Africa Fête 2016 - Habib Koité à Saint-Louis : Époustouflant !
L’Institut français de Saint-Louis a refusé du monde samedi lors du concert d’Habib Koité, grande vedette de l’édition 2016 d’Africa Fête.
C’est vers 22 heures, que l’artiste malien a fait son entrée en scène : guitare à la main, il sort de sa loge distillant quelques notes qui font apprécier sa virtuosité. Rarement public n'a été aussi rapidement conquis. Habib est rejoint par ses musiciens pour un concert dont l’entame annonçait déjà de bonnes choses.
Un guitariste, un bassiste (il joue du Donso N’Goni aussi), un percussionniste, un drummer original avec calebasses, charlets, Djembé, et un claviériste qui sample tantôt des sons de balafon ou de vibraphone, voici les compagnons qui ont entouré Habib Koité pour ces rendez-vous d’Africa Fête.
Ces rendez-vous oui, parce qu’avant Saint-Louis, Habib Koité a donné un premier concert à Dakar précisément à l’Institut Français. Dès le second titre joué, un spectateur dans le public visiblement présent lors du concert de Dakar souffle à son voisin « Habib Koité à l’air plus en forme ce soir »…
Les Saint-louisiens étaient de sortis. Ils sont venus nombreux voir bien sûr le talentueux et prometteur Ndary Diouf l’enfant du pays en première partie de Habib Koité, mais ils sont venus surtout voyager avec l’artiste malien.
Habib Koité, amène son public visiter en musique différentes régions du Mali. Tantôt, il vous amène en pays bambara, tantôt en pays peulh ou maure. C’est dans l’ensemble de ces musiques du nord qu’Habib puise son art. En bon nomade, il y ajoute aussi toutes ces sonorités glanées ici et là à travers ses nombreux voyages et ses fréquentes rencontres musicales.
Toutes ces influences s'enchevêtrent merveilleusement et créent une parfaite alchimie qui touche les âmes de spectateurs. Parmi eux l’écrivain Louis Camara croisé lors de la balance de l'artiste malien. Parmi eux aussi : Pape, 48 ans. Accompagné de son épouse, ce Saint-louisien bon teint semble conquis par la prestation de la tête d’affiche 2016 d'Africa Fête.
« Je suis un habitué du festival Africa Fête ici à Saint-Louis, mais rarement concert ne pas séduit autant » avoue-t-il en esquissant de subtils pas de danses.
Oui, Habib Koité sait faire danser son public. Pour le public saint-louisien, il a troqué les langoureuses ballades de son répertoire au profit des rythmes entrainants et dansants. Il n’en fallait pas plus pour que les belles dames de l’association des Maliens de Saint-Louis venues en compagnie de leur président se ruent sur la piste.
L’artiste le leur rend bien, parce qu’il s’invite, guitare en bandoulière, dans le public ce qui a le don naturellement de stimuler encore plus les danseurs potentiels. Dans la pure tradition africaine, des spectateurs ne se privent pas de distribuer quelques billets au Djéli du soir.
Jamais avare pour échanger avec son public, Habib qui révèle avoir un réel attachement à Saint-Louis qu’il visite régulièrement en privé, partage avec le public ses rencontres, ses voyages et distille quelques conseils à ses frères et sœurs. Il raconte cette histoire qui lui arrive dans un restaurant de Los-Angeles.
Avec une faim de loup, il arrive devant l’établissement au moment où, manque de bol, l’établissement était en train de baisser ses rideaux. S’ensuit une interminable discussion avec le propriétaire pour qu’on puisse leur servir un morceau… Ce qui finira par se faire dans une ambiance chaleureuse et bon enfant, moralité : lui le Malien, habitant à Bruxelles s’est retrouvé dans un restaurant de la côte Ouest des États-Unis dirigé par… un Belge : « cultivons la paix et soyons citoyens du monde ».
Autre bon mot envoyé au public à un moment du concert : « le pauvre peut-être plus généreux que le riche » ou cette invite au peuple malien avant la chanson « Sôo » dans laquelle Habib évoque les origines : « Seuls les Maliens peuvent faire de leur pays un paradis. Promouvoir la paix et le retour de la concorde chez soi est un impératif »…
Un concert est réussi dit-on, lorsque le public ne sent pas le temps passer et que le clap fin apparaît comme trop soudaine. Ce fût le cas samedi à l’Institut Français de Saint-Louis ! Après le rappel, à 00H 30 minutes, le show a viré en un véritable bal poussière et les spectateurs ont quitté les sièges pour une séance, d’une dizaine de minutes, de franches déhanchées.
La générosité d’Habib Koité et le Bamada a séduit et convaincu le public d’Africa Fête. Générosité : c’est ce qu’a retenu, à la fin du concert, l’artiste sénégalais Ablaye Cissokho présent dans le public. « le concert que l'on vient de voir a été époustouflant mais il découle tout simplement de la générosité de l'artiste » dira le genial koriste. Pouvait-on avoir meilleur témoin ?
Comments
Log in or register to post comments