Salif Keïta, les adieux d'une légende ?
par Jean de Dieu Boukanga et Patricia Yumba Muzinga
Dans une interview récemment accordée à des médias indépendants, en marge du Festival MTN Bushfire qui s'est tenu il y a 2 semaines au Swaziland, le chanteur malien Salif Keïta a parlé de sa carrière et de ses actions sociales.
49 années de musique, un parcours exceptionnel qui aura été pour Salif Keïta, tantôt ponctué de périodes fastes mais aussi de dures épreuves. L'artiste malien l'a avoué, le combat contre les préjugés autour de l'albinisme n'a pas tardé à devenir l'objet de sa musique.
Il a pourtant débuté sa carrière avec pour principale motivation de ne pratiquer que l'art pour l'art. Mais Salif Keïta a finalement dû se servir de sa voix pour une cause : détruire les étiquettes souvent associées à cette maladie génétique dont il est victime.
Son combat, l'artiste malien l'a mené en musique, mais aussi par des actions concrètes, comme la mise en place de la Fondation Mondiale Salif Keïta dont il est fier : « Grâce à ma fondation, j'ai pu aider d'autres albinos. Pas seulement chez moi au Mali, mais partout en Afrique et même aux Etats-Unis. J'ai été en mesure de fournir une assistance à de nombreux individus, en leur fournissant de la crème solaire, des lunettes de soleil et des vêtements pour se couvrir du soleil ».
« Mon but ultime maintenant, un objectif auquel je travaille de toutes mes forces, est de recueillir des fonds pour construire un hôpital qui répondra spécifiquement aux besoins des albinos » a t-il ajouté.
Au sujet de sa carrière musicale, Salif Keïta a annoncé la parution en octobre prochain, de ce qui sera le dernier album de sa longue discographie. Pour mettre un point final à sa belle histoire, l'artiste malien a convoqué des artistes tels Yemi Alade du Nigeria, la chanteuse béninoise Angélique Kidjo et le jeune rappeur Abd Al Malik de Paris (France), pour des collaborations qui s'annoncent alléchantes.
Rencontré quelques semaines plus tôt par la rédaction de Music In Africa après sa prestation sur la scène de Bassline Fest, un spectacle organisé pour la journée de l’Afrique( 25 mai ) et en l’honneur du centenaire de Nelson Mandela, Salif Keïta affaibli par la maladie, annonçait déjà l’intervention de grands artistes dans son opus.
À la question de savoir si une collaboration avec Yemi Alade et les Ladysmith Black Mambanzo avec qui il venait de partager la scène, pour une performance fort bien accueillie par le public, était envisageable, il a brièvement répondu « tout est possible ». Ses propos, aussi prudents soient-ils, n’auront pas masqué la belle insinuation de ses ultimes collaborations.
Sakif Keïta se sera donné, malgré son mal-être apparent, pour célébrer l’Afrique au travers de son hymne « Africa ». « J’adore l’Afrique du sud et j’adore venir jouer ici » a-t-il déclaré. « Et puis c’est quand même le grand Mandela qu’on célèbre, donc je me devais d’être là ».
« La journée de l’Afrique c’est une fierté pour nous artistes. Cette journée est censée nous donner du courage en tant qu’Africains et nous inciter à prendre nos responsabilités » avait-il alors conclu.
C'est tout un héritage que Salif Keïta s'apprête à laisser à sa postérité, dans une industrie musicale africaine qu'il aura fidèlement servi pendant 5 décennies.
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