Divine Evelyne D’almeida !
Chanter c’est prier deux fois dit-on chez les augustiniens. Evelyne d’Almeida a bien compris cela quand elle a fait son noviciat jusqu’à devenir sœur religieuse. Alors qu’elle est déjà au service de Dieu de par son engagement, la voici qui a consacré sa voix à Dieu en devenant artiste de la chanson gospel. Une orientation qu’elle prend pour une vocation dans sa vocation.
« Ma musique, c’est une vocation dans une vocation »
A Lomé on la surnomme la voix divine. Telle une Vierge Marie disant à Gabriel Archange, « Ecce ancilla Domini » (Je suis la servante du Seigneur), Sœur Evelyne a répondu pleinement à l’appel de sa vocation.
Elle ne s’en cache pas et s’explique fièrement. Il y a de quoi. « J'ai décidé de faire la musique parce que je veux évangéliser le monde d'une autre manière avec ma voix et mes danses comme David, le Grand Roi dans les Saintes Écritures (II Samuel vs 6 et 5).
À ce passage de la Bible, il est écrit que David et toute la maison d'Israël dansaient devant le Seigneur au son de tous les instruments en bois de cyprès, des cithares, des harpes, des tambourins, des sistres et cymbales.
Et Saint Augustin, l'un des Pères de l'Église avoue : Chanter bien c’est prier deux fois. Voilà ce qui m’a motivé à accorder ma voix pour évangéliser. C’est une autre vocation dans la vocation religieuse avec une autorisation spéciale ».
Evelyne est la toute première sœur religieuse catholique a pénétré ce monde très complexe du show-biz togolais. Née dans un environnement de chant et formée en tant que tel, elle n’a pas beaucoup de difficulté à faire ses pas et s’y complaît aisément. Elle nous fait savoir que l’institut religieux dans lequel elle sait engagée donne les cours de musique lors de la formation avant d’être sœur surtout le solfège populaire.
Et selon elle, ces séances on apporté beaucoup de savoir-faire matière de composition de chant. « Ceci nous aide à psalmodier les psaumes qui sont nos prières quotidiennes. À la fin de la formation, personne ne choisit de devenir une artiste gospel », confie l’artiste religieuse, membre de la congrégation des sœurs de Notre-Dame de l’Église (NDE).
Cela se dit souvent que ne devient pas artiste qui veut. Alors là quand on est sœur religieuse, qui plus est, d’une congrégation où l’activité quotidienne se résume à la prière et aux travaux de l’Église, ça devient plus compliqué. C’est d’ailleurs pour cela que dans ce monde on ne peut rien faire sans autorisation.
« La vie dans les congrégations n’est pas facile. On n'a le temps que pour Dieu et les travaux de l’église. Vous n’avez pas une minute à vous-même. On parle de sacrifice, de sacerdoce. Donc en s’engageant, tout le monde le comprend clairement. Puisqu’on n’y est pas obligé. Du coup quand vous sortez un peu pour faire autre chose que ce qui se fait d’habitude, cela peut être mal interprété. En l’occurrence quand vous prenez la voie du showbiz, vous imaginez les tracas. Composer les morceaux, allez au studio, traiter avec toute sorte de personne, dont parfois la moralité peut être douteuse, monter sur scène, aller au concert, répondre aux invitations, etc. la vie devient compliquée. Vous ne pouvez faire ce genre de choix sans des discussions préalables avec vos supérieurs et leur autorisation », expliquait le Père Victor Djélou, un prêtre Diocésain aujourd’hui à Paris.
Par les explications averties de ce prêtre on comprend que le simple choix aussi de Sœur Evelyne d’Almeida de chanter est aussi un sacerdoce. La voix Divine a dû assumer son choix et compte bien des soutiens haut placé dans la hiérarchie ecclésiastique pour sa seconde vocation.
« On suit des cours de musique dans notre institut. Oui, j’ai reçu l’aval et la bénédiction de la Sœur Catherine Agnès Mobu, Supérieure générale de l’Institut des Sœurs de Notre Dame de l’Église avant de me lancer dans le showbiz. Je tiens à lui dire un grand merci pour tous les soutiens que toutes ces bonnes personnes m’apportent pour la réussite de mes œuvres. J’ai aussi eu les soutiens moraux et techniques de Mgr Nicodème Barrigah et de ma chérie Sœur Brigitte Marie-Goretti Eklu Boko », ajoute la sœur Evelyne.
Un album dédié à Jésus
Pour la Sœur Evelyne, chanter lui permet de mieux évangéliser. Ainsi sur son album de 8 titres, on peut savourer des morceaux comme : « Kyrie », « Gloria », « Sanctus », « Agnus Dei », « Jésus, mon Amour », « Jésus, tu es le plus beau », « Jésus, tu es l'Amour »et « Jésus, merci ». Tous ces titres ont été chantés avec une voix maîtrisée, mélodieuse et acoustique qui donne envie d’écouter et de réécouter.
Véritable bonheur du monde du gospel et des fanatiques des chansons religieuses, l’album a été totalement mastérisé et arrangé au studio All That Production de Karlos Danklou. Dénommé Jésus, mon Amour, l’artiste-religieuse considère son premier album comme une « prière intime adressée à la Providence » afin qu’il intervienne dans la vie de tout ce monde qui savourera sa chanson.
« J’ai titré mon album Jésus, mon Amour parce que je voudrais interpréter mes paroles en pensant à mon amour pour Jésus. C’est cet amour qui me pousse à partager ce don que Dieu m’a donné, ma voix, pour aller là où sa Parole n’est pas encore annoncée. J’ai opté aller dans ce sens parce que je suis très enthousiaste d’avoir rencontré le Christ Jésus qui a montré son amour infini pour moi. Je voudrais à mon tour lui témoigner mon amour en chantant et en louant son nom », avoue-t-elle.
Aux derniers nouvelles, elle vient de sortir son deuxième album dénommé Merci Seigneur qui sera bientôt disponible sur le marché togolais et de l’Afrique de l’Ouest.
Des styles innovants pour un album gospel
En effet, les chansons gospel connu dans le monde du showbiz au Togo sont généralement du reggae ou rarement du soul et du blues. Sœur Evelyne à travers son premier album va créer une révolution dans le monde du gospel au Togo. Elle va tout simplement mettre l’empreinte de sa culture très profonde du monde musical sur son album Jésus, mon Amour.
On y retrouve des rythmes comme le zouk, la salsa, le slow, l’ambiance, etc. « Un album riche en couleur, susceptible d’intéresser des amoureux de divers styles et rythmes musicaux », reconnaît Karlos Danklou. L’arrangeur ajoutera que « la sœur Evelyne voulait un travail parfait rassemblant divers rythmes. Et elle ne voulait pas une fixation. Elle voulait quelque chose d’original ».
Sur les raisons de ses choix de styles musicaux qui étonnent agréablement, bien sûr, autant qu’ils ne plaisaient l’artiste-religieuse Evelyne d’Almeida ne fait pas de détour. Elle a une relation particulière avec son Dieu. « J’ai choisi ces rythmes musicaux parce que dans les diverses expressions musicales comme le zouk compas, zouk salsa, zouk rap, zouk love etc., les rythmes répondent bien à la relation d’amour entre deux personnes. Parfois quand on entonne les chants de ces rythmes, nos parents se mettent à deux pour danser. Et moi qui suis religieuse et amoureuse de Jésus à travers ces rythmes, j’exprime la relation intime qui existe entre Dieu et moi et par ricochet à toute la population surtout dans les moments difficiles », s'explique la voix Divine de Lomé.
Sœur Evelyne d’Almeida suit les pas d’autres religieux qui chantent dans le monde entier. Consciente que le chemin est encore loin d’être au bout, elle se mobilise et est prêtre pour continuer sa lutte.
Convaincue que le publie ne reconnaît plus bien l’amour de Dieu, elle compte se servir de sa voix, de son don de musique pour accomplir sa mission d’évangélisation. « Selon moi, le monde actuel s’éloigne des deux valeurs de l’amour et de la reconnaissance. Apprenons à répondre à l’amour que le Seigneur a pour nous. J’espère que ma musique permettra de remédier aux manquements actuels », confirme-t-elle avant d’ajouter avec l’humilité qu’on lui connaît que « je souhaiterais qu’un jour je puisse faire un troisième album bien meilleur que ceux-ci. Les remarques des uns et des autres me seront utiles pour y arriver. Je sais que le chemin est encore long ».
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