Pa’peace Diandy sur les traces de Cheikh Lô
Par Amadou Kagal Ndiaye
Il n’est pas encore bien connu sur la scène musicale nationale, même s’il a fait un certain nombre de spectacles à l’international et a représenté le Sénégal lors des jeux de la francophonie. Mais Pa’peace Diandy a fini de charmer le public de son Gorée natale. Il continue d’embarquer par son style afro pop, pour un voyage lointain, tous ceux qui lui accordent un petit moment d’écoute. Le grand Cheikh Lô est tombé sous son charme.
Le Samedi 14 Novembre passé, Pa’peace était au centre culturel Daniel Brottier pour communier avec ses fans. Un moment pour l’auteur-compositeur de l’Île Mémoire de partager son riche répertoire musical. C’est donc un public dont rêve tout artiste qui a occupé une bonne partie de la salle de conférence du centre Daniel Brottier. Pas de ces publics qui se tiennent devant un artiste musicien pour crier sans conviction, celui de Pa’peace Diandy était de qualité. Il connaissait presque tous les refrains de ses morceaux. Pas croyable, alors que ce jeune goréen n’a pas encore sorti son premier album.
La première partie du spectacle est assurée par Sista Ouly et Katy dont la musique acoustique n’a laissé aucune oreille indifférente dans la salle. Quelques morceaux, avec deux douces voix qui ne se bousculent pas dans les oreilles, mais y entrent avec une complicité parfaite, pour y produire un balancement de tête, parfois du corps et surtout les pieds qui ne laissent que les talons au contact du sol. Le public est alors prêt à accueillir celui pour qui il a fait le déplacement.
Khadim à la basse est déjà bien installé. Beuz à la percussion a fini de positionner ses trois tambours et Loulou à la batterie. Pa’peace fait des va et vient, le micro refuse d’obéir au réglage. Enfin, debout devant le micro, il fait un peu de l’humour, « En fait, pour ne rien vous cacher, c’était prévu, il fallait un peu vous nettoyer les oreilles ». La salle rigole et applaudit. Il oriente le micro et commence à dire des mots avec un rythme rapide, comme s’il déclamait un poème. Non, il y a trop de mélodies dans sa voix, ce n’est pas un poème, la guitare électrique raisonne pour le confirmer. Le public attentif, consomme cette charmante voix qui aurait pu se plaindre de sa solitude, mais le son de la guitare est là pour lui donner toute son originalité. C’est à la fin du morceau que l’on perçoit que la chanson porte sur l’amour de la vie « ma vie, c’est tout ce que j’ai ». La salle acclame, il explique toute la philosophie de la chanson. Même si l’on ne comprend pas trop ce qu’il dit, la chanson est agréable. Un autre titre, ‘’Assamane’’ (le ciel), une chanson qui lui tient à cœur. Elle parle de la réussite, mais la réussite honnête, au bout de l’effort.
Apres avoir chanté l’importance qu’il accorde à la vie, appelé à gagner honnêtement sa vie, Pap’peace Diandy revient avec ‘’Rage de vie ‘’, pour parler au nom de ceux qui refusent de se laisser marcher dessus, qui ont leurs mots à dire dans cette société. Jusque là, c’était l’artiste seul avec sa guitare. Maintenant, Beuz, Khadim, Loulou et, surtout ce qui fait la particularité et l’originalité de la musique de Pa’peace, la présence de l’accordéon, compressé et tiré par Marie. Oui, l’accordéon, un instrument nouveau dans le champ musical sénégalais. S’il y a des musiciens qui en utilisent dans leur répertoire, c’est occasionnellement. Pour le plaisir des yeux, le jeune auteur compositeur est accompagné dans ce spectacle par les talentueux danseurs d’Afreekanam. De temps en temps, ils surgissent de tous les cotés de la salle, parfois un, deux ou à trois pour présenter une impressionnante chorégraphie. Fini le morceau sur les talibés qu’il appelle les enfants de Dieu. Ensuite, ‘’Maria’’ une histoire de séparation amoureuse, il fait chanter le refrain au public.
Depuis le début du spectacle avec Pa’peace, Khassim Mbaye, artiste peintre, improvisait un tableau, s’inspirant des chansons du musicien. Une petite recréation pour le public qui pouvait diriger son regard sur les mouvements de Khassim entre les pots de peinture et le tableau à sa hauteur. Il se définit comme « un artiste peintre à la recherche des cinq branches de la couronne ». Une façon pour le chanteur insulaire, de faire connaitre ce peintre. En tout cas, l’inspiration est toute trouvée, le tableau fini, montre trois silhouettes dans un décor teinté de bleu, debout dans leurs boubous colorés entrain de vaquer à leurs occupations. Pour finir, il chante ‘’Aywa leenn niou go’’. L’ambiance est à son apogée. L’artiste doit laisser place au Maestro Cheikh Lô. Mais le public en veut encore, il demande un dernier morceau ‘’Sénégal’’.
En cheikh N’digel Lô, il voit un mentor, patient, subtile, une puissance vocale extraordinaire, un métronome et une bibliothèque rythmique. Sa présence dans ce spectacle traduit une confiance au talent de Pa’peace Diandy. Alors que le maestro vient de gagner le Womex Artiste Award 2015 à Budapest, il accorde sa première sortie musicale à Pa’peace Diandy. Une marque de confiance, selon l’artiste, qui est plein de sens.
Pa’peace Diandy fait de l’afro pop. Pour arriver à trouver son originalité dans ce style de musique, il est revenu dans son Gorée natale, alors qu’il vivait en France, pour faire un travail d’immersion, de retour aux sources. Pour retrouver ses rythmes d’enfance principalement ‘’l’assicot’’ qui est une musique symbolique dans l’île. Pour sa présentation, il dit : « Je suis né à Gorée sur l’île Mémoire. J’ai grandit sous la chaleur de ses basaltes et la fraicheur de son sable fin. Je chante, envouté par la force insondable de ma terre nourricière. Je griffonne dans le bourdonnement des bougainvilliers et dans le frissonnement des vagues ». Il laisse entendre que l’album de 12 titres est prévu en 2016, à la fin du premier trimestre. Ses thèmes de prédilection sont l’unité, le respect de valeurs, respect de soi.
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