Les danses traditionnelles au Malawi
Avec plus de 80 danses traditionnelles, Le Malawi regorge d’une diversité de croyances et de pratiques culturelles. Ce texte donne un aperçu des danses traditionnelles locales afin d’illustrer la diversité culturelle du pays.
Les danses traditionnelles sont généralement effectuées pour une fonction ou une cérémonie particulière. Ces danses sont exécutées à des occasions diverses et pour des raisons différentes, et sont basés sur les croyances d’une tribu particulière par exemple pendant les funérailles, les cérémonies d’initiation ou au moment de la récolte. Ce sont des occasions où les familles et les villages viennent ensemble à l’occasion d’une fête ou pour résoudre leurs différends. Certaines danses traditionnelles sont effectuées par tout le monde, tandis que d’autres sont réservés à des membres particuliers de la communauté, en fonction de leur signification et l’importance de celle-ci.
La tribu chewa et la danse Gule Wamkulu
La danse Gule Wamkulu qui veut dire ‘la grande danse’ est une danse ancestrale de la tribu chewa et est effectuée lors d’une circonstance particulière. Les Chewas croient que les êtres vivant sont reliés à leurs ancêtres et aux futurs membres de la société, pas encore nés. La société secrète des initiés chewa, connu sous le nom de Nyau, croit en la communication avec les morts ou leurs esprits, appelant cet acte pemphero lalikulu (ou la grande prière). Les danseurs portent des masques d’animaux comme l’antilope lors de ces rituels. Selon la croyance ces masques permettent de capturer l’esprit du défunt et d’apporter une nouvelle vie. La danse est un moyen de communiquer avec les ancêtres et de perpétuer la vie à travers les générations et la poursuite des récoltes. Ces danses sont également effectuées lors des cérémonies d’initiation, de funérailles ou lors de l’intronisation d’un nouveau chef. Elles sont effectuées également au cours de la saison des récoltes. Un chef ou gardien de la danse appelée Mzinda mwini lance la danse. Le rythme agricole, la météo, les saisons et le calendrier scolaire guident ces festivités culturelles.Pendant cette période, le village reproduit les éléments symboliques des anciens rituels culturels.
Les garçons chewa doivent passer par une cérémonie d’initiation pour être considéré par la suite comme membres de la société Gule Wamkulu. Ce rituel est également considéré comme une religion et est présent dans presque tous les aspects de la vie. Depuis 2005 cette danse a été classée comme l’un des 90 chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité, un programme de l’UNESCO pour la préservation du patrimoine culturel immatériel.
La danse Chisamba et les femmes de la tribu chewa
Pour compléter le Gule Wamkulu, le Chisamba est un rituel d’initiation féminine de la tribu Chewa. Cette danse est très populaire dans la région centrale du Malawi où les Chewa se trouvent. Le rituel a lieu sous l’arbre de la virginité appelée Mtengo Wa Anamwali. Sous cet arbre, les filles reçoivent des instructions sur les coutumes liées à la féminité. Cela comprend des avertissements sur la présence de mâles prédateurs qui se tournent vers elles pour satisfaire leur besoin sexuel uniquement. Au cours de ce rituel, les filles deviennent des femmes. Elles sont dépouillées de leurs vêtements et revêtis de l’insigne de Gule Wamkulu qui représente une figurine animale (ou chingondo) placée sur leurs têtes. Ces figurines représentent souvent un lièvre, un serpent ou un éléphant, les trois bêtes les plus importantes de la nuit.
La danse qui accompagne ce processus est également appelée Chisamba. Elle est réalisée par des femmes, et dirigée par une femme âgée, habituellement la sœur du chef (connu sous le nom de Namkungwi). Pendant la prestation (à la fois l’initiation et la danse), les instructrices des jeunes filles les escortent dans la communauté des adultes. Tout le monde descend dans la cour du chef pour assister à la cérémonie. Cette danse est également effectuée aux funérailles des chefs et des personnes importantes du village. Elle est quelquefois exécutée pour le divertissement uniquement lors d’occasions importantes.
La danse Uyeni lors de l’intronisation du chef chez les Ngoni
Pour de nombreuses tribus, les danses traditionnelles par les jeunes membres de la communauté ne sont pas seulement des formes de divertissement dans le village, mais doivent être exécutées à différentes occasions sociales avec des significations différentes. Par exemple, l’Uyeni est une danse ngoni, effectuée par les filles lors de l’intronisation d’un chef. Les jeunes filles exécutent la danse pieds et seins nus. Les danseuses accompagnent le roi au Bwalo ou terrain de couronnement. Selon les croyances traditionnelles, ce geste confirme la notion que les femmes sont les gardiennes de la culture.
La danse Sendemule chez le peuple Balambia
Le Sendemule est une danse traditionnelle exécutée par le peuple Balambia de Chitipa dans le nord du Malawi lors des funérailles, lors de l’intronisation de chefs ou juste à des fins de divertissements. Lorsque celle-ci est exécutée lors des enterrements, les chansons sont généralement tristes ; Lorsqu’il s’agit de l’intronisation d’un chef ou quand un animal dangereux comme un lion est tué, les chansons sont triomphales. Aujourd’hui la danse Sendemule est effectuée lors des rassemblements sociaux et les danseurs ne portent pas de tenues traditionelles particulières.
La danse Chilimika chez le peuple Tonga
La danse Chilimika provient de la tribu Tonga dans la région du Nord du Malawi (aux alentours de Nkhata Bay en particulier). Cette danse est exécutée par des jeunes garçons et filles au début de chaque année. En anglais, chimilika veut dire année. C’est une plateforme qui permet aux anciennes générations d’apprécier l’assimilation des rituels traditionnels par les plus jeunes.
Le Likhuba, une danse thérapeutique chez le peuple Sena
Certaines danses sont exécutées pour guérir les maladies et les troubles psychologiques. Par exemple le Likhuba est une danse traditionnelle de la tribu Sena dans le sud du Malawi dont le but est de guérir les troubles psychologiques chez la femme. C’est une démonstration acrobatique de prouesses mâles. Selon les croyances, les femmes souffrant de maux psychologiques guérissent après cette danse. Malheureusement, de nos jours elle est exécutée qu’en tant que divertissement.
Le Vimbuza, autre danse de guérison chez le peuple Tumbuka
Dans la tribu Tumbuka du nord du Malawi, la danse Vimbuza est exécutée pour la guérison également. Cette danse est apparue dans le milieu du 19e siècle et s’est développée comme un moyen de surmonter les expériences traumatisantes de l’oppression ( en particulier celle subit sous l’occupation britannique) bien qu’elle ait été interdit par les missionnaires chrétiens.
Les patients sont en général des femmes qui souffrent de diverses formes de maladies mentales. Elles sont traitées pendant quelques semaines ou quelques mois par des guérisseurs traditionnels qui les hébergent dans leur ‘temphiri’ (maison où s’effectuent les rituels). Après le diagnostic, les patientes sont soumises à un rituel de guérison spécifique en fonction du mal dont elles souffrent. Les femmes et les enfants du village forment un cercle autour de la malade et chantent des chansons particulières dans lesquelles les esprits auxiliaires sont invoqués pendant que la patiente entre en transe. Etre possédées par les esprits vimbuza permet aux personnes atteintes de diverses formes de maladies mentales d’exprimer cela dans une forme acceptée et comprise par l’entourage.
Pour les Tumbuka, la danse Vimbuza est à la fois une performance artistique et un rituel thérapeutique. Elle est considérée comme un complément utile dans les cas où d’autres formes de traitement médical échouent. Son répertoire, en constante expansion, sa tradition de percussions complexes et la virtuosité de cette danse font partie de la richesse du patrimoine culturel de ce peuple. Cette danse est encore pratiquée dans les zones rurales où ils vivent mais fait face à une forte opposition de la part des églises chrétiennes et aussi des médecins qui prônent l’usage de la médecine moderne. La dégradation de l’environnement est un autre problème majeur car il devient de plus en plus difficile de trouver les plantes traditionnelles nécessaires à ce rituel. Actuellement beaucoup considèrent cette danse comme une forme de divertissement uniquement et négligent l’aspect spirituel et thérapeutique.
Les danses décrites ci-dessus sont quelques-unes des danses principales qui influencent la musique du Malawi. Beaucoup d’artistes urbains populaires d’aujourd’hui s’inspirent de leurs traditions. Un exemple est le rappeur Tay Grin (de son vrai nom, Limbani Kalilani), qui a adopté le Gule Wamkulu de sa région natale et le fusionne avec le hip-hop pour faire son propre son. La musique contemporaine s’inspire des danses traditionnelles et ceci contribue à préserver la tradition et la magie de ces danses.
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