ACCES 2017 - Panel : conflits et musique
La seconde journée de la conférence ACCES, a vu se tenir un panel sur les conflits et leurs incidences sur la musique du continent.
L’Afrique a connu ces dernières années, de nombreuses crises militaro-politiques qui ont affecté les personnes et leurs modes de vie. À l’occasion de sa conférence ACCES, la Fondation Music in Africa a ouvert samedi dernier, un échange sur le thème « les conflits et leurs effets sur notre musique ».
Pour parler de la question, les artistes Adé Bantu du Nigeria et Ousmane Ag Mossa du Mali, ainsi que les acteurs culturels Mamou Daffé du Mali et Jama Musse Jama de la Somalie. Le débat a été modéré par Eddie Hatitye, directeur de la Fondation Music in Africa.
Mamou Daffé fondateur du festival du Niger, a exposé les difficultés auxquelles son équipe et lui ont été confrontés dans l’organisation de leur événement, qui a lieu chaque année dans la ville de Ségou (Mali).
En effet, l’invasion d’une partie du pays par des djihadistes qui ont semé la terreur et ont interdit toute forme de manifestation artistique, les a contraint à suspendre le festival en 2012 et 2013. Mais il pense que d’une certaine façon, les conflits favorisent la créativité artistique. Mamou Daffé qui a cité le bel exemple des griots mandingues, qui ont naguère participé à l’édition de la charte du Mandé pour la paix, a été rejoint dans son raisonnement par l’artiste nigérian Adé Bantu.
De nombreux artistes nigérians ayant fait succès ces dernières années, seraient originaires d’une région aujourd’hui fortement attaquée par le groupe Boko Haram. Difficile selon Adé Bantu, de dissocier leur succès musical de cette situation conflictuelle, qui les a sans doute inspirés dans leur art.
Ousmane Ag Mossa le chanteur du groupe Malien Tamikrest, a dénoncé en passant l’injustice et la corruption, qu’il considère comme les nœuds de nos conflits et de nos crises. Il en appelle à une meilleure gouvernance du continent, pour que les Africains plus jamais ne se retrouvent dans des situations misérables, comme celle de ces migrants vendus aux enchères en Libye.
Pour Jama Musse Jama, la musique qui adoucit les moeurs, est un remède efficace contre les conflits. Il demande aux artistes qui font partie des personnes les plus écoutées du continent, de diffuser des messages de paix et des mots qui pourraient faciliter la cohésion.
Le public a lui aussi participé à l'échange. L'artiste camerounais Serge Maboma qui était présent, a expliqué qu'il a décidé avec son collectif, d'aller chanter sur les fronts de guerre du Cameroun, pour motiver les troupes nationales à combattre les envahisseurs. Un projet fortement acclamé.
Pour clôturer le panel, Eddie Hatitye a présenté le projet Music In Africa Connects (MIAConnects), qui est une initiative polyvalente de développement. Elle vise à soutenir le secteur musical de pays africains touchés par des conflits.
Le projet a été mis en œuvre par la Fondation Music In Africa avec des partenaires dans 7 pays, à savoir le Tchad, le Mali, le Niger, le Nigeria (Nord), la Somalie, le Soudan du Sud et le Soudan. Il est soutenu par le ministère allemand des affaires étrangères et par la Fondation Siemens-Stiftung.
Le projet s'étend sur une période de deux ans, de 2017 à 2018.
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