5 questions à Magali Palmira, opératrice culturelle au Gabon
Magali Palmira Wora est manager d’artistes et opératrice culturelle basée à Libreville (Gabon). Elle a accompagné plusieurs artistes de son pays. Fondatrice du label panafricain Real Black Music, Magali organise à travers le continent des ateliers sur le management d’artistes.
Depuis combien d’années travaillez-vous comme manager d’artistes et quels sont les artistes avec qui vous avez collaboré?
Je suis manager d’artistes depuis 2001. J’ai travaillé entre autres avec la chanteuse gabonaise Naneth qui a été finaliste du Prix Découvertes RFI 2005, et qui a été primée aux Kora Music Awards dans la catégorie « Meilleure artiste féminine Afrique centrale » la même année.
Plus tard, j’ai eu à charge le groupe de rap Secta’a que j'ai accompagné à de nombreux festivals en Afrique notamment le Waga Hip Hop Festival (Ouagadougou 2007), les Hip Hop Awards (Lomé 2007) ainsi que le festival le Rap Aussi (Conakry 2006 & 2007).
Je me suis également investit dans le gospel urbain avec Mélina Ondjani, Didier Kompani, Arnaud Nzamba et Morgan; j'ai coproduit le premier maxi-single de la chanteuse Carlam.
Je suis actuellement manager de l’artiste Prince Mo, dont ma structure Real Black Music a produit l’album Live and Believe avec lequel il a été finaliste du Prix Découvertes RFI 2017. En 2011 j’ai décidé de moins accompagner les artistes mais d’en former plutôt et de me concentrer beaucoup plus vers l’administration et le management de projets culturels. J’organise fréquemment des ateliers sur le management d’artistes, je m’apprête à sortir un guide sur ce sujet.
En tant que manager quels sont les défis auxquels vous faites face dans l’exercice de votre métier ? Est-ce qu’il y a une loi dans votre pays qui encadre cette profession ?
En tant que manager, nous travaillons à développer des carrières et à vendre les œuvres d’artistes sous un format commercial spécifique dépendant de la cible.
Une de nos faiblesses est qu’il n’y a pas réellement d’écoles de managers d’artistes au Gabon. À ce jour, ce métier s’apprend sur le tas par l’expérience et la participation à quelques formations courtes. Ceci conduit à beaucoup d’amateurisme et de manque de professionnalisme de ceux qui accompagnent les artistes en Afrique. D’où mon initiative d’écrire un guide sur le management artistique.
Le statut juridique du manager est complexe dans la mesure où notre travail n’est effectif que quand un artiste nous a mandaté de le représenter. En l’absence de mandat d’un artiste nous ne pouvons pas nous prévaloir d’être son manager. Nous sommes donc considérés avant tout comme des opérateurs culturels. Et malheureusement au Gabon, il n’y a pas encore de loi qui encadre l’activité d’opérateur culturel. Certainement des efforts sont déployés dans ce sens vu que l’adoption de la loi sur le statut de l’artiste est en cours.
Que représente pour vous la journée internationale de la femme ?
Célébrer la femme, c’est célébrer le fait que nous sommes capables d’être des mères, des épouses et des chefs d’entreprises. Cependant, nous devons aussi en tant que femmes qui éduquent les générations de demain, prendre notre destin en mains. Trop de jeunes filles évoluent dans la vie en s’imaginant que l’homme pourvoira à tout et qu’elles n’ont pas leurs rôles à jouer dans la société.
Nous ne devons pas négliger l’instruction. Une femme instruite et qui après devra transmettre la même instruction à ses enfants sera profitable pour notre société.
Quelles sont les difficultés auxquelles les femmes font face dans le secteur de la musique en Afrique et en particulier dans votre pays ?
Je suis au regret de constater que les femmes sont grandement absentes des maillons essentiels de l’industrie musicale bien que le phénomène soit en train de changer progressivement de manière généralisée en Afrique francophone sous l’impulsion de l’Afrique anglophone qui elle revalorise plus les femmes en les nommant à des postes clés.
L’une des plus grandes difficultés est que la femme est reléguée au rang d’exécutante et non à celui de la prise des décisions. Alors que, en tant que manager culturel, les maitres mots sont objectivité, pragmatisme et action.
À cela, nous devons ajouter le sexisme et les préjudices que vivent les femmes. Autrement dit certaines « facilités » ne sont accordées à certaines femmes dans le secteur musical qu’à condition d’accepter des liaisons amoureuses ou des avances sexuelles clairement proposées ou sous-entendues.
Enfin, il est difficile pour certaines femmes d’allier vie de foyer et les contraintes artistiques que peuvent être des enregistrements de studios longs et tardifs ou des tournées de plusieurs jours, à moins d’avoir un entourage compréhensif.
Quels changements doivent être mis en place pour y remédier ?
De manière réaliste, j’ai pour habitude de dire que le vrai changement qui ferait avancer l’Afrique francophone c’est d’abord le changement de mentalité et non l’adoption d’une batterie de mesures qui souvent ne restent que sur papier et s’illustrent trop peu souvent sur le terrain.
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