Marieme, future première dame de la soul music ?
L'histoire de la chanteuse soul Marieme, est à plus d'un titre, digne d'être racontée ici.
Née de parents sénégalais, en Mauritanie, la vie de la petite Marieme Diop, alors âgée de seulement six mois, est brutalement bouleversée par ce qu'on appelle les « événements de 89 », ou le conflit sénégalo-mauritanien.
On est en 1989, un accrochage dans un village sénégalais (Diawara), entre peuls mauritaniens et soninkés sénégalais, à l'orée de la frontière des deux pays, occasionne des morts et plusieurs blessés.
C'est le point de départ d'un conflit meurtrier entre le Sénégal et la Mauritanie qui durera jusqu'en 1991.
À Dakar comme à Nouakchott, les ressortissants des deux pays sont victimes d'exactions, beaucoup de personnes y laisseront la vie. Par miracle, la famille Diop rejoint, dans un ultime vol, le Sénégal, où Marieme résidera avant de rejoindre son papa, entre-temps parti aux États-Unis.
Après 5 années au Sénégal, Marieme débarque au pays de l'Oncle Sam, ne parlant pas un seul mot d'Anglais, Elle a 7 ans.
« Avant que ma famille ne vienne à New York, je n'avais jamais été exposée à d'autres cultures ou ethnies », explique-t-elle. « Je ne parlais pas Anglais - juste le Français et le Wolof. »
N'empêche, elle va se choisir d'illustres professeurs d'Anglais, en écoutant les chansons des pop stars ; Britney Spears et Christina Aguilera.
Il faut dire que pour Marieme, la musique a été une bouée de sauvetage et une vraie découverte : « J'ai trouvé une boîte de CD que le précédent locataire avait laissée sous le lit de mes parents. C'était plein d'albums de Mariah Carey et de Céline Dion. Ils sont devenus mes repères : à partir de là, j'ai aimé passionnément la musique (...) je me suis réfugiée dans la musique. J'écoutais Céline Dion ou Mariah ou Mary J. Blige et j'essayais de chanter et de ressentir ce qu'elles ressentaient » confie-t-elle.
Dans cet environnement étranger, multiculturel, Marieme se forge une identité propre en tant que citoyenne du monde mais aussi en tant que chanteuse Soul, sous l'influence des plus grands noms de ce genre, tels que Nina Simone, Billie Holiday pour les plus anciens, Lauryn Hill, Amy Winehouse entre autres pour les plus contemporains.
Ses premiers pas dans la musique sont secrets. En effet, elle rejoint la chorale de son école à l'insu de ses parents qui voulaient d'abord qu'elle termine ses études. Elle décrochera un diplôme de journalisme et de communication, mais sa passion pour la musique est très forte. Libérée des études et malgré un avenir professionnel qui lui tend les bras, Marieme décide de faire carrière dans la musique.
Après un cover acclamé sur internet du titre « Back to Black » d'une de ses idoles, Amy Winehouse, la chanteuse se décide à faire le grand saut.
Début 2017, elle déménage à Los Angeles pour se consacrer entièrement à sa carrière. Le premier titre qu'elle dévoile, « Leave », parle de déplacement, de partir... justement, quelque chose d'intrinsèquement liée à l'histoire personnelle de Marieme, dès sa plus tendre enfance.
« Leave », c'est quitter mon ancienne vie pour vraiment poursuivre mon rêve, il évoque également les sacrifices, le chagrin et la rédemption qui sont venus avec ce choix. »
Avec ce morceau puissant et tout à la fois autobiographique, humaniste et militant, la jeune chanteuse attire l'attention des professionnels de l'industrie.
Ce titre, ainsi que les morceaux, « Be the change » (The Shelter) et « Ask for help » sont d'une beauté et d'une puissance rares. Cependant, il faut l'admettre, ces bijoux soul vous feront penser à tous ces grands noms cités plus hauts et qui ont influencé fortement l'artiste, mais ils recèlent quelque chose de particulier, d'unique, qui n'appartient qu'à Marieme et qu'elle parvient, sans trop forcer, à nous faire voir, nous faire entendre ; son histoire, son identité d'africaine libre, moderne et citoyenne du monde.
Quand j'ai découvert, sur YouTube, les magnifiques titres de Marieme, je l'ai contacté sur les réseaux sociaux et expliqué mon intention d'écrire un article sur elle et sa musique, qu'elle ne fut pas ma surprise de recevoir, au bout de quelques minutes, cette réponse de la chanteuse qui parle maintenant parfaitement Anglais et très peu le Français : « Currently aligning my chakras, will reach out to you as soon as possible »
En clair, Marieme était en pleine méditation et promettait de me répondre plus tard.
En effet, grande fan de Manga et de cosplay (pratique japonaise qui consiste à revêtir un costume pour ressembler à des personnages virtuels, en particulier à des personnages de mangas), Marieme développe un côté spirituel très fort, qui s'est renforcé grâce à un voyage initiatique au Pérou en 2016. Cet aspect de sa personnalité est tout aussi important pour comprendre l'artiste. La chanteuse crée elle-même ses propres tenues pour encore renforcer son personnage fantastique et artistique.
Le projet de Marieme, prévu pour bientôt, porte déjà toutes les promesses d'un grand album, pour s'en convaincre, il suffit d'écouter l'écrivain américain, contributeur célèbre pour des publications prestigieuses telles que Rolling Stone, New York Times, Los Angeles Times, Matt Diehl, évoquer le potentiel de la jeune chanteuse : « les chansons puissantes du premier album solo de Marieme à venir incarnent cette qualité cruciale de l'identité artistique et musicale en plein essor de Marieme »
Matt Diehl, en fait, ne tarit pas d'éloges sur la jeune chanteuse, il la compare déjà aux grandes voix de la musique soul actuelle ; Adele, Solange, Janelle Monae...
Suffisant pour nous convaincre de l'éclosion prochaine d'une grande chanteuse soul, d'une diva...
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