Awa Ly ou l’amour en musique
Parmi les concerts que nous avons suivi à l’Institut Français de Dakar en ce premier trimistre de l’année 2017, celui de Awa Ly a été sans doute celui qui a le plus retenu notre attention.
En général, un concert est réussi lorsque le chanteur ou la chanteuse a une belle ou de beaux textes, le public chaleureux, des musiciens entrainants, le tout accompagné d’un son et d’une lumière de qualité.
Si ces deux derniers points sont du ressort de la salle de spectacle, tout le reste dépend de l’artiste à l’affiche. Awa ly a relevé le défi.
Disons-le d’emblée, l’Institut a fait le plein. Comme d’habitude, seriez-vous tentés de répondre vu que l’institut a plus ou moins un public fidèle qui fait confiance à la toujours bonne programmation de l’établissement.
D’autant plus que c’était la première de Awa ly au Sénégal, beaucoup de spectateurs la découvraient. Sacrés veinards, ils ont assisté à un spectacle de haut rang.
Accompagnée par un excellent trio (Contre Basse-Guitare-Drums) avec lequel, elle a montré beaucoup de complicité, Awa Ly a séduit le public dakarois. « Doum Doum Doum », « Let you down, Jungle », « let me love you » autant de titres et autant d’univers qui ont enchanté les spectateurs.
En effet, Awa ly propose à son public, un séduisant patchwork qui fait d’elle finalement une artiste difficilement classable. Une touche de Rumba par-çi un soupçon de bossa par-là, le tout enveloppé dans un gouteux blues et un parfum de soul, Awa ly surfe sur les genres avec une finesse et une élégance exquises.
Tout au long du concert, les spectateurs étaient comme scotchés, bluffés par le talent de la chanteuse.
Marc, français de Dakar la qualifie de chanteuse « époustouflante », tandis que Rama jeune spectatrice originaire de Thiès met l’accent sur la « grâce » de l’artiste. Pour Ousmane autre spectateur, Awa Ly a en elle: Billie Holiday, Nina Simone, Ela Fitzgerald. Rien que ça !
« Je suis vraiment sous le charme. Awa Ly est talentueuse parcequ’elle s’inscrit dans la lignée des grandes voix du jazz et de la soul tout en y apportant sa propre fraicheur et une certaine originalité » explique ce quinquagénaire qui n’a rien raté de la soirée.
« Here » en duo avec Faada Freddy a élevé encore plus le niveau de la performance artistique. Plus on avançait dans le spectacle et plus le public en redemandait. Pour preuve,à la fin du concert, il a, avec vigueur et enthousiasme, demandé un rappel.
Ce n'etait pas tombé dans l'oreille d'une sourde, en fusion avec son public, Awa Ly est revenue sur scène visiblement heureuse d’avoir satisfait le public dakarois. Elle se permit même une petite balade dans les travées du théâtre de verdure, serrant, des mains et tapotant aux épaules de spectateurs, à la fois ravis de toucher la star du soir et conquis par tant de gentillesse et d’amour.
Rarement, pour ne pas dire jamais, une relation entre un public et une artiste à l’affiche de l’Institut Français, n’a été aussi tactile. C’est donc le cœur rempli d’amour, que le spectateur a pris congé de l’Institut. L’amour, l’empathie, deux mots qui peuvent résumer la musique d’Awa Ly.
Dans un monde à la stabilité fragile. Entre terrorisme et populisme. Dans une Afrique tourmentée entre l’avenir radieux qu’on lui annonce et le désastre qu’on constate avec des milliers de jeunes prenant la mer pour rejoindre un eldorado incertain, cette « petite fille » du monde, originaire du Sénégal, qui a grandi entre la France et les Etats-Unis et qui vit désormais en Italie, apporte une fraicheur et un espoir au bout de sa voix : Celui de l’amour.
L’amour finalement comme le formidable pilier sans lequel, rien ne pourra se construire. C’est ce que dit en substance Pierre Rabhi, dans son dernier ouvrage convergence des consciences. « L'amour est la plus belle énergie positive qui soit et la clef de nos problèmes si l'on n'en fait pas un alibi ou une idolâtrie ». Awa Ly dit à peu près la même chose en musique.
Commentaires
s'identifier or register to post comments