Fanie Fayar : « Je puise mon inspiration dans les réalités de la vie quotidienne »
La médaille d'or décrochée lors des huitièmes jeux de la francophonie à Abidjan en Côte d'Ivoire en 2017 lui a valu d'être élevée au rang de chevalier dans l'ordre du mérite national congolais. Ce prix a aussi permis à l'auteure-compositrice et interprète Fannie Fayar, originaire du Congo-Brazzaville, de se révéler à un plus large public.
À l'occasion de la sortie de son tout premier album solo, Boyamba ngai, qui veut dire « Veuillez m'accueillir », en lingala (langue parlée en RDC et au Congo-Brazzaville), ainsi que la mise en ligne de son clip officiel, nous nous sommes posé un instant avec elle pour parler musique.
Qui est Fanie Fayar ?
Fanie Fayar est une artiste musicienne congolaise, qui fait de la musique de fusion dite world music. Je suis auteur compositrice, danseuse interprète multi-instrumentiste
Peux-tu nous raconter ton parcours musical, de tes débuts au sein d'une chorale chrétienne jusqu'à ton sacre à Abidjan ?
J'ai débuté dans une chorale catholique dite la Colombe dès l'âge de 14 ans où j’ai fait la rencontre de Sylvain Scafio (artiste congolais, auteur entre autres du morceau « Ganta Bantu ») qui m'a appris les véritables bases musicales ainsi que les techniques vocales. Je le considère comme mon professeur, formateur et maitre.
En l'an 2000 on m'a proposé d'intégrer le groupe Yela-wa. Au départ j'étais réticente, mais j'avais fini par accepter. C'est en tant que membre de ce groupe que j’ai participé à la troisième édition du Marché des arts du spectacle africain (MASA) en 2001 en Côte d’Ivoire. En rejoignant cette formation, j'ai appris à jouer au tam-tam, à danser etc...
J'ai quitté Yela-wa pour être co-fondatrice du groupe Tandala, dans lequel j'ai appris à jouer aux instruments traditionnels, je m'y suis aussi perfectionnée autant à la danse qu'au chant.
Pour des raisons diverses, j’ai dû quitter ce groupe pour intégrer un autre, Nkota, où j’étais l'unique femme et leader vocal. Dans Nkota, j'ai reçu en 2007 le « Tam-tam » d'or Prix spécial du jury. j'ai participé à la réalisation de deux albums Tobé et Je n’irais pas là-bas.
Je me suis par la suite déplacée pour la France et à mon retour j’ai jugé bon de démarrer une carrière solo, nous étions alors en juin 2014.
En mai 2015, j'ai donné mon tout premier spectacle solo dans la grande salle de l'Institut français du Congo. En 2016 j'ai joué à plusieurs manifestations à Brazzaville. Et en 2017 j’ai débuté l'année avec une belle prestation à l'espace Songui Songui à Brazzaville. Puis à Douala (Cameroun) au salon voix de Fame mis en place pour valoriser les chanteuses de l'Afrique centrale. J’ai aussi participé aux 8e Jeux de la Francophonie à Abidjan (Côte d’Ivoire) en 2017, qui sont pour moi des moments inoubliables. Ils m'ont ouvert beaucoup de portes car j'en suis parti avec une médaille d’or.
Boyamba Ngai, ton premier album solo sera bientôt dans les bacs, peux-tu nous en dire d'avantage sur sa couleur musicale ?
Boyamba Ngai est riche en thème et en rythmique tout le monde peut s'y retrouver. L’album est une fusion de plusieurs musiques qui ont pour base les rythmes traditionnels de chez nous. Ce que l'on appelle dans le jargon musical, de l'afro-fusion ou de la world fusion. C'est un disque résolument riche linguistiquement, j'y interprète des chants en Lingala, Lari, Sango, Bambara, Wolof, Mbochi ou encore en Bouissi pour ne citer que celles-là.
Combien de chansons composent cet album, et comment s'est fait le choix des morceaux qui vont y figurer ?
L'album est composé des huit titres, notamment « Boyamba ngai », « Nzapa Singuila, « Bakana sega » et « Kani Muntu ». Le choix des morceaux était basé sur les différents thèmes et langues utilisés.
Qui sont les artistes qui t'ont accompagné et aidé à la réalisation de cet opus ?
De nombreux artistes ont contribué à la réalisation de ce disque. On pourrait citer, Sauveur auteur-compositeur de « Boyamba ngai », Claude Kouloufoua alias Claude Koulou, guitariste, directeur artistique et arrangeur,
Paraclet Nzila pianiste, Celmar Nsayi Bassiste, Christ Mbounfounia, batteur, Dady et Magnom, percussionnistes, Alcecia Bounfounia et yann Boumba, choristes. Kevin Moussoki medaillé d'or aux jeux de la Francophonie catégorie conte, Josh Djido, le co-producteur et bien d’autres.
Je les remercie tous, ainsi que ceux qui nous ont soutenu moralement et spirituellement.
Tu joues de plusieurs instruments traditionnels (sanza / balafon / tam-tam etc...) mais quel est ton instrument de prédilection ?
Mon instrument de prédilection c'est celui que je ne joue pas, à savoir la guitare. Juste après vient le balafon.
Ou puises-tu ton inspiration ?
Je puise mon inspiration dans les réalités de la vie quotidienne, de ce que nous vivons et de certaines mélodies. Mais surtout de mes propres histoires. Mon fils m'inspire.
En dehors de la musique, il y a-t-il d'autres domaines artistiques qui te passionnent ?
Bon, pas vraiment sinon à 20% le théâtre et à 30% la danse. La musique reste ma passion première, à travers elle j'ai pu vivre des moments exceptionnels de partage avec d'autres artistes de talent tel que Mbilia Bel, Fredy Massamba, Doudou Copa ou encore Joss Stone.
Peu de chanteuses congolaises brillent sur la scène internationale, alors même que vous êtes nombreuses à exercer ce métier. Pourrais-tu nous éclairer sur ce manque de visibilité nationale aussi bien qu'internationale ?
Je pense que c’est une question de temps. Mon temps à moi est arrivé, je ne peux pas le refouler. Mais c'est avant tout une question de détermination, d'objectivité, de croyance (je crois beaucoup en ce que je fais) et c'est aussi une question de travail parce que quand un travail est bien fait, nul ne peut s'obstiner à le nier.
En outre, je ne me focalise pas sur les difficultés que je rencontre au contraire elles me poussent à aller de l'avant. Il faut aussi noter que j'ai commencé ma carrière longtemps avant que n'émergent certaines chanteuses de ma génération. Ce que je vis actuellement est le résultat de mon acharnement au travail. Tout ce que vous voyez aujourd'hui est le fruit d'un travail de longue haleine.
Tu animes des ateliers de chant à l'Institut français du Congo, envisages-tu une reconversion dans l'enseignement ou est-ce simplement une prolongation de ta passion ?
C'est juste une prolongation de ma passion. Cela a toujours été un plaisir pour moi de partager ma connaissance avec ceux qui en ont le plus besoin. Je mêle ainsi l'utile à l'agréable. C'est un véritable plaisir pour moi de savoir et de réaliser que j'ai déjà formé et accompagné beaucoup de gens.
Où doivent se rendre les mélomanes désireux d'acquérir ta musique ?
On communiquera dès que possible. Mais il sera en principe vendu sur toutes les plateformes de téléchargement légal dès janvier prochain.
Tu étais dernièrement sur scène aux côtés de Youssou N'Dour à Paris (France), une tournée européenne est-elle prévue pour les mois à venir?
Une tournée est prévue pour 2019 - 2020, s'il plaît à Dieu.
Article publié par Marina Tsonga le 10 septembre 2018 sur le blog Young Gifted and Black
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