Industrie musicale : le Maroc à la traîne
Par Anis Hajjam
Amère réalité - l’industrie musicale au Maroc a du mal à se développer. Lors d’une conférence tenue récemment à Casablanca (Maroc), la Fédération des industries créatives et culturelles (FICC) a dévoilé les grands axes d’une étude de terrain, pointant plusieurs failles.
Si l’offre affiche les traits d’une bonne santé grâce à la massification des modes de production, le marché, lui, est anorexique.
De nombreux circuits de diffusion coexistent dans le secteur « chacun fonctionnant avec son propre réseau d’acteurs et son propre catalogue d’artistes. La crise sanitaire a affecté financièrement des intervenants déjà fragiles, notamment ceux dont le modèle de revenus se base principalement sur les ventes de services et la billetterie», pointe l’étude qui appelle à la mise en place immédiate de réformes des droits d’auteur et droits voisins.
Le Royaume ne tire pas profit de la distribution digitale. Il est urgent de réfléchir sur le volet du numérique qui impose de nouvelles règles, appelant à la rescousse l’appareil législatif.
Les plateformes de streaming ont montré, de par le monde, leur efficacité en termes de distribution impartiale des revenus. Au Maroc, pas de chiffres disponibles pour le streaming. Idem pour le pourcentage que celui-ci représente dans le chiffre d’affaires intégral de la musique enregistrée.
« À quelques exceptions près, les artistes marocains se situent en dehors du peloton de tête et sont loin de tirer un large profit des effets directs ou indirects de la distribution digitale », poursuit l’étude.
Faiblesses et insuffisances apparaissent dès que l’on évoque les opportunités de formation aux métiers de la musique. « À défaut de centres dédiés à ces métiers et spécialement le live (régisseur, technicien son et lumière, scénographe événementiel, tourneur, etc.), la pratique de l’apprentissage par l’expérience mimétique (ou auto-formation) est largement répandue », s’inquiète le rapport.
Quant aux performances de rue, la loi ou plutôt le vide juridique prête à toutes les confusions : « Sur le plan législatif, le Dahir n° 1-58-377 relatif aux rassemblements publics ne facilite pas l’accès aux artistes pour présenter leurs créations dans la rue, puisque le législateur ne fait aucune distinction – dans la présente loi – entre manifestations politiques, syndicales et artistiques et exige des procédures administratives ardues et restrictives.»
Au regard des principales conclusions de cette étude de la FICC, le développement du secteur musical marocain est un vaste chantier dans lequel, décideurs et créateurs doivent travailler résolument pour faire avancer les choses.
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