Serge Kakudji, une star de l’opéra au cœur de l’Afrique
Lubumbashi, le 24 août, il est vingt heures, dans la grande salle d’un grand restaurant de la place, les invités s’impatientent. Parmi eux, la crème de la crème de la province du Katanga; des ministres, des députés, des dirigeants de grandes entreprises… et comme pour titiller les convives un peu plus, ce sont d’abord quelques chanteurs lyriques qui prennent possession de la scène, ils sont tous très doués, certes, mais celui qu’on attend, c’est Serge Kakudji.
Ce jeune homme de 26 ans, né à Kolwezi est un phénomène rare au Congo, voire en Afrique. En effet, la musique classique est une discipline peu répandue sur le continent, mais c’est sans compter sur ce talentueux artiste dont la voix a déjà ébloui de nombreux publics sur la scène internationale.
Enfin le voilà. Costume cintré noir, crinière en queue de cheval, l’air grave et le regard fixé sur le fond de la salle, il enchaîne les acrobaties vocales sur un extrait des airs d’opéra de Handel, Gluck et Romanza, pour le plus grand plaisir de l’assemblée.
Après le buffet, le deuxième acte, tout aussi enivrant que le premier, est ponctué de classiques de la variété française tels que le légendaire « Port d’Amsterdam » de Brel et le trio de Notre Dame de Paris interprétant la ballade « Belle ». Nul doute que le contre-ténor a fait mouche en s’entourant de talents locaux dont la jeune chanteuse-compositeur, Alyssa Anastassiou, seule artiste féminine de la soirée dont la voix n’aura pas manqué de charmer les invités.
Si les deux premiers actes ont été très appréciés, le troisième fut une surprise ! Seulement vêtu d’un pagne autour de la taille et accompagné de la troupe de danse traditionnelle Atuudang, Serge Kakudji a exécuté une série de pas endiablés dont un « battle » entre guerriers tshokwe. Un intermède par lequel l’artiste tient à rappeler qu’il n’oublie pas ses origines.
La soirée touche à sa fin, les convives tardent à partir tant chacun tient à féliciter en personne le contre-ténor, qui malgré la fatigue, arbore un large sourire. Dans deux jours, il s’envolera pour le bout du monde, pour Brisbane, en Australie. Nouveau public, nouveau répertoire mais sans doute toujours le même enchantement.
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