fraîcheur sur la scène musicale nationale et particulièrement celle du rap.
Présent au Cap-Vert depuis environ 25 ans, le rap est peut-être encore un peu timide et plutôt masculin, mais il ne manque certainement pas d'atouts, à l'instar de la nouvelle génération de ses adeptes, qui ose des fusions avec les dernières tendances musicales, afin de créer un genre dynamique et typiquement cap-verdien.
Liens :
- https://www.bossac.com
- B. Lavaine (2011), La MC Malcriado, apôtre de la double culture, https://musique.rfi.fr/actu-musique/mc-malcriado-apotre-double-culture
- @bouboudacreator (2019), La musique urbaine au Cap Vert - Reportage à l'Atlantic Music Expo, https://www.oklm.com/video/la-musique-urbaine-au-cap-vert-reportage-a-latlantic-music-expo/
- C. Siar (2017), Spéciale hip-hop capverdien (1), https://musique.rfi.fr/emission/info/couleurs-tropicales/20170119-speciale-hip-hop-capverdien-1
- Y Nur (2019), Au Cap Vert, le hip hop est devenu une arme contre les problèmes sociaux, https://mixmag.fr/feature/au-cap-vert-le-hip-hop-est-devenu-une-arme-contre-les-problemes-sociaux
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Édité par Lamine BA
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