La musique live en Afrique du Sud
Par Jonathan Shaw
La musique Live est un art du spectacle. L’industrie de la musique Live utilise des ressources pour produire un spectacle pour un public, soit dans un but lucratif soit dans un but non lucratif. Ces spectacles peuvent être, par exemple, des récitals de musique classique dans les auditoriums, des concerts exécutés par des groupes de rock dans de petites salles et des groupes de kwaito se produisant en scène dans des festivals en plein air.
La filière des spectacles musicaux Live intègre tous les acteurs et toutes les activités requises pour monter un spectacle réussi. Dans sa forme la plus simple, cette filière est composée de l’interprète et du lieu de spectacle. Dans une filière plus complexe, l'interprète est sécurisé par le promoteur de l'événement, par le biais de son manager/agent artistique. Le secteur emploie également d'autres personnes telles que les road managers/tourneurs, des techniciens, des ingénieurs de son et lumières, le personnel de sécurité ainsi que les vendeurs de billets et les portiers … .
L’industrie de la musique Live peut être appréhendée en termes d’une industrie musicale plus large comprenant également l’édition et la production. Les médias musicaux et la musique publicitaire en font également partie. Un musicien effectue des tournées et se produit en Live pour promouvoir un nouvel album. Avec le passage à la musique digitale pendant que le disque traditionnel perd du terrain, les artistes utilisent de plus en plus l’enregistrement comme moyen de promotion de leurs spectacles. Le domaine de la production pourrait voir ses revenus augmenter grâce aux droits d’auteur perçus sur les enregistrements utilisés pendant les concerts, principalement les accompagnements sur lesquels les artistes jouent et chantent.
Il faut noter que les performances d’une musique et celle d'un instrument sont deux choses différentes. Dans le domaine de l'édition musicale, les éditeurs et les compositeurs de musique sous contrat sont rémunérés grâce aux droits d’auteurs. Le reste du groupe n’y a pas droit. Ceci n'est, pour un éditeur, qu'un moyen parmi d’autres d’avoir des revenus.
La scène de la musique Live en Afrique du Sud
Le domaine de la musique Live en Afrique du Sud combine des espaces informels de spectacles, tels que les rues et autres lieux publics, ou des zones qui accueillent volontairement des concerts en Live (comme les restaurants, les hôtels ou les pubs), et des espaces plus formels tels que des salles de concerts y réservées, des stades pour des évènements à grande échelle et des festivals annuels. L’Afrique du Sud n'a pas beaucoup de lieux spécialisés qui répondent correctement au besoin des spectacles de musique. Les lieux informels sont fréquemment utilisés car il y a peu de salles de taille moyenne lesquelles sont préférées par les promoteurs en raison de leur rentabilité.
Le nombre de spectateurs aux concerts de musique Live en Afrique du Sud augmente d'année en année, selon un sondage effectué par la SAARF (South African Audience Research), une fondation sud-africaine de recherche. Alors que le nombre de petites salles de spectacles a diminué de 2007 à 2012, le nombre de concerts dans les grandes salles a par contre augmenté. Les festivals sont devenus en Afrique du Sud un élément- clé de la scène musicale locale et ont tendance à attirer un public large et varié. Les grands festivals ont lieu dans les différentes provinces du pays. On peut citer : Joy of Jazz dans le Gauteng, the Cape Town International Jazz Festival dans la province du Cap-Occidental, ainsi que Oppikoppi dans la province de Limpopo.
Pour les nouveaux artistes ou groupes, des compétitions comme « Battle of the Band » offrent aux gagnants un prix avec l’éventualité de pouvoir subséquemment se faire mieux connaître du public au cours des festivals, par exemple. L'Internet offre une foule d’informations sur les festivals musicaux et les différents points de vente de tickets donnent également plus de détails sur les événements à venir.
Malgré les opportunités, l'Afrique du Sud n'a pas de circuit national établi et consacré à la musique Live que les artistes peuvent suivre à travers le pays. Bien que ce circuit soit sûrement en train de se développer, il risque de se scinder selon des critères raciaux. Des ressources importantes sont nécessaires pour rendre un tel circuit viable. De plus, il n’existe aucune possibilité de carrière pour des musiciens Live. Les évènements musicaux sont saisonniers et ont tendance à se produire plus fréquemment durant l'été, période durant laquelle ils peuvent avoir lieu en plein air et le public plus disposé à y participer. Le gouvernement sud-africain sponsorise occasionnellement des événements Live avec différents artistes, surtout lors des jours fériés.
Les formalités de contrat avec les espaces de spectacles varient. Les lieux informels, en général, ne font aucune promotion d'événements musicaux, alors que les salles de spectacles ont mis en place un système de marketing. De même, les lieux dits informels fonctionnent plus souvent sur base d’arrangements verbaux et ne fournissent que très peu de matériels aux artistes voire pas du tout. Dans beaucoup de cas, les artistes doivent emmener leur propre équipement.
Le domaine de la musique Live fait face à des nombreux défis. Il a toujours été affecté par la ségrégation et les lois d’apartheid en vigueur à l’époque. Ces désavantages historiques sont encore présents dans le paysage sud-africain actuel de la musique Live. Les communautés noires ont souffert d'un manque d’espaces de spectacles pour la musique Live, alors que les zones traditionnellement réservées à la communauté blanche ont plus de lieux consacrés au divertissement et à la musique. Un autre héritage de l’apartheid est la difficulté dans les transports publics entre les régions traditionnellement blanches et noires. L’éducation à la musique a été largement négligée par les autorités de l'apartheid, laissant de nombreux musiciens noirs se former seuls, ce qui a entravé le développement des concerts Live.
En raison d'une combinaison de facteurs historiques et contemporains, les musiciens professionnels sont souvent pauvres et ont besoin d’exercer un autre métier pour subvenir à leurs besoins. Les opportunités de carrière sont rares pour les musiciens, bien qu’elles existent. L’accès au financement est difficile, en particulier pour les artistes en solo et les groupes. Les orchestres ont besoin de l’aide des fonds publics et privés afin de couvrir de manière adéquate leurs coûts opérationnels. Les concerts de musique classique sont, en général, organisés sous les auspices des orchestres régionaux ainsi que des universités. Les chorales, ayant une histoire riche en Afrique du Sud, sont significativement présentes. Il en existe des milliers quoiqu’elles offrent rarement un emploi à temps plein.
Les salles de concert en Afrique du Sud
Il existe des salles de concerts de musique Live dans toute l'Afrique du Sud qui se distinguent en fonction de leur qualité sonore, de la taille de leur public et de leur potentiel lucratif. La ville du Cap possède une scène Live particulièrement dynamique, probablement plus dynamique que celle de Johannesburg. De plus, Cape Town possède des salles de concerts bien équipées et organise de grands festivals. Parmi les principales salles de Cape Town, il y a Zula Sound Bar, Mercury Live et The Assembly. A Johannesburg, les endroits connus offrants la musique Live sont The Bassline, Tanz LiveCafé, Rumours, Back2basix et Katzy, ainsi que Tings n'Times dans les environs de Pretoria. A Durban, la musique Live se joue dans les endroits suivants : Live - The Venue, The Rainbow et Jazzy. De plus, à Johannesburg, les complexes comprenant des salles de spectacles et des casinos, tels que Gold Reef City, Carnival City et Emperors Palace, offrent souvent de la musique Live. The Barnyard Theatre est une chaîne de salles de spectacles que l’on retrouve à travers tout le pays et qui propose souvent des concerts et divers spectacles de cabaret. Pour plus d’informations, veuillez consulter notre répertoire de salles de spectacles et évènements.
Par ailleurs, Moshito et Mmino ont réalisé une cartographie du secteur de la musique Live locale. D’après leurs résultats, il y a à peu près 40 festivals tenus chaque année en Afrique du sud et il existe 60 salles de concerts permanentes. La province du Cap-Occidental regroupe le plus grand nombre de salles de concert, tandis que la province du Nord-Ouest possède le moins de salles de concert. La musique locale (pop, jazz et rock) est la plus populaire.
Aide disponible pour les artistes
Le Conseil National des Arts (NAC) possède plusieurs options de financement disponibles pour aider les artistes musicaux et les festivals. Les gouvernements provinciaux offrent également des subventions. Par ailleurs, des organisations étrangères telles que Pro Helvetia, British Council et l’Institut français d’Afrique du Sud (IFAS) offrent un soutien financier aux artistes locaux. Ceux-ci peuvent également chercher des sponsors auprès des entreprises sud-africaines. Business and Arts South Africa (BASA) est une organisation qui offre plusieurs possibilités de financement.
Les associations qui peuvent intéresser celui qui est dans le secteur de la musique Live en Afrique du sud sont les suivantes : South African Music Promoters Association (SAMPA), Technical Productions Services Association (TPSA), South African Roadies Association (SARA) et la Creative Workers Union of South Africa (CWUSA). Les autorisations pour organiser des concerts Live s’obtiennent auprès de l’organisation sud-africaine des droits de la musique (SAMRO).
Le rôle de la musique Live dans le secteur de l'économie
La valeur économique de l’industrie de la musique Live en Afrique du Sud peut être estimée à l’aide de deux données principales. La première est le montant dépensé par le public dans les concerts et dans les festivals. PriceWaterHouseCoopers (PwC) donne ces chiffres dans son rapport annuel intitulé Entertainment and Media Outlook. En 2012, le montant s’élevait à 928 millions de rands, avec 34 millions de rands fournis par des sponsors. La recherche de PwC démontre que les dépenses du public dans les concerts et festivals ont continué d’augmenter depuis 2007.
Cependant, les chiffres de PwC ne donnent pas d’information à propos des concerts dans les boîtes de nuit et autres lieux où se déroulent des spectacles musicaux. Une façon plus globale d’estimer les revenus dans le domaine est d’utiliser les résultats de l’étude conduite par la fondation SAARF. En analysant ces statistiques, on observe que le nombre de spectacles a augmenté de 16% depuis 2007 et à peu près 3,6 millions de personnes ont assisté à des spectacles en 2012. En calculant le prix moyen d’un billet, on trouve 226 rands, ce qui représente une augmentation de 9,7% depuis 2007. Nous pouvons aussi ajouter à nos chiffres, l’estimation des montants dépensés dans les mariages et dans les événements organisés par des entreprises qui sont censés être autour de 100 millions de rands par an. Le total de toutes ces dépenses s’élève à 977 millions de rands, ce qui représente une augmentation de 26% de 2007 à 2012. Cette méthode de calcul est la même que celle qui a été utilisée dans une recherche effectuée pour le gouvernement sud-africain en 2013.
Malgré ses limites, la musique Live offre des opportunités aux musiciens sud-africains. Cependant, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, le secteur de la musique Live en Afrique du sud est moins important que l’industrie du disque. L’analyse de l’impact économique de ce secteur démontre son importance pour l’économie sud-africaine et souligne pourquoi la croissance de ce domaine est nécessaire. Le secteur de la musique Live est intimement lié au tourisme. Beaucoup de touristes assistent aux festivals et événements locaux afin de vivre la culture sud-africaine authentique. Investir dans les spectacles Live de musique est donc non seulement un moyen de promouvoir la musique sud-africaine, mais aussi un moyen de développer l’économie du pays.
Lectures complémentaires
Moshito & MMINO. 2010. Mapping of the South African Live Music Circuit. Moshito.<www.moshito.co.za/attachment_view.php?aa_id=45>
Ansell, G, Barnard, H and Barnard, P. 2007. Final Report on the Micro-Economic Development Strategy for the Music Industry in the Western Cape. Department of Economic Development, Western Cape Provincial Government.
Shaw, JG. 2010. The Gauteng Music Industry Strategic Framework. 2010 Department of Sports, Arts, Culture & Recreation, Gauteng Provincial Government. <http://www.sacr.gpg.gov.za/SACRDocuments/Strategies/Gauteng%20Music%20St...
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