Le hip hop au Sénégal
Le hip hop sénégalais est né en 1988 dans un contexte particulier, marqué d’abord par des élections législatives et présidentielles mouvementées de la même année, ensuite les programmes d’ajustement structurel, et enfin, la crise dans le secteur de l’éducation débouchant sur une année blanche (1).
Face à une telle situation, le hip hop apparaît selon Mamadou Dramé (2), comme moyen de contestation d’une jeunesse désemparée, voire une voie opportune pour exprimer sa frustration. C’est ce qui explique les contenus des premières compositions, trempées dans l’encre de l’engagement et de l’activisme chevronné, tout en posant les jalons d’un militantisme politique et citoyen.
Parmi les pionniers du hip hop Galsen, nous pouvons citer entre autres : Matador, Didier Awadi, Xuman, Duggy Tee. Après cela, le cercle des adeptes de ce style musical s’élargit. En effet, le rap s'impose sur la scène musicale sénégalaise qui a pris conscience de sa dimension et a accrédité plus ou moins ce mouvement.
C’est ce qui justifie la multiplication des groupes hip hop tels que le Positive Black Soul (PBS) un des plus grands groupes de l’histoire du hip hop en Afrique, Pee Froiss, Daara J, Yatfu, Sunu Flava, Jant bi, Rapadio…. Ces groupes cités ci-dessus, en plus de BMG 44, Bidew Bou Bess vont confirmer la montée en puissance de cette nouvelle forme d’expression, qui, à côté de l’opposition classique, s’offre comme un véritable contrepouvoir (3) .
Le développement et l’expansion rapide de ce style musical ont permis également aux rappeurs sénégalais de renouer avec le succès aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Pour preuve, selon le professeur de français Mamadou Dramé lors des « rencontres hip hop » à l’Institut Français de Dakar, des formations comme Daara-J et Bidew Bou Bess sont récompensés par un disque d’or, grâce à leur participation à l’album du rappeur franco congolais Passi (4). Ces groupes portent haut l’étendard du hip hop Galsen.
Africulturban et la Maison des cultures Urbaines
Au Sénégal, pour ce qui est des structures relatives au hip hop, précurseur des cultures urbaines avec le rap comme locomotive, il s’avère important de citer Africulturban et la Maison des Cultures Urbaines de Dakar.
Africulturban est une structure fondée en février 2006 par Matador du groupe BMG 44. Elle contribue sans nul doute à la promotion et à la valorisation du hip hop par la mise en place de projets culturels comme le festival international de hip et des cultures urbaines (FESTA2H), le hip hop éducation (projet hip hop dans les écoles), Flow up (tremplin du hip hop sénégalais) sans oublier le centre de formation aux métiers des cultures urbaines (Hip Hop Akademy) et un centre de documentation en hip hop et culturse urbaines (Urban Doc).
Elle couvre également toutes les disciplines artistiques représentées dans le hip hop et les cultures urbaines comme le breakdance, le mcing, le slam, le rap, le graffiti, et le urban wear.
L’implantation de la Maison des cultures urbaines (MCU) au centre socioculturel d’Ouakam par la maire de Dakar, Khalifa Sall, dans un de ces programmes avec les acteurs des cultures urbaines, accompagnée d’un Fonds de Développement des Cultures Urbaines (FDCU), témoigne encore une fois de l’importance et de l’attention que les autorités publiques de Dakar accordent au développement des cultures urbaines.
Cette maison apparaît comme un espace d’animation, de renforcement de capacités de qualité, d’initiation gratuite, aux métiers des cultures urbaines. Elle a permis également à certains jeunes de Dakar de bénéficier de formation. Parmi les formations qu’offre la MCU, nous pouvons citer par exemple la musique assistée par ordinateur (MAO), la vidéo assistée par ordinateur (VAO), formation artistique « Urbain Mix (5) », marketing culturel et communication événementielle (6) .
L’État a mis également en œuvre, via le ministère de la culture un Fonds de Développement des Cultures Urbaines (FDCU) dans toute l’étendue du pays à travers un appui à la formation, à la structuration, à la création, à la production artistique, à l’évènementiel, aux échanges et à la mobilité entres les artistes dans toutes les disciplines des cultures urbaines. Le FDCU veut également relever le niveau de professionnalisation des acteurs et soutenir les initiations des promoteurs culturels. L’État tente de mutualiser l’aide à la création, mais aussi apparaît comme un garant de l’environnement tout en favorisant sa structuration.
30 ans de hip hop (7)
« Aujourd’hui, trente ans après, les acteurs veulent célébrer ce mouvement culturel qui a fini d’impacter les consciences des masses, en agissant à travers, entre autres, la musique, la peinture, la danse, sur la transformation sociale. Cela, en replaçant les citoyens au cœur des enjeux politiques et de développement ». (8)
Pour les initiateurs, la manifestation est une occasion « exceptionnelle et unique » de rendre hommage aux pionniers du hip hop sénégalais eu égard à leur participation à la construction d’un état de droit, à la promotion de la démocratie par la conscientisation des jeunes et à celle de la liberté d’expression, et à la démocratisation de la parole et de l’accès à l’espace public.
En effet, au plan politique, par le canal du hip-hop, la jeunesse sénégalaise participe très activement à la construction d’un état de droit et à la promotion de l’esprit démocratique.
Au plan social, il a contribué au renforcement des liens sociaux entre les acteurs d’où le groupe Y en a marre composé de rappeurs et de journalistes. Au plan culturel, il encourage des valeurs traditionnelles telles que le courage, l'intégrité et l'abnégation, sans oublier sa valeur économique...
Références :
1 - Le Soleil - Hip Hop sénégalais : Le mouvement célèbre ses 30 ans
2 - Un historique du Rap Senegalais
3 - Le Soleil - Hip Hop sénégalais : Le mouvement célèbre ses 30 ans
4 - Le Soleil - Hip Hop sénégalais : Le mouvement célèbre ses 30 ans
5 - Formation de DJ
6 - Présentation de la maison des cultures urbaines
7 - Le Sénégal célèbre 30 ans de hip-hop
8 - Le Soleil - Hip Hop sénégalais : Le mouvement célèbre ses 30 ans
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