À cœur ouvert avec Floby
À Munich, en Allemagne, dans le cadre d’un concert avec la diaspora africaine, l’artiste burkinabè Floby a saisi l’occasion pour nous accorder une interview. Dans cet entretien, à cœur ouvert, il revient sur son avenir dans la musique, sa relation avec sa maison de production, ses doutes, ses craintes…
Quelle est l’actualité de Floby ?
Je suis en bonne santé par la grâce de Dieu et je suis actuellement en préparation de concerts qui doivent se tenir au Palais de la Culture d’Abidjan en Côte d’Ivoire et plus tard pour le Stade du 4-août au Burkina.
Floby organise aussi depuis quelles années le Baba Village qu’est-ce qui justifie ce choix d’être aussi dans l’événementiel ?
C’est une contribution à l’évolution de la chose culturelle burkinabè. Ma participation à la promotion de la musique burkinabè, notamment la musique traditionnelle. C’est pourquoi j’ai créé ce festival.
La musique traditionnelle burkinabè inspire beaucoup, moi personnellement, c'est le cas. Je pense que c’est une valeur sûre de notre culture mais qui n’a malheureusement pas beaucoup de place pour s’exprimer. J’ai donc créé ce festival pour donner de la chance à tous ces artistes qui œuvres dans le domaine traditionnel, pour leur donner un peu de lumière.
Après plus de 10 ans de carrière les mélomanes s’impatientent de voir Floby au-delà des scènes de Ouaga et sous-régionales, que peut-on espérer avec toi sur le plan international prochainement ?
Vous savez, on réalise un rêve et on donne naissance à un autre rêve. Il n’y a pas d'artiste qui ne rêve pas d’être international. Le Burkina Faso m’a mis à en lumière en me donnant ce que j’ai, mais le Burkina Faso seul ne me suffit pas, c’est vrai. Pour dire qu’on réalise un rêve et on espère encore. On rêve encore.
Au début, Floby ne voulait juste qu’être un artiste, connu dans son pays. Avec le concours de tous et la bénédiction de Dieu tout puissant je n’ai plus rien à prouver au Burkina Faso. Mon rêve aujourd’hui est de toucher d’autres horizons et je me bats tous les jours pour ça. Voilà pourquoi j'ai signé avec la maison de production Keyzit.
Dans ma carrière, il y avait quelque chose qui manquait et je me suis dit qu’avec Keyzit j’allais toucher d’autres frontières et je pense que je suis sur cette lancée. Depuis plus d’une décennie je suis au-devant des choses au Burkina Faso et je rêve encore, mais je ne sais pas ce qui bloque. J’ai plusieurs fois joué dans des salles en Europe mais il manque quelque chose encore et j’espère qu’avec le concours de tous on va percer ce mystère.
Avec Merveilles production, puis Keyzit mais on ne voit rien de concret jusque-là sur le plan international ; dans quelles conditions travaillez-vous ?
Mais…. Bon, je fais confiance. Merveilles production qui est une maison de production et de management qui me manage depuis plus de 10 ans que je félicite, car elle se bat jour et nuit pour qu’on perce le mystère. Keyzit aussi je pense qu’ils ont leur façon de travailler donc je ne mets pas la pression.
Je me dis que ça va aller. Vous savez que très pressé on arrive en retard. Je me dis qu’ils partent lentement, je me dis qu’ils partent sûrement aussi. Donc je leur donne le temps nécessaire pour m’aider à réaliser ce rêve-là. C’est ce qui m’a poussé à signer avec eux.
Donc je me dis que quand ils verront cette interview, ils comprendront que Floby attend toujours. J’ai fait ma part des choses ; pour le reste du boulot, la balle est dans le camp de Keyzit et de Merveilles production.
Que feras-tu s’ils n’y arrivent pas bientôt ?
On va courir encore. On va courir et on va espérer. Comme je le disais tantôt, on réalise un rêve et on continue de rêver. Et j’espère qu’avec l’aide de Dieu et votre soutien on va tomber sur la bonne personne.
Floby à Ouaga, c’est par moments des polémiques ; la dernière en date c’est ta participation aux funérailles de DJ Arafat, comment tu vis tout cela ?
Au début c’était difficile, compliqué pour moi de comprendre ces choses-là. Avec le temps j’ai compris que tous les artistes vivent cela. J’ai compris que tous les hommes publics sont passés par là.
Au début, quand on disait que Floby a fait ceci je m’enfermais. C’est triste, mais j’ai compris. On n’anéantit pas une personne avec des armes ou des tirs. On peut te faire tout arrêter à travers des paroles. Moralement on peut t’anéantir. J’ai compris que si je me laissais aller j'allais m’arrêter, donc je prends ça comme des sources d’inspiration et j’écris mes morceaux.
Actuellement je suis vacciné contre tout ça. Floby est le plus médiatisé et donc c’est normal qu’il y ait aussi des rumeurs. Moi je continue d’élaborer des bons projets pour ma carrière.
Tu penses que des personnes t’en veulent, si oui qui ?
Euh… Je ne sais pas. Comme vous savez, dans tous les domaines il y a des couacs. Du moment que personne n’est venue me dire « Floby, je t’en veux » moi je pense juste que c’est parce-que je suis exposé. C’est sûr que des choses comme cela n’arrivent pas qu’aux autres. Donc je fais balle à terre et continue.
Il y a certains fans qui te reprochent ton hygiène de vie, ta manière de t’habiller…
Bon… On me reproche, oui. On me reproche souvent mon accoutrement et plein d’autres choses. Vous savez, tu peux faire coucher le chien mais tu ne pourras pas l’obliger à fermer ses yeux. On dit que le chien ne change pas sa manière de s’asseoir. Je suis un enfant d’Andemtenga (commune rurale située dans la province du Kouritenga au Burkina) et je viens de là. Ce n’est pas parce que je ne veux pas. J’essaie mais je n’y arrive pas.
Pour moi, on doit m’accepter à travers mon talent. On ne doit pas m’accepter à travers ma manière de vivre. On doit m’accepter parce que je chante bien, qu’ils aiment ma musique, etc. il y a d’autres aussi qui peuvent t’apprécier parce que tu t’habilles bien mais on ne peut pas tout avoir dans la vie. On ne peut pas taper, chanter et danser à la fois.
On ne court pas en se grattant les fesses. Dieu ne donne pas tout. Il y a ceux qui m’acceptent pour mon talent, à travers ma musique, Dieu merci. Il y a aussi ceux qui m’acceptent bien malgré que je ne m’habille pas bien, Dieu merci. Sinon, je fais le nécessaire et je fais de mon mieux pour plaire même si je n’y arrive pas toujours. Et c’est ainsi, on ne peut pas faire l’unanimité.
Tu fais ce que tu peux pour plaire ; est-ce ce qui explique que certains mélomanes ne se retrouvent plus dans ta musique ? Celle de tes débuts en 2006…
Ce n’est plus d’actualité. Ces choses sont passées il y a longtemps. Effectivement à une époque on m’avait reproché cela. Que j’avais changé mon style de musique… J’avais expliqué que c’était un moment de transition. N’oubliez pas aussi que la musique est un business pour moi. Je vis de ça et souvent on se laisse emporter par le vent, où va la masse.
On suit la tendance mais j’ai toujours dit que Floby n’a jamais changé. Attendez-moi toujours dans mes albums. N’attendez pas Floby à travers ses singles. Si vous m’attendez à travers seulement mes singles vous allez dire que j’ai changé. La preuve, j’ai fait sortir Wakato et ceux qui parlaient ont vu que j’avais raison. Je suis souvent la tendance mais Floby reste toujours le même que celui de 2006. Les fans de la première heure ont toujours su que je n’ai pas changé.
A travers encore mon album Wakato ils ont compris que Floby reste toujours le même. Également, mes fans qui m’ont connu à travers mes moments de transitions, ce sont aussi des fans. Un grand frère me disait que toute musique est bonne si elle peut engendrer des fans. Donc je vous le dis, c’était du business. Je n’ai pas changé de musique.
Parlant de business, on sait que tu es également actif dans d’autres secteurs comme le divertissement à travers des maquis et bars. Peux-tu nous dire ce que tu gagnes ? On dit que tu es très riche…
(Rires) Oui je suis riche. Je suis riche dans la tête. Je vous assure. Au regard de mon passé je suis très riche. Il y eut des temps ou quand j’avais besoin de 100 francs je ne pouvais pas les avoir.
Aujourd’hui, je peux manger à ma faim et je peux tendre la main. Donc, je serai reconnaissant à Dieu car j’ai de la famille, je peux me soigner, je ne dors plus dehors car j’ai un « chez-soi » et bien plus. Juste pour vous dire que j’ai avancé et je suis riche dans la tête. Moralement je suis riche. Je suis l’homme le plus comblé au monde, car j’ai franchi des étapes.
Côté business, c’est vrai que j’investis dans des espaces de divertissement. J’ai une famille très grande, des demi-frères, des demi-sœurs, des neveux, etc. et tous comptent sur moi. Chaque matin je ne peux pas me lever donner 1000 francs à chacun donc c’est ce qui m’a poussé à investir pour que tout le monde y travaille. Ça marche bien, parce que chacun a un salaire et chacun gère sa vie.
Concernant la famille, il a été dit à un moment que tu t’es séparé de ton épouse ; qu’en est-il avec ta femme, tes enfants ?
(Rires) Oui c’est comme ça. Je suis un homme comme tout le monde. Ce n’est pas parce que je m’appelle Floby que je n’ai pas de problème dans mon couple. Le plus important c’est de savoir ce que l’on veut. Les dents et la langue vivent ensemble mais souvent ça trébuche. Mais je suis avec ma femme et elle m’a fait trois jolis enfants. Je n’ai pas changé de femme, depuis 2008 que nous vivons ensemble, mariés. Mais les petites histoires de couples ça arrivent à tout le monde donc ce n’est pas un problème.
As-tu été séparé à un moment de ta femme ?
Oui. Pendant un moment on ne s’est pas entendu. C’était un manque de compréhension et voilà.
Un message à l’endroit de tes fans ?
A mes fans je réitère le grand merci. Un merci avec un grand M. Car c’est grâce à eux que je suis ce que je suis et je compte encore sur eux.
Inch’Allah je ne vais pas les décevoir. Surtout maintenant j’ai beaucoup besoin d’eux car le fardeau devient de plus en plus lourd. Et j’ai besoin de leur soutien pour soulever ce fardeau. Que Dieu veille sur eux, que Dieu veille sur l’Afrique et le Burkina Faso. Que la paix revienne dans notre pays. Que la paix et l’amour demeurent dans nos combats de tous les jours.
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