La musique traditionnelle en Érythrée
Ce texte donne un aperçu de la musique et des instruments et danses traditionnelles en Érythrée.
Les danses
La danse joue un rôle social très important en Érythrée. Les danses des peuples Kunama et Hedareb sont spectaculaires.
Les danses des peuples Bilen, Tigré et Tigrinya sont généralement effectuées par un groupe en cercle. Bien que les groupes ethniques Bilen et Tigré l'appellent golia (ou sisiit), les Tigrinya la surnomment guayla ou kuda [i]. Les mouvements et pas de danse varient.
Asomia est une danse et un chant de louange populaire chez les peuples Bilen, Hedareb et Tigré [ii]. Cette danse s'exécute en couple, face au partenaire. Les femmes battent le tambour tandis que les hommes chantent des louanges, une canne à la main.
L’alieleho est une danse et un chant Bilen semblable à l’asomia et est interprétée lors des cérémonies de mariage. Hommes et femmes interprètent l’hembob, une danse romantique pratiquée dans l' Hedareb et au Tigré [iii]. La danse shellil est particulière de par ses mouvements du cou [iv] et légers pas de danse. Cette danse peut également être réalisée à genoux.
La danse serret combine à la fois des sauts et des mouvements serpentins dans lequel hommes et femmes forment une arche [v].La danse kuas est également originaire du Hedareb imitant les mouvements d'oiseaux avec les mains.La danse populaire keke est caractérisée par des sauts. La femme brandit un jile (lame de couteau), souvent porté par les hommes Afar [vi].
Les rituels culturels et religieux Kunama, notamment le tuka (rites de passage), l’indoda (prières pour la pluie), le sangga-nena (médiation pacifique) et le shatta (pour célébrer l'endurance et le courage) – s’accompagnent de danses.
Les danses du groupe ethnique Nara sont des danses guerrières où l’interprète brandit un kedo (bouclier en peau), une lance ou une épée.
Les instruments de musique
L’on retrouve en Érythrée les mêmes instruments de musique que dans le reste des pays de la corne de l’Afrique notamment les instruments à cordes, les tambours (krar, abangala, chira-watta, et rebaba) ainsi que des instruments à vent (shambiko embilta, melekhet et corne).
L'instrument commun aux neuf groupes ethniques est le tambour, appelé kabro (Afar), kalambura kabbur (Nara) [vii] ou kebero (Saho et Tigrinya). Le tambour donne le rythme. Il arrive qu’un seul instrument soit utilisé pour une chanson accompagnée par une danse, comme c'est le cas en Afar.
Les formes du tambour diffèrent selon les groupes ethniques. En Afar, au Saho et au Tigré, par exemple, on retrouve des tambours en forme semi-sphérique. Au Tigrinya, le tambour en forme cylindrique est très populaire. On retrouve également le tambour à forme ovale à surface plate dans les églises chrétiennes orthodoxes. Le tsenatsil qui produit le même son qu’un tambourin, est également utilisé [viii].
Les Kunama, portent des sandales en cuir à l'ancienne qui produisent un son à chaque mouvement. Des perles ou bouchons sont également portés au bas du corps et produisent un son similaire au shekere.
La baguette est également courante dans certains groupes ethniques, plus particulièrement au Bilen, où les hommes l’ont toujours à la main.
L’instrument à cordes largement utilisé est une sorte de lyre dont la forme diffère selon le groupe ethnique. Le krar (masenqo) du Tigrinya est disponible en diverses formes et variantes. Traditionnellement, le krar à cinq ou six cordes.
L’abangala est un instrument à cordes pincées, fabriqué à partir d’une calebasse et qui se joue comme une guitare. Il est couramment utilisé chez les Kunama. La chira-watta est un autre instrument à corde simple – qui se joue avec un archet comme le violon - très enraciné dans la musique traditionnelle du Tigrinya.
Les instruments à vent traditionnels utilisés dans la musique Érythréenne, à l'exception de la flûte, semblent être spécifiques à chaque groupe ethnique. Par exemple, l’harbinger est une corne Kunama qui accompagne la danse et sonne comme un sifflet de train à l’arrivée. Bien que semblable au laiton moderne, la corne est une véritable corne d'animal.
Au Tigrinya, il existe deux instruments à vent : l’embilta et le meleket. On retrouve ces deux instruments dans de nombreux chants traditionnels. L’embilta est un tube d’un mètre de long. Ces instruments et interprètes sont cependant rares en Érythrée. Vers la fin des années 90 par exemple, seul un père et son fils jouaient du meleket.
Les artistes populaires
Idris Amir Wed est le plus ancien auteur-compositeur du Tigré. Ses chansons sont populaires en Érythrée et dans l'est du Soudan et seront reprises par d’autres chanteurs. Idris Mohammed Ali et Mohammed Lobinet ont notamment repris le titre 'Abayki Yi Mdru Gesa'.
Au Tigrinya, Ateweberhan Segid est connu pour sa maitrise du krar et est considéré comme le premier à avoir utilisé le krar électrique dans ses productions. Bereket Mengisteaboften, appelé le roi du krar, produit des chansons aux influences traditionnelles [ix]. Tsehaytu Beraki est tout aussi talentueux et commence à jouer dans les Siwa (maisons à bières). Ils ont tous trois contribué à sensibiliser le public aux affaires politiques et sociales de 1950 à 1970, lorsque l'Érythrée intensifie sa lutte pour l'indépendance.
Mohammed Druf est un chanteur qui a reçu plusieurs prix, y compris un Raimok Award. Ali Mohammed (Ya'asina) est connu pour sa contribution à la musique Saho. Mahmoud Kahano et Abrar Osman (qui a remporté un prix Raimok 2000), sont autant d’auteurs-compositeurs notables au Saho. Adem Faid Amer et Mohammed Agar comptent parmi les célèbres chanteurs du groupe ethnique Nara. Selon l'artiste lauréat Faid Amer, Adem Ibrahim est le premier auteur-compositeur connu issu de ce groupe ethnique [x].
Conclusion
On ne retrouve plus aujourd’hui les formes pures des danses et de la musique Érythréenne traditionnelle ou alors dans les villages éloignés. Les instruments traditionnels sont souvent joués en acoustique, ou avec des synthétiseurs.
La seule troupe culturelle active, Sibrit [xi], vise à faire revivre la musique traditionnelle Érythréenne. Bien qu'elle exécute divers danses traditionnelles, celles-ci sont souvent improvisées et comportent de nouveaux éléments.
Références
[i] Matzke, Christine. 2003. “Engendering Theatre in Eritrea: The Roles and Representation of Women in the Performing Arts.” PhD diss., The University of Leeds.[ii] 50.7.16.234/hadas-eritrea/eritrea_profile_29072015.pdf
[iii] http://modaina.com/about_tigre_music.htm
[iv] Matzke, Christine. 2003. “Engendering Theatre in Eritrea: The Roles and Representation of Women in the Performing Arts.” PhD diss., The University of Leeds.[v] Nadel, S.F. 1944. Races and Tribes of Eritrea. Asmara
[vi] http://shaebia.org/index.php?option=com_content&view=article&id=189:festival-eritrea-an-eritrean-reflection-a-reflection-of-eritrea&catid=35:local-a-intl-news&Itemid=41
[vii] Adem, Issa. Traditional Rituals and Handicrafts of the Nara Ethnic Group. Article académique non publié.
[viii] http://www.shabait.com/about-eritrea/art-a-sport/4714-eritrean-traditional-musical-instruments-
[ix] http://blogs.voanews.com/music-time-in-africa/2009/08/25/eritreas-guayla-king-bereket-mengisteab/
[x] https://www.facebook.com/notes/eritrea/amer-faid-keeping-alive-folklores-with-modern-music/192488915468/ (initialement publié dans www.shaebia.org )[xi] http://www.shabait.com/articles/q-a-a/425-sibrit-cultural-troupe-celebrating-eritrean-culture-diversity-
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