A’salfo : « Akwaba – venons célébrer l’Afrique unie à la CAN » !
Alors qu’il préparait l’« Akwaba Tour » avec sa formation légendaire du Magic System, le chanteur ivorien A’saflo a accepté de nous accorder quelques minutes pour parler d’« Akwaba », l’hymne officiel de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football, qui se tiendra au début de 2024 en Côte d’Ivoire.
Au nom de l’« institution » Magic System qu’il représente, l’interprète de « Premier Gaou » a repris le mot « Akwaba » qui signifie « la bienvenue » dans la langue Baoulé en Côte d’ivoire, pour inviter l’Afrique entière à l’unité véritable.
Bonjour A’salfo ; pour annoncer les couleurs de la prochaine édition de la Coupe d’Afrique de Football, votre groupe, Magic System a enregistré l’hymne officiel de la compétition, titré « Akwaba », avec la Nigeriane Yemi Alade et l’Égyptien Mohamed Ramadan. Voulez-vous nous raconter l’histoire de cette collaboration ?
Bonjour Jean de Dieu ; ce projet repose sur une vision qui va bien au-delà de la simple dimension sportive ; il nous fallait fédérer toute l’Afrique derrière un hymne, une chanson…
La responsabilité a été confiée à Magic System, mais pour atteindre le grand public du continent, il nous fallait émettre notre message dans toutes les langues.
Nous avons donc contacté Yemi Alade pour parler aux nations anglophones et Mohamed Ramadan pour celles arabophones.
La collaboration a donc été pensée pour refléter une Afrique unie, qui sait transcender les barrières linguistes et/ou culturelles pour marcher vers un idéal commun. C’est cela, le message fort de ce projet...
On connaissait déjà Yemi Alade, pour l’avoir une fois invitée à notre Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA). Mais « Akwaba » a marqué notre toute première rencontre physique avec Mohamed Ramadan.
C’est une star dans l’univers arabophone que nous maitrisons peu et donc c’était une curiosité pour nous de travailler avec lui ; mais la connexion été naturelle.
J’ai pu mesurer la magie de réseaux sociaux qui crée des amitiés entre nous, avant même que nous ne nous rencontrons. Quand Mohamed est arrivé, c’est comme si on se connaissait déjà depuis longtemps.
Nous avons travaillé dans une ambiance bon enfant et vous avez sûrement constaté la complicité du collectif panafricain lors du show que nous avons donné en live à la récente cérémonie de tirage au sort des poules de la CAN 2024…
D’un point de vue strictement artistique, vous avez travaillé avec le producteur Dany Synthé sur une sorte de champeta/pop comme sur votre tube « Magic in the air ». Pourquoi, A’Salfo, ne pas avoir proposé du zouglou sur « Akwaba », pour annoncer cette grande fête du football que le pays de éléphants va accueillir ?
C’est certainement la question que beaucoup se poseront légitimement ; mais je le rappelle, l’objectif sur « Akwaba » est de fédérer l’Afrique.
Ce n’est pas une chanson pour la Côte d’Ivoire mais pour tout le continent, et pour cela, nous sommes allés vers quelque chose de plus global. Nous avons voulu faire une chanson de stade, facile à apprendre et à danser tant pour l’Ivoirien, que pour le Nigérian, l’Algérien ou encore l’Égyptien.
C’est certes la Côte d’Ivoire qui organise la compétition, mais elle appartient à l’Afrique et les convives viendront des 4 coins du continent.
En 2006, quand il fallait soutenir nos éléphants dans leur campagne pour la coupe du monde, nous leur avons chanté du zouglou. Mais là il est question d’une compétition continentale et la nuance est nécessaire pour comprendre notre démarche artistique.
« Magic in the air », avec sa musique champeta, a fait danser des gens même en Russie et c’est cet effet que nous espérons pouvoir créer avec « Akwaba ».
Pour faire danser les gens lors de la coupe du monde de football en 2010, Shakira n’a pas forcément opté pour du chant zulu parce que l’Afrique du Sud accueillait la compétition.
Elle a juste proposé quelque chose d’universel…
Magic Sytem semble bien proche de l’univers du football. Vous avez chanté avec les éléphants de la Côte d’Ivoire en 2006, animé le show de la grande victoire de la France au mondial 2018 et là, vous chantez pour la grande fête du foot africain. Pourquoi tant de proximité avec cette discipline sportive ?
C’est notre amour d’enfance qui nous rattrape !
Au départ, nous étions tous footballeurs et nous avons même joué dans des centres de formation. Mais finalement nous sommes allés vers la musique.
Il faut savoir que la culture et le sport ont pour point commun de fédérer les gens et pour cela, ce sont 2 univers qui se côtoient inlassablement.
Artistes et sportifs, nous sommes toujours très amis et très proches. On devrait d’ailleurs trouver une formule pour associer les cérémonies de remise des disques d’or avec celles des ballons d’or, ce serait trop bien (rires).
A’salfo, il y a sur YouTube, les vidéos de votre interprétation live d’« Akwaba » à la soirée de la Confédération Africaine de Football (CAF), ainsi que la version audio du morceau. À quand le clip vidéo officiel ?
Il est actuellement en finition !
Le temps a été très court pour la prise d’images avec nos artistes invités qui devaient très vite repartir pour leurs occupations.
Le montage est actuellement en cours, mais vous savez que ce genre de projet doit être fait avec minutie, car chaque élément est revu par le menu détail pour assurer une production de qualité.
Nous demandons donc à nos fans de prendre leur mal en patience, le clip arrive !
Nous avons beaucoup de bons danseurs en Côte d’ivoire ; un challenge sera peut-être lancé aussi, pour voir qui de l’univers du coupé-décalé ou du zouglou nous trouvera les meilleurs pas que les gens danseront du 13 janvier au 11 février 2024 pendant la compétition.
En dehors du projet très fédérateur d’« Akwaba », envisagez-vous d’entrer également en studio pour une chanson uniquement en l’honneur des éléphants ?
On ne va pas être trop gourmands (rires) ; l’honneur nous a été déjà accordé d’enregistrer l’hymne pour tout le monde, donc nous allons laisser la place à nos petits frères pour faire le reste.
Ils sont déjà nombreux à être en studio en ce moment, pour chanter en l’honneur de notre équipe nationale et nous allons suivre tout cela.
Pour le reste, même si nous n’enregistrons pas de chanson, tout le monde le sait, nous supportons la Côte d’Ivoire !
Croyez-vous que les éléphants remporteront le tournoi ?
On ne peut pas organiser une CAN pour la perdre ! Nos amis du Cameroun ont accueilli la dernière édition et ils sont allés jusqu’en demi-finale…
Pour nous, il est absolument question de faire mieux que nos « beaux-frères », sinon, nous ferons l’objet de leur raillerie.
Imaginez seulement que l’on ne remporte pas le trophée, ils se paieront bien nos têtes (rires)…
A’salfo, un dernier mot à nos lecteurs de tout le continent ?
La CAN est une occasion pour nous, de nous rencontrer et nous connaître un peu plus…
Lors de cette compétition sportive, on apprend à célébrer ensemble nos victoires et à nous soutenir dans l’échec…
Oublions donc nos guerres, nos coups d’état, nos divergences ethniques et politiques, et toutes ces tensions qui enrichissent la narration négative sur notre beau continent.
Venons tous nous mettre à la table de l’unité pour cette grande fête qui va consacrer le savoir-faire africain !
On va se faire des accolades dans les stades et se retrouver après dans les maquis ivoiriens pour manger de l’attieke et de l’alloco, toujours dans la bonne humeur.
Rassurez-vous, la Côte d’Ivoire est championne d’Afrique de l’accueil et de l’ambiance, et nous sommes déjà prêts à vous recevoir !
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