Toumani Diabaté & Ketema : Olé Diali !
Cela commence par la voix du griot mandingue, qui s’élève a cappella : « Dialiyooo Dialiyé » chante le choriste, comme une invitation aux ancêtres, à toutes les voix des griots mandingues, à se joindre à cette fête.
La Kora de Toumani Diabaté trône, majestueuse au milieu de la scène, entourée des instruments de ses collègues espagnols du « nouveau flamenco » Ketama.
Ces derniers commenceront le concert avec un duo, qui sera rejoint ensuite par le reste du groupe et les choristes mandingues. Ce petit monde nous installera dans l’ambiance, avant que n’arrive sur scène le grand virtuose accompagné de très chaleureux applaudissements. Le voyage pouvait alors démarrer.
Il commença en douceur durant quelques minutes avec de belles mélodies avant de nous entraîner vers le grand dépaysement. Les plus beaux voyages, ce sont souvent les plus dépaysants n’est ce pas ?
Je pourrais vous raconter la grande envolée de la guitare flamenco qui sera rejoint par la Kora, et l’incroyable dialogue qui s’en est suivi : complice, enjoué, rythmique.
Je pourrais vous parler de ce rythme qui monta crescendo offrant un mélange absolument savoureux, vous savez, la magie des métissages musicaux ! Après l’enthousiasme de la rencontre (l’apothéose!), arriva l’écoute dans l’échange.
Chaque instrument s’éclipsait alors, pour laisser s’exprimer l’autre, tout en le soutenant par des notes plus discrètes ; avant qu’ils ne s’élancent à nouveau ensemble, de plus belle. Le tout, offert en harmonie, avec une générosité artistique remarquable. La sonorisation malheureusement fidèle à elle-même grinçait de temps à autre mais c’était peu pour déstabiliser des artistes de la trempe de Toumani Diabaté et ses amis !
Je pourrais vous conter aussi l’échappée de la magnifique danseuse aux coups de reins rythmiques, les pas de Sabar et Salsa sur du rythme Flamenco et Kora.
Me reviennent alors ces vers de David Diop :
« Maîtresse docile à l’étreinte des koras
Tu es danse par le vertige
Par la magie des reins recommençant le monde
Tu es danse »
Oui, je pourrais vous conter ces choristes bien plus talentueux que l’artiste invitée à chanter pour la finale, ces choristes qui ont apporté aussi leur touche d’originalité et de fraîcheur (Ah les choristes, ces voix de l’ombre qui se mêlent tristement au décor ! mais ça c’est une autre histoire.)
Je pourrais vous dire chers lecteurs, la beauté du duo chants Espagnol et Mandingue, les « olé » s’élevant du fond de la salle, les salves d’applaudissements d’un beau public venu très nombreux.
Je pourrais vous conter le rappel insistant de ce même public qui en voulait encore après 2H de concert, et les mots émouvants de Toumani Diabaté expliquant l’aventure Songhaï, ainsi que son histoire avec le Sénégal.
Je pourrais vous conter le sourire des artistes, leurs yeux brillants, leur façon de se féliciter chacun voulant mettre la lumière sur l’autre.
Je pourrais vous conter tout cela mes amis, et vous dire que c’était un très beau voyage.
Mais finalement je ne le ferai pas, parce qu’il y a des voyages qui ne se racontent pas, ils se vivent. « Songhaï » en est un.
Cet article a été initialement publié sur Aishademe.com le 17 octobre 2016
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