Y'en a marre dit « Non » en musique à Macky Sall
Au Sénégal, les rappeurs du mouvement Y'en a marre ont récemment sorti un single pour dire « Non » au président Macky Sall et encourager les sénégalais à voter dans ce sens, lors du référendum qui sera organisé le dimanche 20 mars 2016, afin qu'ils se prononcent sur le projet de révision de la Constitution, dont la réduction de la durée du mandat du Président de la République.
Le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé le 16 février 2016, lors d'une allocation télévisée, que le passage du septennat au quinquennat prévu par la révision constitutionnelle s'appliquerait seulement à partir du prochain mandat présidentiel et qu'il irait en conséquence jusqu'au bout de son mandat actuel, en 2019, afin de se « conformer à la décision du Conseil constitutionnel ».
Ce revirement du président, Y’en a marre, léthargique depuis l’avènement de Macky Sall, ne l'entend pas de cette oreille et compte bien le faire savoir. Le mouvement compte en effet, battre campagne pour l’échec des réformes enclenchées par le chef de l’Etat. Pour ce faire, Y'en a marre a lancé un single incendiaire contre Macky. C’est ainsi qu’un hymne du « Non » a été réalisé avec la participation des rappeurs : Kilifeu, Djily Bagdad, Rona Séne, Fou Malade et Simon.
Dans le single, le revirement (Wax Waxeet, en wolof) de Macky Sall est dénoncé, et le « Non » suggéré aux Sénégalais qui voteront le 20 mars prochain.
Selon les leaders du mouvement, Macky Sall a foulé aux pieds les dispositions de la Constitution, il a renié ses engagements. Le président avait pris l’engagement ferme de réduire son mandat une fois élu. Après son éléction à la tête du pays, le Président Sall avait réitéré sa volonté d’écourter son mandat qui normalement devait durer 07 ans à 5 ans. Mais, depuis peu, il a changé d'avis au motif que le Conseil constitutionnel le dissuade de réduire son mandat. Ce qui a provoqué un véritable tollé dans le pays. Pour le commun des sénégalais, ce revirement rappel le « Wax waxeet » du dernier président Abdoulaye Wade, un déni, on s'en rappelle, qui avait entrainé la perte du pouvoir pour son camp.
C'est ainsi que le « Front du Non », mis en place mercredi par une douzaine d'organisations de la société civile et de partis politiques, appelle le peuple à opposer un non massif et décisif à la Constitution du président Macky Sall. Y'en a marre est à la tête du front du refus créé pour porter la campagne nationale contre la Constitution de Macky Sall. Ce Front regroupe des organisations comme la Raddho, La Ligue Sénégalaise des Droits de l'Homme, Amnesty, Le Forum du Justiciable, etc.., et appelle à désavouer Macky Sall dans les urnes lors du référendum prévu le 20 mars en dénonçant le wax waxeet du président Sénégalais.
Elu en 2012 pour sept ans au second tour de la présidentielle face à Abdoulaye Wade, M. Sall avait saisi en janvier le Conseil constitutionnel de son projet de réforme de la Loi fondamentale prévoyant, conformément à sa promesse de campagne, une réduction immédiate du mandat du chef de l'Etat, le nombre de mandats étant limité à deux consécutivement. Le Conseil constitutionnel du Sénégal donnera un avis défavorable à la proposition du président Macky Sall, de réduire son mandat. Une décision, qui depuis son annonce, provoque de virulentes critiques de la société civile et de l’opposition politique, le chef de l’Etat Macky Sall est accusé de tous les côtés de ne pas respecter ses promesses.
Après avoir combattu et fait tomber le régime de Wade en 2012, grâce à une forte mobilisation des jeunes sénégalais autour d'eux, Y'en a marre est devenu très populaire auprès d'une grande partie de la jeunesse sénégalaise voire africaine. Les leaders de ce mouvement, pour la majorité, des rappeurs, ont mis leur talent d'artistes au service de leur combat, c’est à dire le respect de la Constitution au Sénégal et en Afrique.
Avec ce single, c'est donc clairement un bras de fer qui est maintenant engagé entre le président Sall et les rappeurs de Y'en à marre. On se rappelle pourtant, qu'au début du mandat présidentiel de Macky, beaucoup d'observateurs de la vie politique sénégalaise soupçonnaient le mouvement d'être en connivence avec ce pouvoir qu'il avait contribué à mettre en place.
Commentaires
s'identifier or register to post comments