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Key Kolos : L’authentique rappeur qui éduque la jeunesse
Propos recueilli par Myriam Matondo Nkenda
Artiste musicien, Key Kolos est un rappeur congolais de Brazzaville qui souhaite faire sa part en matière d’éducation des jeunes. Sa mission : réconcilier le genre musical Rap d’avec tous les groupes d’âge. Nous l’avons rencontré
- Key Kolos. (ph) Google+
Bonjour Key Kolos, comment te présentes-tu?
Je me présente KOUKOLA Kennedy Franky l’Ange, musicalement connu sous le nom de Key Kolos.
D’où vient ce nom?
Le nom de Key Kolos, c’est juste mes deux noms abrégés. Le «Key» vient de Kennedy et «Kolos» vient de mon vrai nom de famille, KOUKOLA.
Comment définis-tu ton genre musical?
Je fais le rap, donc, je suis rappeur. Pour moi, le rap est un genre musical qui permet à l’artiste de s’exprimer, de dire ce qu’il pense et de donner l’image de sa vision, musicalement, avec des mots. De conscientiser le public en même temps, de donner ce qui est bien pour la nation, pour un peuple.
Depuis combien de temps fais-tu de la musique?
Je peux dire que l’on chante depuis qu’on est enfant! (rires). Pour moi, chanter c’est comme parler. Puisque rapper c’est comme parler, expliquer des choses. Donc, je peux dire: je chante depuis que je suis né. Même pleurer, c’est chanter (rires).
Chanter est une passion ou un «métier» pour toi?
Au début, on se disait que c’était pour passer juste le temps. Mais après, on a compris que ça pouvait nous donner plus que ça, et j’aimerai bien faire de ça un métier.
Dans tes chansons, tu parles entre autres de l’éducation, de l’unité nationale, de l’emploi, et cela autour d’un public : les jeunes. Peut-on dire que tu es l’artiste des jeunes?
Je me dis que dans la musique, il y a trois publics à viser : il y a le public enfant, le public parent et le public jeune. Dans une chanson, on est obligé de mettre de l’humour pour plaire aux enfants, un bon message pour plaire aux parents, et il faut bien rimer, «swinguer» – pour nous on appelle cela une technique musicale – pour plaire aux jeunes. Donc, ce que je fais, c’est pour tous les publics, pour toutes les générations.
Qu’est-ce qui inspire tes chansons?
Mon inspiration vient de tout ce que je vois, tout ce qui me vient à l’esprit. Je parle de tout : le vécu. Les films même que je regarde m’inspirent. Mais ce qui est vrai: j’écris sur ce qui m’entoure, c’est-à-dire que même un enfant qui pleure devant moi m’inspire. La physionomie d’une personne peut aussi m’inspirer. Je prends l’inspiration partout.
Si je dis Jacques Loubélo, que t’inspire ce nom?
Jacques Loubélo, c’était un grand artiste congolais qu’on a perdu, paix à son âme. Il fait partie des artistes qui ont marqué la musique congolaise! Surtout traditionnelle. C’est un grand musicien qui a beaucoup fait pour la musique congolaise. Voilà pourquoi nous avons fait une chanson en son honneur. Nous étions trois artistes (Luxxa, Wizo et moi) du label «One Mic Music». C’est dommage, je me dis que nous sommes les seuls artistes à avoir fait cela. Même les collègues de Jacques Loubélo ne l’ont pas fait. En tout cas, on a voulu faire cela pour marquer un pas!
Quel artiste de ta génération t’inspire?
Parlons du rap, depuis que les jeunes s’intéressent à ce genre, ça a toujours été en français ou en anglais, et moi je me suis dit qu’une équipe nationale ne peut pas représenter le pays en arborant le drapeau d’un autre pays. Donc, il fallait d’abord faire quelque chose avec une originalité en prenant d’abord sa culture. Je me suis dit que ça serait bien que ce soit en langues de chez nous, car il n’y a pas assez d’artistes du pays et de mon âge qui rappent en langues. Bon, il y a eu des jeunes qui l’ont fait en langues avant moi, qui m’ont donné l’envie de le faire, mais pas inspiré. En tout cas, l’inspiration c’est souvent un artiste américain que j’écoute (Jude Santana), il est de ma génération. Et, en langues, il y a les grands artistes comme Zao, Hardos Massamba,Rapha Bounzéki.
Tu «poses» en Lari, c’est plutôt inhabituel, quel est ton rapport avec ta langue maternelle?
La langue maternelle, comme je viens de le dire, c’est, pour moi, valoriser mes origines, vulgariser ma culture et créer une différence entre moi et les autres artistes. Le rap a toujours été considéré comme la musique des voyous. Les rappeurs, qui rappent en français, utilisent un français largotisé et, du coup, les parents et les jeunes ou les enfants ne comprennent pas leur message. Même entre nous jeunes, on ne comprend rien. Donc, rapper en Lari, c’est pour moi une façon d’être original et direct, face à un public donné.
Comment t’es-tu lancé dans la musique?
Tout a commencé en 2002 quand le rap a pris de l’ampleur ici, au pays, avec la sortie de plusieurs artistes aux États-Unis qui ont fait mal ici: 50 Cent, Fat Joe, Ja Rule, etc. Leur sortie a donné à la majorité des jeunes l’envie de rapper, de faire comme eux. Mais, à ce moment-là, il y avait ce qu’on peut appeler le complexe linguistique, donc les gens aimaient bien faire cela en français, en anglais. Moi, je me suis dit que je voulais faire la musique différemment des autres. Donc, je me suis lancé dans la musique comme ça, en écoutant d’abord les anciens. Ce n’est qu’après le Bac, en 2007, que j’ai commencé à enregistrer.
Après l’inspiration, la concrétisation. Après le manuscrit, la «pose», comment et où enregistres-tu tes « sons» ?
Quand j’ai commencé, j’étais juste un client de plusieurs studios. Partout où on enregistrait, je partais. Je donnais tout ce qu’il fallait pour avoir une maquette. Mais après ma rencontre avec le manager Ken Shiro, qui m’a proposé d’être membre de son label «One Mic Music» situé à Bacongo, ça m’a intéressé, et du coup, aujourd’hui, je suis devenu membre de ce label. Maintenant, c’est là-bas que je produis mes chansons, avec la collaboration de DJ VNR. Partout où je suis passé avant, on me considérait plus comme un client, que comme un membre.
D’après toi, qui écoute du Key Kolos? Qui achète du Key Kolos?
Aujourd’hui, on se dit que la musique, le rap, c’est d’abord pour les jeunes. En le faisant en langues, ça a changé de tournure, c’est maintenant les parents qui s’y intéressent parce qu’ils écoutent ce que l’on chante, par rapport aux anciens qui disaient les choses bien, mais dans un langage plutôt codifié. Donc, je peux dire que la musique que je fais est achetée par tout le monde. Les parents achètent, surtout quand les enfants n’ont pas les moyens. Et les parents, en apprenant que c’est Key Kolos, celui qui a chanté «Mwana l’école», s’intéressent surtout au titre lui-même, alors ils achètent.
Un album en vue?
Avant de parler d’album, j’ai fait des mix tapes «Mfumu Mavula» avec trois volumes. Puisqu’on piratait souvent l es audios, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose pour maintenir l’image. C’était mieux de faire les DVD. On a donc rassemblé les morceaux, les chansons-phare des trois volumes. Donc, pour l’instant, c’est «Mfumu Mavula» qui est en vente avec 14 titres. On a un album en préparation dont le titre est «Conseille ton ami», qui comporte 16 titres, il sortira à la fin de cette année.
Tu as fait la première partie avec des artistes qui venaient d’Europe, au mois de mai, comment t’ont-ils contacté?
Tout est parti d’un concert d’un groupe appelé Under Kontrol , un groupe de 4 jeunes européens. On avait été appelés par le Directeur de l’Institut français du Congo (IFC) pour évidemment faire la première partie. Je ne sais pas si c’était parce qu’on avait un public ou si c’était pour leur montrer ce qu’on faisait (rires). Mais c’était un honneur pour nous d’avoir un public «blanc» qui ne comprenait pas forcément ce que nous chantions en langues. C’était un peu paradoxal, il fallait s’adapter.
Mot de la fin. Qu’aimerais-tu dire aux gens qui vont te découvrir ou qui te connaissent déjà.
Je suis un artiste Congolais qui fait le Rap. J’ai choisi cela parce que c’est une façon pour moi de conscientiser ou moraliser le public congolais. J’aimerai bien participer à l’éducation de la nation d’une manière ou d’une autre. Mais moi, j’ai choisi de le faire musicalement. J’aimerai bien que le public soit toujours derrière moi, que le public me soutienne parce que sans le public l’artiste n’est rien. Donc, je demande à tous ceux qui aiment la musique de bien comprendre ce que je fais et de bien vouloir me soutenir.
Portrait chinois de l’artiste
Si tu étais une chanson, tu serais laquelle? Je serais «Vrai Congolais», un de mes titres.
Si tu étais une voiture, de quelle couleur serais-tu? Grise. Parce que c’est une couleur qui est neutre, passe-partout, qui s’adapte
.Si tu étais un plat de cuisine? Les haricots! (rires), j’aime bien.
Si tu étais un instrument de musique? La guitare
Un ustensile de cuisine? La cuillère, parce que sa prend la soupe, on peut l’utiliser pour prendre le riz, ça prend tout!
Si tu étais un animal? Un lion, parce que j’aime bien être un chef, dominer. J’aime bien être au-dessus, au top.
Un mot qui t’inspire ? La conscientisation.
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