Marseille en Afrique : les « Superwomen » du WOP prennent le pouvoir à Sorano !
Matibeye Géneviève (Tchad), Koudy Fagbémi (Bénin) et Tyrane Mondeny (Côte d’Ivoire), 3 des 5 lauréates africaines du Women Project (WOP), sont actuellement à Dakar (Sénégal), où elles ont pris part à des résidences artistiques du 14 au 20 mars, dans le cadre du programme « Marseille en Afrique », initié par Afrik'Consult et Indalo.
Dans la nuit du vendredi 18 mars, elles ont donné, avec le groupe Afro Rumba Club et des musiciens de l'Orchestre National du Sénégal, un spectacle de haute facture, dans l'antre du théâtre Daniel Sorano de Dakar.
Après leur récent séjour à Abidjan pour le Marché des Arts et du Spectacle (MASA), et tous les shows, ateliers et masterclasses qu'elles ont enchaînés sans répit ces dernières semaines, on pouvait craindre que les chanteuses du WOP ne soient exténuées avant leur show du vendredi dernier à Dakar.
Mais Matibeye, Koudy et Tyrane sont montées tout sourire et pleines d'énergie sur la scène mythique du théâtre Daniel Sorano, où elles étaient attendues dès 21 heures (GMT), par un public de connaisseurs conviés par Afrik'Consult et Indalo.
Au programme : une restitution du travail qu'elles ont abattu ces derniers jours en résidence avec le groupe marseillais Afro Rumba Club qui réunit des musiciens aux origines diverses (France, Cuba, Espagne, Burkina Faso), ainsi que l'Orchestre National du Sénégal.
Dès l'ouverture des rideaux, le collectif lance le spectacle avec des notes de rumba savamment diluées dans une fusion musicale exquise, qui plonge la salle dans une ambiance de fête.
Dans les premières créations proposées, on dénote qu'un important travail de recherche a été abattu lors des résidences. En effet, le collectif a transcrit en musique, un poème militant de la Mozambicaine feue Noémia de Sousa, qui s'est battue toute sa vie, pour la cause du peuple noir.
Un autre héros du passé africain était aussi à l'honneur dans le spectacle, l'homme politique congolais feu Patrice Lumumba, qui a été chanté sur un air apaisant de rumba, tel que l'on en produisait au cours des années 1960.
Une tempête de douceur s'abat sur les gradins du théâtre, quand la chanteuse tchadienne Matibeye prend le micro pour interpréter « Irreh », une composition personnelle dont le titre, inspiré d'une langue de son pays, signifie « Je viens ». La chanson est posée et elle tient sur des harmonies vocales qui parlent à l'âme. Son auteure y appelle les femmes à être vigilantes dans le choix de leurs conjoints…
L'ivoirienne Tyrane Mondeny est la deuxième superwoman du WOP à se mettre en évidence. Sa proposition mandingue, brûlante et cadencée, ne trahit pas le groove des rythmes populaires ivoiriens tels que le zouglou ou le coupé-décalé, bien connus pour leur aspect festif. La jeune chanteuse fait danser la salle, aidée par le ventiste Thierno Sarr de l'orchestre national du Sénégal, qui livre un récital de notes chromatiques sur son saxophone.
Après « Canto de Palo », un chant de guérison mélangeant yoruba et espagnol, ainsi que des passages langoureux de morna cap-verdienne et de rythmes afro sublimés par les jeux de Papy N'diaye (tama) et Salifou Diarra (kora), Koudy Fagbémi présente « N'djolo », une œuvre priante, empreinte d'un rythme spirituel vaudou venu tout droit du Bénin. La chanteuse se lance dans des envolées vocales transperçantes et sa danse est échevelante…
Les musiciennes du WOP et leurs collègues de l'Afro Rumba Club, ainsi que ceux de l'Orchestre National du Sénégal, bouclent la performance sur un ton très joyeux, à la satisfaction de Christophe Dal'Sasso (arrangeur big band - victoire de la musique 2021), qui a partagé la scène avec eux.
Mission accomplie donc pour Matibeye Géneviève, Koudy Fagbémi et Tyrane Mondeny, qui avaient participé en novembre dernier, à la première phase du projet « Marseille en Afrique », qui s'était tenue dans la cité phocéenne en France.
À propos de « Marseille en Afrique »
« Marseille en Afrique » est un projet initié par Afrik'Consult et Indalo. Il s'agit d'une invitation à l’ouverture au monde, un voyage musical, fait de rencontres et de création artistique, mais aussi une conscience sur les brassages et métissages entre la ville de Marseille et l'Afrique.
La résidence faite à Dakar ce mois de mars, dans le cadre du projet, prépare le spectacle (Le Grand Bal Afro Rumba Club), qui sera présenté au Festival Marseille Jazz des Cinq Continents en juillet 2022 à Marseille, les enregistrements de l'EP et de l'album Marsellando, les tournées internationales avec les artistes africains invités ainsi que plusieurs actions culturelles proposées par les partenaires.
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