Landry Biaba : « J’utilise ma voix davantage comme un instrument »
Auteur, compositeur et chanteur, Landry Biaba est un jeune artiste camerounais qui vit en France. Encouragé par son père, et aussi à force d’écumer les cabarets et lieux de culture de la ville de Douala, cet interprète hors pair se fait remarquer par ses aptitudes et son sérieux dans l’interprétation des chansons, en effet c’est avec brio, qu’il reprend tous les soirs les répertoires les plus exigeants des grands noms de la musique locale et internationale.
Producteur de ses propres disques et conscient de son manque de connaissances de la partition musicale, il décide de s’exiler en France pour rentrer dans un conservatoire et peaufiner ses connaissances en musique. En 2007 Landry est à Strasbourg où il intègre la section Jazz et Musiques Improvisées du conservatoire national de la ville éponyme. Sa musique est un mix des rythmes tirés de ses racines camerounaises et teintés d’un style « afric-européen », un genre musical fait de bosa nova, du jazz , et du classique.
Landry Biaba prépare actuellement la sortie de son tout premier opus baptisé zin qui verra sa promotion faite au Cameroun en 2016. Un album riche en couleurs, vantant l’Afrique et ses richesses. Landry c’est aussi cet humaniste, qui voue une passion pour son pays, et son continent et appelle aux travers de ses chansons tous les africains vivant à l'étranger à revenir pour s’unir et construire une meilleure Afrique.
Le chanteur dévoile en exclusivité sa passion pour la musique et ses futurs projets pour le Cameroun et le continent.
Bonjour Landry présentez –vous à nos lecteurs s’il vous plait.
Bonjour, je suis camerounais né à douala où j’ai grandi, la musique et la culture en général sont ma passion, je suis curieux de tout.
Peut-on revenir rapidement sur le début votre carrière artistique?
Ma première scène s’est faite quand j’étais en classe de 2nde ou 1ère au collège Libermann (Douala, Cameroun), sur l’insistance des camarades j’ai intégré le groupe musical et suis devenu le chanteur principal du collège pendant les concerts scolaires, après mon bac j’ai choisi de me consacrer à l’art (musique et peinture), j’ai écumé les différents cabarets de douala où j’ai fait mes armes pendant quelques années et aussi entre autre l’Institut Français du Cameroun. Ça a été pour moi une très bonne expérience car elle m’a permis d’être confronter à la réalité de la scène et du public.
Quelles ont été vos premières influences, en matière de style musical ?
Mon père est pour beaucoup dans ce que je suis et c’est l’occasion de lui rendre hommage encore une fois, grand mélomane, il m’a initié à l’écoute de la musique très tôt. Même s’il n’était pas musicien, il aimait la musique et de la bonne musique je dois l’avouer. Ouvert à tous les styles, mon père savait partager avec nous sa passion pour les belles mélodies, à la maison on écoutait autant le makossa que du high-life, aussi bien du jazz que du classique, c’est cela qui m’a donné cette ouverture d’esprit qui se ressent aujourd’hui dans ma musique, bien évidemment en partant toujours de nos racines.
Il vous arrive souvent d’être poly-instrumentiste? Sur quel instrument composez-vous le plus ?
A la base je suis d’abord chanteur, vocaliste plus précisément. Je pense ma voix et l’utilise davantage comme un instrument, je joue aussi de la guitare qui m’accompagne sur scène, pour le reste je fais des percussions et un peu de piano. Pour ce qui est de la composition, la guitare est l’instrument le plus sollicité mais l’inspiration vient de partout. Parfois deux notes de piano ou même un son de calebasse suffit.
Pour en revenir à la composition, avez –vous un schéma particulier ?
Comme je l’ai dit avant, l’inspiration vient de partout, il n’y a pas de schéma préconçu. Une composition peut être soudaine comme elle peut être construite sur la durée. L’avantage d’avoir fait une école de musique c’est qu’au-delà de l’inspiration, je comprends ce que je fais, du coup je peux composer par thème. Mais en règle générale, composer est une grâce, comme je l’ai dit tout m’inspire, aussi bien la peinture que le bruit des pas sur des feuilles mortes, le monde qui nous entoure est un réservoir inépuisable de musique, il faut juste être humble et savoir l’écouter et transcrire ensuite.
Combien d’album avez-vous à ce jour, et quel est le label qui produit votre musique ?
Pour l’instant, officiellement j’ai un album qui n’est pas encore disponible au Cameroun, ça ne saurait tarder. Sinon, j’ai composé pour d’autres artistes et pour des films aussi. J’ai choisi de produire moi-même ma musique pour être maître de mes choix et pouvoir faire ce qu’il me plaît.
Pourquoi avoir choisit l’occident pour promouvoir votre carrière, n’y a t-il pas des producteurs sérieux au Cameroun ?
C’est une bonne question, je suis venu en occident d’abord pour approfondir mes connaissances musicales, j’ai fait presque 7 ans de conservatoire, non pas pour être formater mais pour avoir un plus, c’est un endroit où je me suis fait des amis musiciens venus des quatre coins du globe, aussi bien des sud-américains que des japonais, d’ailleurs sur mon projet zin, j’ai une ami japonaise Rumiko Koyama, qui a posé sa voix, c’est une chanteuse lyrique et sur la chanson « Dipita Léwa », le quatuor à cordes est composé de musiciens tous aussi disparates entres autres leyli Karryéva au violon qui vient du Turkménistan et Anil Eraslan au violoncelle qui vient de Turquie. J’ai pu aussi réaliser des projets musicaux tels Grassfield avec tout ce beau monde. Mais au-delà de tout ceci, l’occident n’est pas mon rêve, c’est une curiosité, ce qui m’importe c’est l’Afrique, transmettre c’est ce qui m’anime, mon projet c’est de pouvoir un jour ouvrir au Cameroun un espace culturel où on pourra enseigner à nos enfants nos arts de manière assumée et moins folklorique dans des bonnes conditions.
La culture est l’âme d’un peuple, on ne doit pas jouer avec, c’est un enjeu plus que politique avec lequel il faut être très sérieux. Donc pour répondre définitivement à cette question, l’occident pour moi est une étape et non un objectif. Pour ce qui est des producteurs au pays il faut reconnaitre qu’il n’y en a pas vraiment, beaucoup manque de culture et ne s’intéresse à la musique qu’exclusivement pour son aspect commercial, donc on rencontre plus de commerçants que de producteurs.
Des projets à terme pour le grand public camerounais et africain ?
Pour le grand public les choses se mettent en place doucement, c’est pour bientôt. Mais chaque fois que je suis au pays, sans publicité et sans tambours, je rencontre des jeunes à qui je transmets mes connaissances musicales et mon expérience, n’oublions pas, la plus grande force c’est de savoir partager ce qu’on a et c’est cela qui sauvera l’Afrique, notre capacité à fédérer nos savoirs, nos forces, c’est la seule issue possible pour nous : réussir ensemble. Je me réjouis que beaucoup l’aie compris, et puis je me pense d’abord comme africain et camerounais ensuite , aucun pays africain aujourd’hui n’a les moyens de s’en sortir tout seul, notre union sera notre salut, c’est aussi cela que j’ai mieux compris en étant en occident, paradoxalement … nous sommes tous des fils de MamaAfrica !
Merci Landry pour votre disponibilité lors de cette interview et à très bientôt sur la scène camerounaise.
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