Première audience du procès de Malafi Niamba, opérateur culturel, et de sept danseurs en RDC
Lundi 19 août 2024, la prison de Makala à Kinshasa a été le théâtre d'un procès très attendu impliquant l'artiste pluridisciplinaire Malafi Niamba et 7 de ses danseurs. Ce procès, qui a attiré l'attention de la communauté artistique congolaise et au-delà, soulève des questions importantes sur la liberté artistique et les droits des artistes en République démocratique du Congo (RDC).
Malafi Niamba, un jeune artiste et directeur de l'Espace culturel des Mwindeurs, a été arrêté le 27 juillet 2024, après avoir dénoncé l'arrestation de 7 danseurs qui travaillaient sous sa direction. Ces danseurs avaient été interpellés alors qu'ils tournaient un clip vidéo dans la rue, une activité qui a été jugée inappropriée par un résident local. Ce dernier s'est plaint auprès du procureur, arguant que les costumes des danseurs étaient indécents et portaient atteinte à la pudeur publique.
Les danseurs, dont 3 femmes, ont été arrêtés sans mandat et ont passé la nuit au cachot du parquet avant d'être transférés à la prison centrale de Makala. Malafi Niamba a été accusé d'avoir qualifié cette arrestation d'arbitraire et d'avoir incité à la désobéissance civile. Le procès a été rapidement organisé sur demande des avocats de la défense, et Niamba ainsi que ses danseurs ont été jugés coupables par le Tribunal de Grande Instance de N’djili.
La communauté artistique congolaise a vivement réagi à ces arrestations, les qualifiant d'injustes et d'arbitraires. Le Collectif des Artistes et Culturels (CAC) a organisé plusieurs manifestations et campagnes sur les réseaux sociaux pour demander la libération de Niamba et des danseurs. Ils ont également saisi le ministre de la Justice, Constant Mutamba, pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme une atteinte à la liberté artistique et culturelle.
L'audience en appel qui s’est tenue ce 19 août 2024, a été suivie de près par de nombreux artistes et défenseurs des droits humains. Le CAC a encouragé la communauté artistique à se mobiliser et à assister au procès pour montrer leur soutien à Niamba et aux danseurs.
Lors de l'audience, les avocats de la défense ont plaidé pour la libération provisoire de Niamba et des danseurs, arguant que les accusations portées contre eux étaient infondées et motivées par des préjugés culturels. Ils ont également souligné que les danseurs avaient obtenu l'accord de la voisine du plaignant pour tourner leur clip vidéo, ce qui rendait les accusations encore plus discutables.
Ce procès met en lumière les défis auxquels sont confrontés les artistes en RDC, notamment les arrestations arbitraires et les restrictions à la liberté d'expression. La communauté artistique espère que ce procès servira de catalyseur pour des réformes juridiques visant à protéger les droits des artistes et à promouvoir un environnement plus favorable à la créativité et à l'innovation culturelle.
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