Lu et approuvé : Omar Pène, un destin en musique
Auteur : Babacar Mbaye Diop
Livre : Oumar Pène, un destin en musique
Année : 2016
C’est la deuxième fois que j’écris un article sur Omar Pène. La première, c’était pour parler de la tracklist de l’album de ses 40 ans de musique – Ada – album que j’ai du reste adoré et qui figure encore aujourd’hui en bonne place dans ma playlist quotidienne.
Le deuxième article autour de Baye Pène aura pour noyau central le livre que l’universitaire Babacar Mbaye Diop lui a consacré. Quand j’ai eu vent, à travers la page Facebook de l’AfSud (Association des Fans du Super Diamono) de la parution imminente d’un ouvrage autour de l’oeuvre de Omar Pène, je n’ai plus eu de répit.
J’ai dû les avoir harcelés plusieurs fois avant de savoir où et quand ce livre serait distribué ; sans savoir que Ousmane, le manager de Baye Pène, me gardait mon exemplaire au chaud. Eh oui, on est FAN ou on ne l’est pas !
Une fois la dernière page du livre refermée, j’ai eu une sensation d’inachevé, de pas abouti, car à mon humble avis de fan et de lectrice, le livre aurait dû et pu être plus « densifié » que cela. Mais j’y reviendrai plus bas.
Babacar Mbaye Diop a eu une superbe idée en décidant d’écrire sur Omar Pène. Quoi que l’on puisse dire, j’ai l’intime conviction que les hommes, qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de notre cher Sénégal (hommes politiques, (anciens) Présidents, artistes, décideurs …) « n’écrivent » pas assez. Si l’on a – de quelque nature que ce soit – œuvré à porter haut les couleurs du Sénégal ont l’obligation de laisser des traces écrites de leurs réalisations et retours d’expériences, afin que les futures générations s’en inspirent. Espérons que ce livre sur Omar Pène sera le premier d’une très longue série.
Scindé en sept chapitres, l’ouvrage débute par un avant – propos de Oumar Wade, ami et admirateur qui nous rappelle, en quelques lignes, quel homme (valeureux) est Omar Pène et pourquoi, en sus d’être son ami, il est fan de lui. L’auteur continue par une introduction (écrite par lui) qui nous conte son histoire avec Omar Pène (car on en a tous une) et pourquoi il l’admire. Il fait une sorte de rétrospective en parlant de l’enfance de Omar Pène à Pikine chez ses grands – parents (notamment sa grand – mère Mame Sagar) qui le choyait. La première cassure intervient quand il fut contraint d’aller habiter chez son père et sa nouvelle femme, à Dieuppeul.
Il fit la douloureuse expérience de vivre avec une femme qui ne l’aimait pas. Cette marâtre, qui lui faisait sentir qu’il n’était pas le bienvenu, le maltraitait. Ce qui lui a inspiré la poignante chanson « Woudjou Yaye », que nous connaissons tous. Le jeune homme fugue et commence à vivre dans la rue, jusqu’à ce que Dieu mette sur son chemin Baïla Diagne, son mentor et « père » spirituel. On ne peut parler de Omar Pène et du Super Diamono, sans parler de Baïla Diagne. Tous les fans de Omar Pène connaissent l’histoire qui les lie : séduit par le timbre de voix si particulier de ce jeune qui se destinait à une carrière de footballeur, Baïla l’intègre dans son groupe d’alors, le Kadd Orchestra.
L’aventure (musicale) de Omar Pène commence ainsi … Le Super Diamono, porté sur les fonds baptismaux, rassemble des passionnés de musique dont Adama Faye, un autre des « maîtres » de Omar Pène, qui lui a permis de parfaire sa technique de chant. Le groupe fait la tournée des régions du Sénégal, en quête de sonorités locales et fait des recherches qui lui permettront d’avoir cette touche musicale unique que tous les mélomanes apprécient. Une jeune génération composait le groupe alors : Pape Bass, Lappa Diagne, Aziz Seck, Adama Faye, Ismaël Lô, Omar Pène …
La fin des années 1990 marquera un grand tournant dans le groupe. Certains s’essaient à une carrière solo, d’autres, qui ne se reconnaissent plus dans le style qu’a adopté le Super Diamono, s’en vont : c’est l’avènement du Super Diamono New Look; et sous la houlette de Ousmane Faye devenu manager, se lance à la conquête de la scène internationale.
L’AfSud, ce groupe de copains devenue une association imprégnée des valeurs de Omar Pène et du Super Diamono, pèse de tout son poids sur la carrière de Omar Pène et son cheminement artistique.
On ne peut aussi parler de Omar Pène, refaire l’historique de sa carrière sans parler de Youssou N'Dour. Ayant presque commencé leurs carrières au même moment, leurs fans se livraient une guerre sans merci. Le point culminant de cette rivalité est atteint lors de la sortie de leur album de duo. Intitulé Euleuk Sibir, il a donné lieu à nombre de supputations.
Désireux de donner une nouvelle orientation à sa carrière, Omar Pène privilégie le confort d’écoute dans sa musique aujourd’hui, allège les percussions qui rythment trop la musique sénégalaise (avouons – le) et met l’accent sur les paroles, qui sont sa marque de fabrique. L’album Myamba sort en 2005, suivi de Ndam qui voit le jour en 2009, à son tour suivi de Ndayaan en 2011. Un quatrième projet entièrement acoustique serait en chantier. Vivement sa sortie !!
Le livre se clôt sur un poignant témoignage de Youssou N'Dour, compagnon de longue date de Omar Pène. Il nous livre des détails quelque peu méconnus sur sa relation avec Omar Pène, et le rôle que celui – ci a eu à jouer dans sa vie personnelle.
Baye Pène a été éloigné de la scène durant une année pour cause de maladie. Eloignement qui a donné lieu à beaucoup de rumeurs (on l’a donné pour mort, amputé d’une jambe, aphone …) Mais tel un phénix, il renaît de ses cendres !
Après cette présentation de la forme de l’ouvrage Omar Pène, un destin en musique, parlons du fond. Et c’est là où le bât blesse, selon moi. Comme je l’ai écrit à l’entame de ce post, j’ai remarqué quelques manquements et autres incohérences durant ma lecture, et il me semble important de donner mon double avis de fan et de lectrice …
Babacar Mbaye Diop a eu une superbe idée (reconnaissons – le lui) en décidant de consacrer un ouvrage à Omar Pène. Mais pour cette raison, ce livre aurait dû être beaucoup plus étoffé. Je m’explique. Déjà dans le sommaire, j’ai eu quelques réserves. L’auteur effleure à peine l’enfance de Omar Pène, en la mélangeant avec l’introduction. Alors que cette partie aurait dû bénéficier d’un chapitre à lui tout seul.
De plus, le style de l’auteur m’a laissée perplexe par moments. Il mélange le style direct au style indirect, on ne sait pas quand une partie est terminée et quand une autre débute. Je me suis dit aussi, après avoir fini ma lecture, que les témoignages de compagnons de Omar Pène auraient dû être plus nombreux et des pans entiers consacrés à sa discographie. Je suis sans doute trop exigeante, mais on parle de Omar Pène quand même !
J’espère que l’auteur, s’il me lit, prendra compte de ces remarques et me pardonnera mon impertinence. Mais quand on écrit, on n’est plus maître de son oeuvre ! A part ces quelques remarques, le livre se lit très facilement et l’on est ému parfois devant la pugnacité de cet homme qui a cru en lui et en son talent et qui est devenu une légende de la musique sénégalaise !
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