Les qualités requises pour devenir un bon manager
Blick Bassy
Manager d’artiste est tout d'abord un métier de passion, à l’instar de celui même d’artiste musicien. En tant que chanteur, j’ai fait la rencontre de quelques managers de qualité et d’autres, pas faits pour ce métier.
Il y a encore quelques années, le manager se contentait d’être le médiateur et gestionnaire à 360 degrés de l’artiste. C'est-à-dire qu’il devait négocier les contrats, organiser les plannings, veiller sur l’aspect artistique afin de conseiller l'artiste sur la vision globale de son projet, à court, moyen et long terme.
Il devait également avoir la maîtrise des questions de production, d’édition, de booking, de scène, mais aussi de communication, afin de pouvoir solliciter les acteurs des métiers de la musique, les plus efficaces du marché.
Le manager avant l’époque d’Internet et des nouvelles technologies
À l’époque où les disques se vendaient bien, le manager était rémunéré grâce au pourcentage perçu sur tous les revenus de l’artiste. Ce qui lui permettait suffisamment de pouvoir vivre et mener à bien le travail qui était le sien. Ainsi, il pouvait subvenir aux besoins matériels quotidiens liés au développement de son artiste.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, à cause notamment de la dématérialisation des supports musicaux. Son rôle est de défendre les intérêts financiers de l’artiste, il doit alors avoir des capacités en négociation et au besoin, solliciter une personne externe sur des questions juridiques s’il ne les maîtrise pas.
Le manager participe également à la création de l’identité de son artiste, mais aussi contribue à développer une stratégie de communication en cohérence et en harmonie avec son projet musical.
Aujourd’hui, grâce à l’arrivée d’internet et des nouvelles technologies, certaines tâches du manager sont facilitées.
En plus de celles citées plus haut, il peut désormais travailler de chez lui, sans aucun besoin de courir les bureaux ou se coltiner les envois de CDs et biographies physiques, faire du porte-à-porte pour négocier une première partie ou tout simplement une programmation dans une salle.
Le manager à l’ère d’internet
Internet a donc permis de régler certaines difficultés basées sur la mobilité. Il donne également la possibilité à l'artiste d’avoir désormais son propre média que le manager peut développer. Ceci a apporté d’un côté, des facilités de diffusion et de promotion, et de l’autre, malheureusement, une profusion d’informations et de contenus venants en même temps faciliter et compliquer le travail du manager.
Il peut aussi désormais en plus de contacter directement les salles de spectacles, les éditeurs et bookeurs, avoir accès aux plateformes comme celle de l’Irma (Centre d’information et de recherche pour les musiques actuelles), où l’on a accès à la documentation avec des mises à jour quotidiennes, concernant les professionnels et les métiers de la musique.
Le manager peut également aider son artiste à choisir un ingénieur du son, un arrangeur ou un réalisateur, grâce aux pré-écoutes de leurs travaux directement sur leurs sites. ll peut aussi envoyer facilement le lien des maquettes de son artiste via des plateformes de diffusion comme SoundCloud.
Internet est une bibliothèque géante, le manager a la possibilité de s’informer sur le fonctionnement d’autres managers afin de s’en inspirer, ou tout simplement de s’affilier à certaines associations de managers comme l’AMA (Alliance des Managers d’Artistes en France).
Il a accès aux biographies d’autres artistes et peut s’abonner gratuitement aux outils de veille comme Talkwalkeralert. Ce dernier permet non seulement d’être au courant chaque fois que le nom de son artiste est cité, mais aussi de recevoir quotidiennement des informations sur des sujets qui l’intéressent.
Le manager bénéficie aujourd'hui de meilleurs outils de travail grâce aux nouvelles technologies et à internet. Mais tout ceci demande de l’inventivité, de la créativité, une meilleure capitalisation afin de contribuer efficacement au développement de l’artiste.
Sa capacité d'adaptation et la rigueur lui apportent alors les moyens de sa démarche, afin de faire face aux obstacles rencontrés durant le développement de la carrière de son artiste. Il doit être un confident, disponible, passionné et être proactif.
Au-delà de gérer le quotidien de l’artiste, le manager doit être offensif et avoir une excellente capacité d’analyse et de compréhension afin d’anticiper. Par exemple, rappeler dès que possible un bookeur ou un producteur qui sollicite l’artiste, être réactif aux mails, afin de ne rater aucune opportunité, mais plutôt d’en créer.
Le manager se doit également de comprendre l’évolution du marché et de l’industrie musicale afin de mieux préparer son artiste aux réalités de son environnement. Son rôle est aussi de comprendre les différentes opportunités, qui parfois n’en sont pas aux yeux de son artiste : par exemple, jouer pour un évènement gratuitement car potentiellement rentable sur le long terme.
Aujourd’hui, certains managers prospectent aussi sur le branding et l’endorsement (une marque qui s’associe à l’artiste à travers un accompagnement matériel et/ou financier, etc.), afin de créer d’autres opportunités.
C’est la raison pour laquelle nous avons des managers qui sont devenus éditeurs et inversement, car l’éditeur participe aussi à l’exploitation du catalogue musical de l’artiste, et donc, au développement de sa carrière.
Le manager doit également être au fait des changements et avancées de l’industrie musicale, pour mieux anticiper et améliorer la trajectoire évolutive de son artiste.
Le manager à l’ère du Do-It-Yourself (DIY) ou « Fais-Le-Toi-Même » doit travailler intelligemment, car aujourd’hui beaucoup d’artistes se sont mis à tout faire par eux-mêmes, faisant d’eux des artistes entrepreneurs. Des artistes ayant une bonne compréhension du métier et favorisant une meilleure collaboration avec leurs managers.
Nous remarquerons alors qu’il y a désormais des agences d’accompagnement d’artistes DIY, fonctionnant sur le modèle du partage des tâches, des missions précises, ou du « one shot » (réalisation d’une tache pour une mission donnée.)
La rémunération du manager tourne généralement autour des 20 % du revenu de l'artiste, mais l’industrie du disque ayant évolué ces dernières décennies, notamment avec l’arrivée du streaming et la baisse des ventes du support physique, la rémunération dépend alors des deux parties qui s’accordent selon l’investissement de l'un et de l'autre.
Certains artistes proposent de la coédition à leurs managers. Cela permet de mieux les impliquer, les motiver. Cela aussi les protège en cas d’éviction par un label une fois le succès arrivé, ou par l’artiste lui-même.
Dans certains pays, les managers sont rémunérés mensuellement par l’artiste. Ils jouent le rôle d’apporteurs d’affaires et sont payés pour des missions précises, ce modèle est fréquent dans les pays anglo-saxons.
Les managers sont donc des acteurs clés de la carrière d’un artiste. De la signature de contrats aux booking, ils ont un rôle primordial dans le développement de l’artiste. Cependant, leur rôle a évolué avec l'avènement de l'Internet. La maitrise des nouvelles technologies est déterminante pour exécuter le rôle du manager avec succès.
Sources :
http://www.irma.asso.fr
https://www.ama-france.com
Cet article a été publié en partenariat avec African Music Development Programme
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