« Karibu » de Gioia Kayaga ou le goût de l'universalité intérieure retrouvée
Après son album L'Art de la joie, la slameuse Burundo-belge Gioia Kayaga Joy Slam s'octroie un prolongement avec un projet teinté de rythmes et d'enracinement. Baptisé Joy Band, cet EP (mini-album, NDLR) de quatre titres ne se dérobe pas et reste fidèle aux convictions de la slameuse. Après la vidéo « Mon pays 2 », Gioia nous gratifie d'un nouveau clip « Karibu » qui consolide sa vision réunificatrice.
Dès les premières images, la slameuse nous embarque dans une aventure de coeur pour réanimer notre part d'humanité de plus en plus mise à l'épreuve. « Karibu » ni un titre béatement naïf ou innocemment optimiste. C'est surtout une ode à la rencontre qui commence par l'introspection pleine de volonté à se guérir. Pas de place au flou de l'égarement ou aux doutes du trop-plein de questionnements.
Ici, Gioia Kayaga nous donne l'impulsion nécessaire pour se reconquérir, pour se redéfinir sans se contraindre aux attentes extérieures ni aux pressions qu'on se fixe soi-même pour sembler être à la hauteur. L'intention de la chanson serait donc de nous rappeler que nous ne sommes que notre propre mesure d'émancipation.
D'autre part, l'on pourrait comprendre à travers son écriture, que l'ambition de Gioia Kayaga est de nous faire intégrer que ce que nous devenons relève beaucoup plus de l'ordre du cheminement (à faire), que de l'aboutissement (à atteindre). Cette chanson est de fait, une leçon de vie dont il faut se nourrir pour s'affranchir de ses jougs culturels, mentaux, et sociétaux.
De plus, l'énergie que dégagent la slameuse et la bande qui l'accompagne (Muco au refrain en kirundi, David Mouyal à la guitare, Angelo Moustapha à la percussion et à la basse, John Parm au beat-making) nous enivre en même temps qu'elle nous sort de la léthargie. C'est l'énergie du mouvement. C'est l'énergie de la mixité. Entre groove, rifts et références multiples ou locales.
Au-delà, plusieurs éléments sont marquants dans ce travail visuel réalisé et édité par Kakel et son équipe. D'abord, l'état d'esprit qui émane de la trame du clip. Un brin familial. Un brin amical. Un brin narratif. Un brin fédérateur.
Ensuite, les danses orchestrées par Irivuga Art de Az Dance et Savdansation. Avec des pas qui oscillent entre modernités, légèretés, traditions. Puis : les enfants (Kayanza Kids de Iwacu Dance Art) et leur joie d'être là. Avec une subversion infantile qui raconte l'avidité de la bonne humeur.
Et plus encore, ce clip interpelle par les paysages qui disent l'élégance de la nature. Par la beauté des décors du pays d'accueil et d'origine : le Burundi. Par l'ambiance aussi bien festive que rassembleuse. Par les mots du vivre-ensemble et de la quête libre de soi. Par les phrases de la slameuse qu'on garde sur le coeur comme des cartes de savoir qui enseignent la subtilité d'être d'un monde cosmopolite d'histoires. Un tout plein de sensibilités !
Au final, « Karibu », c'est l'universalité gorgée d'appartenances, de couleurs et de transversalité.
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