FrancoFonic, le droit de réponse musical signé Nicolas Job
Dans son maxi de 5 chansons présenté le 20 septembre à Dakar, Nicolas Job parle de l'extrémisme religieux, d'amour et des commérages hélas trop fréquents en Afrique. Retour sur quelques sensations perçues et sur des échos produits par 2 chansons de FrancoFonic, la plus récente œuvre de l'artiste qui se définit comme un poète urbain.
Le titre « Ange étrange » est une métaphore, un récit de la vie telle qu'elle est : enrichie par des rencontres, des convergences, des aides visibles et invisibles...
Les anges ce sont parfois des alter-égos, des échos de soi. Des inspirations venant des confins de l'univers, des ancêtres ou de Dieu, des chuchotements qui guident, qui aident à s'améliorer.
Quand Nicolas rajoute le qualificatif « étrange » c'est pour mettre en lumière les ténèbres que les créatures angéliques qu'il décrit peuvent avoir. « Ange étrange » c'est le reflet de soi, le reflet de Nicolas qui s'obscurcit quand l'artiste est lumineux. Ce reflet est lumineux quand Nicolas sombre dans la déprime.
Nicolas se demande s'il peut se sauver de lui. Le slameur invite le public, les mélomanes à questionner leur nature profonde et à observer. À rentrer en eux mêmes pour effectuer un travail quasi alchimique : séparer les ténèbres de la lumière. « Ange étrange » est également une invitation à plonger au plus profond de soi pour retrouver l'atome primordial, l'étincelle de lumière divine luisant avant et pendant la chute dans la matière.
Cette étincelle qui brille tout au long de la vie, même dans les périodes les plus sombres où l'âme est ravagée par le désespoir. Cette étincelle divine qui dans ces crises abyssales chuchote « garde la foi, avance, tout va s'arranger ». Cette étincelle divine qui, un jour, quitte son tombeau de chair et de sang pour rentrer chez elle, retourner vers l'infini.
L'ange étrange de Nicolas est un mélange de deux concepts : d'une part l'ange gardien et d'autre part la partie évanescente de l'humain composée de l'esprit et de l'âme. Cette dernière étant l'entité intermédiaire permettant la communication entre les corps lumineux/divins et les corps ayant les vibrations les plus lentes.
Les sociétés africaines sont orales. Mais hélas, l'oralité contemporaine n'est plus faite que de paroles : fusant dans tous les sens, s'éparpillant dans toutes les directions.
L'oralité africaine contemporaine ne contient que rarement le verbe : orienté car venant de l'origine de la vie et y retournant. L'oralité africaine contemporaine s'est coupée du centre générateur, gravitationnel, point d'où part le génie, la gnose.
L'oralité africaine contemporaine a oublié que parler en utilisant le verbe, donc en orientant ses mots c'est continuer la création. Ce retour dans l'ignorance est perceptible au quotidien, il s'appelle le commérage. Cette pratique fait des ravages. Elle consiste à parler sans comprendre, à parler sans connaitre, à parler pour blesser.
Nicolas tourne en dérision ce bavardage en reprenant le titre « On dit que je ne suis pas sage ». L'artiste solde ses comptes, lui qui dans une autre vie, en tant qu'animateur dans une précédente radio, a été plusieurs fois roué de coups verbaux, de rumeurs et de calomnies au point qu'il a préféré démissionner, prendre du recul.
« On dit que je ne suis pas sage, que j'ai les dents bien aiguisées » car l'ambition fait partie de ces talents que l'on approuve chez les gens que l'on aime, mais que l'on condamne fermement chez les personnes jugées peu conformes à la vision de la norme, du politiquement correct en vigueur.
« On dit que je ne suis pas sage » pose un problème ancien et universel car l'actrice Jeanne Moreau a sorti cette chanson en 1998, sur l'album Jeanne chante jeanne pour répondre aux harcèlements médiatiques.
Sachant qu'initialement la chanson « on dit que je ne suis pas sage » a été composée par Laure Briard sur l'album Sorcellerie. On pourrait reprendre une expression populaire récemment née en Afrique centrale en disant : « la vraie sorcellerie c'est quand des gens donnent l'impression de mieux connaitre ta vie que toi ! ».
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