La musique traditionnelle en Zambie
La Zambie est un pays avec une grande diversité culturelle comprenant 73 groupes ethniques regroupés en six groupes linguistiques: Il s’agit des Bemba, Tonga, Nyanja, Luvale-Mbunda, Lozi et Kaonde.La Zambie est un pays avec une grande diversité culturelle comprenant 73 groupes ethniques regroupés en six groupes linguistiques: Il s’agit des Bemba, Tonga, Nyanja, Luvale-Mbunda, Lozi et Kaonde. La musique traditionnelle peut être étudiée à partir de plusieurs angles qui ne sont en aucun cas mutuellement exclusifs, mais plutôt complémentaires.
Ce texte offre un aperçu de la musique zambienne traditionnelle.
La musique dans la vie communautaire
En Zambie comme dans beaucoup de pays africains, la musique est généralement perçue comme un événement social ; les activités musicales appartiennent à la communauté dans son ensemble. En raison du niveau élevé de participation de la communauté, la musique est une façon légitime d’observer les habitants de la Zambie dans la mesure où ces activités musicales sont fonctionnelles et intégrales.
Le cycle de vie et la signification sociale
Il existe plusieurs exemples de rites qui accompagnent les cérémonies d'initiation. Ces rites de passage sont liés à des événements tels que la naissance, le mariage et la mort. Par exemple, des rites tels que les masques makishi du peuple Luvale et les rituels chisungu du peuple Bemba sont nés de la nécessité de transmettre aux jeunes les valeurs culturelles, les normes de la société ainsi que les leçons de vie sur les responsabilités de la vie adulte.
Les instruments de musique, servent également de miroir à la société zambienne. En tant que tel, la dynamique de la vie quotidienne a souvent servi de conditions pour la naissance et la croissance des instruments de musique. Ainsi, les méthodes traditionnelles pour assurer la prospérité, la bonne santé, la sécurité, l'ordre social ont créé le besoin de rituels qui utilisent la musique traditionnelle ethnique et certains instruments.
Rituels de bonne santé, de prospérité et de sécurité
Les rituels thérapeutiques sont fréquents en Zambie. Certains incluent l'exorcisme des esprits, tandis que d'autres, comme le rituel uwangu du peuple Luvale, sont purement thérapeutiques. Selon une certaine croyance, les personnes possédées par certains types d’esprits ont des visions et des aptitudes musicales avancées. De plus ils reçoivent des connaissances sur des herbes médicinales rares (comme le mashabe parmi le peuple Nsenga et lemyela parmi les Bemba de la province de l'Est et les Provinces du Nord, respectivement). Une grande variété de danses, de costumes, d'accessoires et de musique s'est développée grâce à ces traditions : par exemple, levimbuzades Tumbuka et leCibitiko des groupes Soli / Lenje ont grandement contribué à ce phénomène.
Contrôle et ordre social
Les arts, dont la musique, sont un mécanisme de contrôle social dans les sociétés traditionnelles. Ces valeurs concernent tous les membres de la société et sont constamment adaptées aux contextes de la vie moderne à travers des performances musicales. Par exemple, il est fréquent de voir qu'un groupe d'interprètes féminins raillent la jeunesse actuelle éduquée et prétentieuse, dans un style de chanson appelée chimtali chez les Tumbuka de la province de l'Est. De même, la danse élégante et subtile des jeunes filles Nsenga met en garde les jeunes filles contre la sexualité précoce dans cette même province. La cérémonie d'initiation chisungu dans les provinces de Luapula, du Nord et de Muchinga vise à inculquer certaines valeurs chez les jeunes filles.
Outre leur musicalité, les instruments servent également de symboles d'autorité. Par exemple, les tambours royaux (maoma) des Lozi de la province de l'Ouest symbolisent non seulement cette autorité, mais aussi expriment la stabilité politique dans la chefferie.
Instruments de musique autochtones
Il existe plus d’instruments membranophones et idiophones que toute autre catégorie d'instruments en Zambie. L'écologie de la terre détermine en grande partie quels instruments peuvent être fabriqués et joués localement. Par exemple, dans l’ouest on retrouve plus de tambours en raison des grands arbres forestiers de cette région. Les traditions musicales de la Zambie révèlent des techniques ingénieuses pour l'exploitation des vastes ressources locales, aboutissant à une grande variété de dispositifs, y compris les
instruments de musique, dont certains sont décrits ci-dessous.
Styles de musiques et danses traditionnelles
Les performances musicales sont généralement accompagnées de danses et autres mises en scène de sorte qu'il y a peu ou pas de distinction entre les noms donnés à la danse et sa musique d'accompagnement. Par exemple, la musique jouée pour la danse moba dans la province centrale est également appelée musique moba.
De même, la musique nyakasanga fait partie intégrante de la danse sociale nyakasanga de la province du Nord-Ouest. Ce style musical est chanté comme un dialogue sous forme de questions- réponses entre les hommes et les femmes du groupe, accompagné de tambours habituellement joués en groupe de cinq. Parmi les cinq tambours, il y a le tambour principal et les tambours qui accompagnent, rangés selon les niveaux de hauteur et de sonorité. LeNyakasanga dépeint les activités de la vie quotidienne dans des mouvements de danse dans une mise en scène très travaillée.
La musique Kalela est synonyme de la danse sociale kalela des habitants de Bisa, Ngumbo et Ushi de la province de Luapula. Il existe deux versions de cette danse : celle qui illustre la modernité et l'autre montrant la vie rurale. Des tambours énormes fabriqués à partir de vieux barils de pétrole sont utilisés dans ce style musical, sur un fond de coups de sifflet. Dans cette partie de la Zambie, les tambours se jouent avec des bâtons. La musique kalela est interprétée par des hommes et des femmes en une formation circulaire mimant des gestes sociaux quotidiens tandis que les chansons sont chantées sous forme d’appels et de réponses.
Le chig'ande est la musique des peuples tonga de la province du sud, elle se joue au cours d'une parade également appelée ching'ande. Elle est accompagné par trois tambours : le ngomampati et deux tusunto (singulier : kasunto). Le Ngomampati est le tambour principal qui donne le rythme aux petits tambours. Un bâton appelé lukonkoolo (pluriel: nkonkoolo) est utilisé pour frapper le tambour sur le côté. En outre, un hochet (une boîte d'étain fermée avec des pierres à l'intérieur) ou nsakalala (de longs fruits sauvages) est utilisé en plus des battements de mains.
Le vimbuza du peupleTumbuka dans la partie orientale est une musique orientale accompagnant une sorte de danse thérapeutique associée à la possession d'esprit. Une performance vimbuza n’a lieu que lorsqu’une cérémonie d’exorcisme est nécessaire. Il peut est pratiqué par des hommes ou des femmes. Conduit par la musique, un guérisseur vimbuza peut dire le type d'esprit malade qui possède le patient. Des hochets ou de petites boules de fer fournissent de beaux sons, ponctués par des claquements de mains et des chants.
Le fwandafwanda est joué dans la province centrale par les peuples Kunda, Lima, Lenje, Sala, Soli, Luano et Lala. Il est interprété par des hommes et des femmes à des fins sociales et récréatives et est accompagné de tambours et de battements de mains. Les thèmes musicaux sont généralement des sujets d’actualité, joués par une combinaison de cinq tambours rangés par la taille accompagnés de percussions et sons de sifflet.
Les femmes Lenje et Lamba de la province Centrale et du Copperbelt exécutent la manchacha. C’est une musique festive principalement jouée lors des mariages et des cérémonies qui marquent l'entrée dans l’âge adulte des jeunes filles. La musique manchacha est rapide et jouée par un ensemble de quatre à cinq tambours. En dépit d'être un genre réservée à la gent féminine, il n'est pas rare de trouver des batteurs hommes qui accompagnent les femmes pendant les performances publiques.
Exécuté par le peuple Lozi dans la province occidentale, lesiyomboka est un genre musical d'initiation réservée encore une fois aux filles. Une combinaison unique d'instruments composés de tambours (milupa), d'un bâton percussif (mukakashi), d'un tambour triangulaire en bois (singubu) et d'un xylophone (silimba) caractérise la performance de la musique siyomboka. Les tambours utilisés dans la musique siyomboka ont une forme conique et se jouent avec les mains. Les tambours kapalanga, kanjakili, sikumwata et omutuna sont les plus utilisés, tandis que l'omutuna sert de tambour principal, établissant une variété de motifs rythmiques standards. Lors d'une performance siyomboka dans laquelle le singubu joue un rôle subalterne, le kanjakili est utilisé pour accompagner. Le mukakashi est tapoté sur le côté pour produire un rythme de fond semblable aux battements de mains. En outre, le silimba est également joué par deux hommes, avec le reste des instruments. Le tout sur une mise en scène sophistiquée et accompagné par des chansons, danses et des costumes.
L’impact sur la musique populaire zambienne.
L'impact des styles musicaux traditionnels locaux sur les genres populaires est particulièrement évident notamment chez les artistes tels que le groupe Amayenge (dans des albums tels que Mao en 1989, Mangomakulila en 2006 et Chishangoen 2011), PontianoKaiche (sur Insaka en 2013); Mulemena Boys (1984 A Tribute to Late Emmanuel Mulemena), Serenjealindula Band (ElyoYalila en 1990), SakalaBrothers (sur des albums tels que Londole en 1998, Sandra en 2001, ManziAmoyo en 2002 et Born inMatero en 2013).
La plupart des musiciens populaires peuvent facilement être identifiés avec un ou plusieurs styles traditionnels locaux, en fonction de leurs orientations musicales profondément enracinées dans la tradition.
Lectures supplementaires
Jaspan, M.A. 1953. The Ila-Tonga peoples of North Western Rhodesia. African Institute, London.
Jones, A.M. 1949. African music in Northern Rhodesia and some other Places. Rhodes–Livingstone Institute.
Kay, G. 1967. A Social Geography of Zambia. University of London Press.
Lamba, P.F.M. 2010. Dance Africa Study Guide on Zambian Music and Dance. New York City: Brooklyn Academy of Music
Macnamara, C.J. 1912. Natives of the Zambezi.
Mapoma. I.M. 1974. Ingomba: The Royal Musicians of the Bemba people of Luapula province in Zambia. M.A. Thesis. University of California, Los Angeles, USA.
Mensah, A.A. 1971. Music and Dance in Zambia. Zambia Information Services.
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