Visa For Music 2016 : Othman El Kheloufi, du génie dans l'air
Dans sa jeunesse, il voulait devenir pilote, puis footballeur, ensuite il a encore changé, rêvant cette fois d’une carrière de comptable avant d’hésiter et souhaiter plutôt devenir artiste plasticien. C’est enfin en jazzman reconnu qu’il trouvera la stabilité.
- Le saxophoniste Othman El Kheloufi. (Photo) : Guenael Borg
Le saxophoniste Othman El Kheloufi, puisque c’est de lui qu’il s’agit ne voit pas ce parcours comme un signe d’instabilité, il se définit comme un homme pluridisciplinaire. Jamais satisfait, toujours à la quête de nouvelles sensations, il a trouvé dans le jazz cette possibilité de toujours explorer de nouveaux horizons. Music In Africa vous propose de découvrir Othman El Kheloufi l'une des attractions du Visa For Music 2016.
Le natif de Salé dans la région de Rabat-Salé-Kénitra aime fusionner les genres, même s’il récuse le terme fusion car pour lui toute musique est fusion. Tout l’inspire raconte celui qui a créé sa formation « Othman El Kheloufi Band » en 2009.
L’appel à la prière du muezzin qui berça toute sa son enfance et sa jeunesse le chant des hmadchas, une confrérie soufie qui autour du luth et du guembri déclament des textes dédiés à Sidi Ali Ben Hamdouche son fondateur et Mohamed le prophète de l’Islam. Othman est aussi bercé par la musique Chaâbi qu’il écoutait lors des mariages. La musique Chaâbi utilise des instruments tels la Derbouka, la mandoline (genre de guitare), violon ou piano.
C’est dans cet univers qu’Othman grandit. En plus des rythmes issus de la musique orientale, des gnawas et de l’amazigh, Il subira l’influence du jazz et du blues. Aujour’dhui, il parle allègrement de Charlie Parker, de Boby Lapointe ou de Amstrong, comme il parle de Houcine Slaoui (chanteur compositeur marocain), Fayrouz (chanteuse libanaise, une des divas les plus célèbres et les plus respectées dans le monde arabe) et de Nass El Ghiwane (groupe musical marocain, né dans les années 1970 que Martin Scorsese a qualifié de « Rolling Stones de l'Afrique »).
Ce passionné qui semble si instable aurait pu certainement, dans la musique, être guitariste ou batteur, Othman choisit le saxophone parce ce que considérant d’abord comme chanteur, il voulait jouer d'un instrument proche du chant. Il le trouva selon lui dans le saxophone.
Pour lui, jouer d’un instrument c’est se redécouvrir. Il s’agit d’apprendre à se l’approprier selon ses coutumes, ses origines et ses sensibilités. C’est d’ailleurs une des raisons qui le poussa à explorer le jazz. Son jeu est anticonformiste, il mélange les genres, sort des sentiers battus. « Les gens appellent ce que je fais du jazz Chaâbi, moi je l’appelle du jazz Beldi, mais seulement parce qu’on m’oblige à lui donner un nom » disait-il lors d’une récente interview.
Toujours poussé par son besoin de découvertes. Othman, étudiant en gestion à l’époque va s’inscrire à l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (ISADAC) de Rabat pour y suivre une formation de scénographe, avant d’enchaîner avec un master en études théâtrales. Pendant toute cette période, Othman, habité par le chant et la musique, essayera de trouver des connexions entre le théâtre et la musique. Il en fera même sa thèse de master.
Chant grégorien, chant hongrois, poésie de Verlaine, tous ces univers se retrouvent dans la musique d’Othman. Cet univers de théâtre, séduira le célèbre jazzman libanais Ibrahim Maalouf avec qui il jouera lors de la dernière édition du festival Jazzablanca en avril 2014.
Othman El Kheloufi est un artiste dans l’âme et représente bien la nouvelle scène musicale du jazz. Un artiste qui raconte ses histoires, qui transmet ses émotions avec une liberté déconcertante avec une musique dansante, qui explore tous les univers.
Comments
Log in or register to post comments