« Et si on se donnait la paix ? » : Harmonie Byll Catarya et l’espoir d’un monde meilleur
Dans un monde souvent assourdissant, où les conflits semblent omniprésents, « Et si on se donnait la paix ? » de la slameuse Harmonie Byll Catarya se dresse comme un cri de l'âme, une invitation à la réflexion et à la réconciliation. À travers une composition subtilement orchestrée, mêlant la douceur de la soul à l’intensité du néo-gospel, la profondeur du hip-hop à l’élan de la pop contemporaine, l'artiste interroge, avec une poésie poignante, les contradictions et les luttes qui déchirent l'humanité. L'œuvre, avec sa richesse instrumentale et émotionnelle, est à la fois une manière de repenser l’humain dans son humanité et un appel à l’action, incitant l’auditeur ou l’auditrice à reconsidérer les rapports de force, les hiérarchies et l'importance de l’unité.
Une œuvre aux sonorités multiples
L’élément marquant de cette œuvre est sa fusion de genres musicaux. Avec une prédominance de la soul à près de 60 %, « Et si on se donnait la paix ? » nous plonge dans une ambiance apaisante, tout en y injectant des touches percutantes qui suscitent un mouvement de présence du corps et de l’esprit. Le piano, qui ouvre et guide la mélodie, apporte une dimension attendrissante, renforcée par des airs de saxophone qui « réchauffent la poitrine », presque comme pour « nous maintenir dans le vif du sujet ». Les deux se font ensuite complices de la synthèse entre batterie et basses, qui ajoutent un groove sous-jacent sans jamais empiéter sur la tonalité introspective de l’œuvre. Les ajouts qui surlignent des détails ponctuels, eux, marquent le rythme de la réflexion, assurant une pulsation qui fait écho à « la cadence des pensées en mouvement ».
Cette rencontre entre les harmonies s'avère subtile : une instrumentalisation riche, mais jamais envahissante, permettant à la voix d'Harmonie Byll Catarya de s'exprimer pleinement. La voix, toujours pleine de nuances, oscille entre « la mélancolie et la séduction », tout en étant enracinée dans une émotion positive palpable. Cette double facette de l'œuvre, mêlant douceur et tension, permet de l'appréhender comme « un dialogue intérieur », où les contradictions se rencontrent pour mieux se résoudre.
Une écriture de la paix
Le texte, puissant dans sa simplicité, nous invite à une inspection de soi, puis à une introspection collective sur le sens de l’humanité comme de l’humain vis-à-vis de ses autres. Les paroles, dans leur forme d'appel à l'action, décrivent les violences et la guerre, la fracture relationnelle qui s’est installée, à tel point que : « le bon sens cesse de couler dans nos palabres / Et on préfère faire couler le sang en allant aux armes ».
Dans *Et si on se donnait la paix ?*, Harmonie Byll Catarya déploie une écriture à la fois lyrique et militante, où chaque mot semble pesé, chaque image soigneusement choisie pour transmettre une réflexion profonde sur les cassures qui écorchent l’humanité. En plus de construire de l’émotion au cœur de l’écoute, l’artiste utilise une série de figures de style pour amplifier le message central de l'œuvre.
Dans ce sens, la métaphore du « feu » et des « cendres » illustre de manière frappante la destruction engendrée par l’inaction, tandis que la personnification (comme procédé d’accentuation) de la paix et de la guerre, qui se « fuient » et « se réjouissent », met en lumière la dimension presque vivante de ces concepts opposés. Par l'usage répété de l’anaphore dans le refrain, le chœur mis en exergue et la slameuse incitent à une prise de conscience collective, tout en rendant cet appel universel. D’où l’utilité de la question rhétorique « Et si on se donnait la paix ? », qui n'attend pas une réponse immédiate, mais invite l’auditeur ou l’auditrice à remettre en question sa propre position face à ses pratiques de controverses et antagonismes.
Cette écriture, nourrie de contrastes (antithèses, oxymores), de comparaisons parfois implicites et d’oxymores soulignant le tragique évoqué, sert à intensifier le propos, l’avertissement et l’urgence de s’en emparer comme préoccupation instante. Cette richesse stylistique, portée par une simplicité de formulation, permet à Harmonie Byll Catarya de trouver le ton juste malgré la gravité de ce qu’elle évoque. Et au-delà de la forme, elle lui confère la force de dénoncer, de questionner, de bousculer, de provoquer, de réveiller, de déranger, de secouer, d’éveiller les consciences, d’interpeller, de susciter l’indignation, d’embraser les esprits, de sensibiliser, de mobiliser et, en fin de compte, de proposer une voie vers la réconciliation et la paix.
Autant pour faire démentir le chiasme structurel qu’elle décrit et décrie : « Le chef […] s’en prend au peuple qui l’a élu, oubliant qu’il en fait aussi partie », que pour souligner l'irréversibilité de certaines actions humaines : « les Hommes préfèrent perdre en laissant les cendres prendre le dessus des fagots de bois qu'ils auraient pu sauver des braises ». En confrontant la mélancolie de l'époque avec une vision pleine d’espoir, Harmonie Byll Catarya propose une véritable leçon, voire perspective de paix, où la parole devient non seulement un moyen d’alerte, mais aussi une voie de guérison.
Le multilinguisme comme moyen de célébrer la diversité
Dans « Et si on se donnait la paix ? », l’usage du multilinguisme se révèle être un moyen puissant de tisser des ponts entre les cultures, de recoller les liens brisés et de faire dialoguer les appartenances. À travers l’alternance entre le français, l’anglais et le fongbé, Harmonie Byll Catarya propose une approche transversale de la paix, où chaque langue incarne non seulement une communauté, mais aussi un espace de partage et de compréhension mutuelle. Ce choix linguistique traduit la volonté de l’artiste de nous faire dépasser les frontières, d’aller au-delà des rivages culturels pour atteindre une forme d’unité dans la valorisation de l’unicité. En effet, du début de l'œuvre, où la voix d'un enfant porte l’incipit comme une convocation de l’avenir, jusqu’aux chœurs de fin, où la pluralité des voix comme des langues résonne comme un réquisitoire vers une clameur commune, l’artiste structure son discours autour de cette cohérence d’intention.
Elle nous rappelle ainsi que la paix doit être transmise dès maintenant aux générations futures, en leur offrant les clés de l’interaction saine et assainie. Par le biais de ce multilinguisme, l’œuvre souligne la nécessité de transmettre aux enfants l’importance de l’empathie, du respect mutuel et de la solidarité. Et en même temps, elle rappelle aux adultes qu'ils ont un rôle capital à jouer en tant que modèles. Leur comportement, leurs actions et leurs choix sont des enseignements silencieux que les enfants absorbent intuitivement, par l’observation, apprenant à travers l’imitation. Les adultes sont donc appelés à s’améliorer constamment, à incarner les valeurs qu'ils souhaitent transmettre et qu’ils entonnent, afin de guider les jeunes vers un avenir plus juste et plus harmonieux.
Ce message est d’autant plus puissant qu’il s’inscrit dans une triple dynamique : à travers le fongbé, langue béninoise qui ancre l’artiste dans ses racines ; le français, langue quotidienne de fonctionnement ; et l’anglais, langue qui ouvre sur l’international. En procédant de la sorte, Harmonie Byll Catarya nous invite à faire le pont entre les réalités locales et les enjeux mondiaux. En fin de compte, à travers les langues sollicitées, « Et si on se donnait la paix ? » devient un hymne à la transversalité, un rappel à l’union des peuples et une incitation à unir nos forces pour réparer les brèches qui nous divisent, afin d’ouvrir la voie à une synergie de tous.tes.
Une œuvre d'engagement, un appel à l’action
Au-delà de sa beauté sonore et de la profondeur de son texte, « Et si on se donnait la paix ? » est avant tout un manifeste. C’est une œuvre qui invite à l’engagement personnel et collectif, à se lever contre les injustices et à rechercher la paix par le dialogue et la solidarité. Harmonie Byll Catarya ne se contente pas de décrire le monde tel qu'il est ; elle en propose une vision, une utopie possible. Cette utopie n’est ni naïve ni idéalisée, mais ancrée dans la réalité des tensions actuelles. La paix n'est pas présentée comme un idéal inaccessible, mais comme une démarche que chacun doit entreprendre.
À l’instar de l’armistice qu’Harmonie Byll Catarya appelle de ses vœux, l’œuvre trouve sa force dans son message d’espoir et de transformation. Elle nous incite à dépasser les clivages et à nous interroger sur les mécanismes de division, tout en offrant une alternative positive, un chemin vers un monde plus juste. En ce sens, son œuvre, à la croisée des chemins, soulève un défi et, en même temps, une promesse : celle d'un monde meilleur, à condition d'accepter de (re)nouer nos liens.
Au final, « Et si on se donnait la paix ? » d’Harmonie Byll Catarya est un acte de résistance, de résilience et un acte de foi dans l’humanité
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