Arrestation arbitraire d'un artiste rappeur en Mauritanie
- Ewlad Leblad
Cette guéguerre serait ainsi le prolongement de la confrontation entre le Parquet qui voulait coûte que coûte incarcérer le Rappeur et le juge chargé de l’instruction du dossier qui l’avait mis en liberté conditionnelle. Cette confrontation aurait même opposé deux membres de la Chambre des Accusations au président de la dite chambre. Les premiers étaient opposés à la remise en prison de l’artiste, tandis que leur chef y tenait.
Ainsi, suite à l’arrestation de Hamada par les services de police qui l’accusent de viol, le Parquet de la République de Nouakchott-Ouest l’a orienté, avec demande de mise sous écrou, vers le juge d’instruction du 3ème cabinet chargé des affaires de drogue, Ahmed Ould Elbou. Ce dernier a rejeté la demande du Parquet visant à mettre en prison le jeune Rappeur, préférant le libérer sous contrôle judiciaire. Une décision contre laquelle le Parquet fera appel. Entre temps, Hamada avait recouvert la liberté sur la base de la décision du juge d’instruction. Ses amis du groupe organisent le même jour une conférence de presse au cours de laquelle, ils accusent les fils du président Mohamed Ould Abdel Aziz ainsi que son conseiller en sécurité, Ahmeida Ould Bah, de les avoir menacés à plusieurs reprises. Ils auraient exigé du groupe, dont la virulence des chansons contre le président Aziz est de notoriété, de composer un morceau où ils chanteront ses louanges.
Les éléments du groupe n’ayant pas obtempéré, Hamada est de nouveau remis en prison sur la base de l’Appel formulé par le Parquet. Le dossier est renvoyé devant la Chambre des Accusations près de la Cour d’Appel, que préside le juge Mohamed Mokhtar Ould Cheikh et ses deux assesseurs, Mohamed Ould Cheikh Sidya et Baba Mohamed Vall.
Très vite des divergences apparurent entre les membres de la Chambre. Là où le président voyait un impérieux devoir de mettre Hamada sous écrou, ses deux assesseurs voyaient le contraire et plaidaient pour sa mise en liberté. Cette décision reflétait ainsi l’avis de la majorité des membres de la Chambre, en l’occurrence les deux assesseurs. Un principe reconnu dans la délibération au sein du système judiciaire mauritanien. Selon les sources qui rapportent l’information, le président de la Chambre aurait pris seul la décision de conduire Hamada en prison, sans se réunir avec ses assesseurs et sans même publier la décision qu’il venait de prendre, et sans aucun respect de l’avis des deux autres membres de la Chambre, qui ont déjà exprimé leur opposition à une telle mesure.
Ahmed B. (http://lauthentic.info)
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