La musique populaire en Érythrée
Ce texte donne un aperçu de la musique populaire en Érythrée.
Les années 1960 marquent le début de la musique populaire érythréenne. La scène musicale explose avec l'arrivée de Kagnew Station, la radio de l'armée américaine installée dans la capitale Asmara, qui diffuse de la musique américaine. L’influence de la pop occidentale des années 1960 voit l’émergence de nouvelles stars telles que Bereket Mengisteab.
L’on retrouve les thèmes de l’amour et des messages socio-politiques – souvent voilés dans des métaphores – dans la musique populaire des années 1960 [i]. Par exemple, la chanson 'Shegai Habuni’ interprétée par Tewelde Redda (Passez-moi mon flambeau) est un classique indémodable qui parle de liberté.
Tewelde Redda est parmi les premiers africains à jouer de la guitare électrique dans les années 60. La musique unique de Redda est très populaire à cette époque. Remarquable guitariste, ses compétences sont sans égales à l’époque. Ses chansons populaires inclus 'Milenu', 'Momona', 'Ab Teqay Qerebi’ (Viens près de moi) et 'Misaki Fikri Aleni'(J'ai de l'amour pour vous). Il a joué un rôle des plus importants dans la modernisation de la musique érythréenne des années 1960 et 1970. En fait, aujourd’hui encore, il propose des versions électroniques du krar traditionnel de l'Érythrée et de l'Éthiopie. [ii]
Comme de nombreux artistes de sa génération, Osman Abdelrahim a débuté sa carrière au théâtre Mahber à Asmara dans les années 60. Jeune artiste, Osman publie de belles chansons d’amour telles que 'Ab ketema mitsiwa" (dans la ville Mitsiwa). Cette célèbre chanson parle d’une histoire d'amour à Massawa, où Osman déclare : « Près de la plage à se rappeler où je l'ai appelée dans la ville, je me suis souvenu de l'amour qui passe ». Cette chanson, l'une des plus populaires d’Osman, est encore populaire aujourd'hui.
Comme beaucoup de jeunes chanteurs de sa génération, la musique d’Osman alterne des messages d'amour et fait appel à la conscience sociale. Par exemple, ‘Adey weladitey’ traduit par 'Ma chère mère qui m'a mis au monde’ sort à une époque où les jeunes Érythréens sont séparés de leurs mères exilées ou parties rejoindre la lutte armée pour l'indépendance. De telles paroles poétiques et profondes conquis le cœur de nombreux Érythréens. Ses autres chansons : 'Libey midrebeda' ('Mon cœur est stérile), 'Ti' neber nera' (Elle vivait), 'Toblah'ta' (Impression) et ‘Ayfalkin Gherhinetey’ (Ton mal, mon innocence).
Les années 1990 : la musique populaire après l'indépendance
Après l'indépendance de l'Érythrée en 1991, on constate la montée en popularité du krar (un instrument traditionnel) combiné avec la guitare électrique, le piano et le saxophone. On note également la disparition progressive des choristes, populaires dans les années antérieures. Cependant, les chansons romantiques continuent de s'épanouir alors que les Érythréens reprennent une vie normale après la guerre.
Abraham Afwerki connait d’abord la gloire dans les années 1990 avec ses chansons d'amour populaires, alternatives aux chansons patriotiques pendant la lutte pour l'indépendance. Il est l'un des chanteurs les plus appréciés en Érythrée. L'un de ses morceaux ‘Abela' (qui signifie "Où est-elle ?') sort peu après l'indépendance et illustre l'euphorie du moment. Sa plus célèbre chanson ‘Semai’ (Ciel ) - également le nom de son dernier album - porte un message d'espoir et rencontre un grand succès. L'amour, l'espoir et la fierté nationale sont des thèmes récurrents dans les chansons d'Abraham. Grand auteur-compositeur, il fait des adaptations nouvelles de la musique Tigrinya jusqu'à sa mort tragique en 2006, à Massawa. Aujourd'hui, une décennie après sa mort, la poésie et le style d’Abraham inspirent la nouvelle génération.
autoplay:0]La musique populaire aujourd’hui
Dans un pays où l'âge médian est à seulement 19 ans, l'intérêt pour les ballades et chansons pop n’est pas négligeable. ‘Shikor Shikor’ de Robel Michael était sans aucun doute le tube de 2014. À Asmara, on l’entend jouer partout.
Yohannes Tikabo, plus connu sous le nom de 'Wedi Tikabo', est un autre chanteur populaire, résidant actuellement aux États-Unis. Sa voix unique combinée au krar ajoute à son authenticité. Ses chansons décrivent souvent sa génération. Son style se rapproche de Tewelde Redda. Contrairement à ses homologues, il chante également en anglais, ce qui est assez unique car la plupart des artistes érythréens chantent dans leurs langues maternelles. Bien qu’il ait sorti plusieurs chansons d'amour, on se souvient de Tikabo, une chanson patriotique. Des chansons telles que 'Zemen' (Les temps), 'Hagerey" (Mon pays), 'Fikre Teasiru" (L'amour a été arrêté) et 'AB Mintayu Hail’u (Où est sa force ?) sont des chansons qui lui ont valu le titre de 'La voix de sa génération". Ses textes puissants, qui reflètent la société érythréenne, lui ont valu le respect des Érythréens, en particulier des jeunes. Le morceau 'Gue Leminey' a été reprise en langue amharique par Selamawit Gebru, et lui a permis d'étendre son audience.
Helen Meles fait partie de cette nouvelle génération de chanteurs érythréens apparus après l’indépendance. Ses chansons parlent d’amour et de patriotisme. Meles est connue pour sa voix et ses compositions romantiques. Elle se produit régulièrement lors de festivals en Érythrée et lors des jours fériés. Meles est une chanteuse de talent, auteur-compositeur et véritable diva. Avec six albums à son nom, elle est devenue l'une des artistes ayant vendu le plus d’album en Érythrée et a conquis le cœur des Érythréens et de ses fans des pays avoisinants. Elle fusionne musique traditionnelle et moderne s’inspirant des influences européennes, arabes et africaines. Un tout autre niveau d’excellence.
D’autres artistes érythréens notamment le joueur de krar Dawit Shilan, Dahab Faytinga, Asmara All Stars et Temesgen Gebreselassie – continuent d’allier musique moderne et populaire aux éléments des communautés autochtones érythréennes dans leur musique. Les styles de musique importés d'Europe, d'Amérique du Nord et ailleurs dans la région de la Corne de l'Afrique sont aussi très populaires dans les régions urbaines en Érythrée.
Sources:
[i] http://www.theguardian.com/world/2015/aug/19/eritrea-music-history-eplf-youtube-viral-pop
[ii] http://hedgait.blogspot.co.ke/2014/12/tewolde-redda-one-of-eritreas-greatest.html
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