L'Afrique pleure Johnny Clegg
Le légendaire musicien sud-africain Johnny Clegg est décédé hier à l'âge de 66 ans.
Né le 7 juin 1953, Johnny Clegg est décédé chez lui à Johannesburg, en Afrique du Sud, des suites d'un cancer du pancréas, diagnostiqué en 2015.
« C’est avec une immense tristesse que nous vous confirmons que Jonathan (Johnny) Clegg a succombé au cancer du pancréas à l’âge de 66 ans, dans l’après-midi du 16 juillet 2019, dans sa maison familiale à Johannesburg, en Afrique du Sud », a déclaré Roddy Quin, porte-parole de la famille Clegg.
« Johnny laisse des empreintes profondes dans le cœur de chaque personne qui se considère africaine. Il nous a montré ce que c'est d'assimiler et embrasser d'autres cultures, sans jamais perdre son identité. Il a été un véritable anthropologue, qui a su utiliser sa musique pour parler aux gens. Avec son style unique, il a traversé des barrières culturelles comme très peu de personnes ont réussi à le faire. Il a conscientisé beaucoup d'entre nous ».
Les messages saluant la mémoire de l'artiste sud-africain, affluent sur les médias sociaux depuis hier soir.
« Je suis très peiné d'apprendre le décès de Johnny Clegg, avec qui j ai partagé des scènes et des causes fortes », a déclaré le chanteur sénégalais Youssou N'Dour sur sa chaîne Facebook officielle. « Il a marqué à jamais le monde par sa lutte anti-apartheid très audacieuse et nous lui serons éternellement reconnaissants pour sa chanson Asimbonanga ».
« Nos condoléances aux proches et fans de Johnny Clegg qui est décédé aujourd’hui. Qu’il repose en paix ; rest in peace Johnny Clegg », a pour sa part écrit la star malienne Salif Keïta, sur son compte Facebook.
Johnny Clegg, également appelé le « Zulu blanc », a effectué sa dernière tournée en 2017 et il a été honoré par un groupe de 50 musiciens, africains et internationaux, qui ont sorti un remake du titre « The Crossing », tiré de son album Heat, Dust and Dreams (1993).
Sa passion musicale naît en 1967, au côtoiement de Charlie Mzila, un musicien sud-africain qui attise son profond amour pour la culture et la langue zoulou. À 15 ans, Clegg commence à maîtriser les styles de guitare maskandi et la danse isishameni. Son association avec Mzila et d'autres artistes noirs lui valent des ennuis avec les autorités et il est même arrêté pour non-respect des lois de l'apartheid, mais Johnny Clegg poursuit son rêve.
À 17 ans, il rencontre un travailleur migrant zoulou nommé Sipho Mchunu. Les deux jouent ensemble et forment le groupe Juluka en 1969. Leur premier single, « Woza Friday », sort en 1976, suivi de 8 albums studio et 3 compilations. Le groupe, qui compte neuf membres supplémentaires, fait face à la résistance du gouvernement et voit sa musique interdite par la Radio Bantu en Afrique du Sud.
En 1985, Juluka se sépare, mais Johnny Clegg poursuit sa carrière musicale et crée le groupe Savuka, qui lui permet une forte exposition et un succès international. Le groupe sort des albums à succès comme Third World Child (1987), Shadow Man (1988), Cruel, Crazy, Beautiful World (1989) et Heat, Dust and Dreams (1993).
Comme Juluka, Savuka rencontre des ennuis avec le gouvernement après la publication du titre « Asimbonanga » (1987), dédié aux leaders noirs Nelson Mandela, Steve Biko et à d’autres militants anti-apartheid. Les membres du groupe sont été arrêtés en plein concert par les forces de l'ordre.
En 1988, Savuka effectue une tournée en Europe et cartonne, notamment en France. Ils deviennent le deuxième groupe sud-africain le plus vendu à l'extérieur de l'Afrique du Sud, après Ladysmith Black Mambazo. Mais la formation se sépare après la mort de son percussionniste Dudu Zulu en 1992. Savuka enregistre « The Crossing » en hommage au musicien.
Johnny Clegg s'est alors épanoui en solo, parcourant le monde pour des concerts très appréciés. En 1999, il est même rejoint sur scène par le président sud-africain Nelson Mandela pour interpréter le célèbre « Asimbonanga », que presque toute l'Afrique a fredonné. Il a vendu plus de 5 millions d'albums au cours de sa carrière.
Le Zulu blanc laisse dans le deuil Jenny, son épouse depuis 31 ans, et deux fils, Jesse et Jaron.
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