L’enseignement de la musique en Algérie : une pratique et des alternatives
Théoriquement, l’enseignement de la musique est présent dans les programmes scolaires en Algérie, mais en pratique, il est dispensé de manière aléatoire. Si l’école n’assure pas totalement à l’élève l’apprentissage de la musique, il y a cependant d’autres alternatives qui viennent palier le déficit. Il faut aussi noter que malgré les limites du système de formation musicale, chaque génération voit naître des prodiges et des célébrités.
Par Idjer Yacine
L’apprentissage musical dans le milieu scolaire ?
Globalement, l’éducation artistique, notamment celle musicale, est inscrite dans le programme pédagogique ; c’est une discipline reconnu en Algérie. Mais faute d’encadrement et de ressources, elle est négligée ; elle n’est pas dispensée dans tous les établissements scolaires. Généralement la musique est enseignée dans les grandes villes et ce sont seulement quelques écoles des trois paliers (primaire, collège et secondaire) qui en bénéficient.
De plus, elle n’est pas convenablement dispensée : les élèves font une heure par semaine, et le contenu du programme se résume à des exercices théoriques, c’est-à-dire à la lecture et l'audition musicales. Quant à la pratique, soit l'apprentissage des instruments de musique, presque rien n'est fait car les écoles ne sont pas toujours équipées. Il y a un réel manque de moyens et de volonté politique, pour développer l'école du 4e art.
Le rôle académique des instituts
Il existe tout de même des instituts créés pour la musique. Nous pouvons citer à ce titre, les Instituts régionaux de formation musicale (IRFM) et l’Institut national supérieur de musique (INSM) qui se trouve à Alger, la capitale. Ces instituts dispensent une formation musicale aux personnes passionnées et désireuses d’y faire une carrière.
Cependant, l’IRFM n'ouvre ses portes qu'aux candidats âgés de moins de 20 ans à la date du concours d'entrée. Le candidat doit en plus, avoir un bon niveau scolaire.
Quant à l’INSM, seuls les titulaires du baccalauréat de l'enseignement secondaire (toutes séries), les titulaires du diplôme général d'études musicales ou encore les titulaire d'un titre où diplôme étranger reconnu équivalent sont admissibles. Les candidats doivent passer un concours d’entrée.
Il faut, par ailleurs, noter que 5% des places pédagogiques, après le concours d'entrée à l’INSM, peuvent être réservées aux candidats non titulaires de l'un des diplômes susmentionnés et présentant des aptitudes artistiques établies.
Au niveau de l’IRFM, la durée de la formation est 6 ans. Elle s’organise en deux phases :
- Dans un premier temps, le candidat suit, durant 3 années, des études générales, axées sur les connaissances fondamentales en musique.
- Dans un deuxième temps, il suit des études spécialisées en musicologie. Cette étape de la formation lui servira à l'approfondissement et la consolidation des connaissances théoriques, techniques et méthodologiques.
S’agissant des spécialités, le candidat a l’embarras du choix : violon, alto, flûte, trompette, basson, piano, percussion, hautbois, guitare, saxophone. Le chant fait aussi partie des spécialités.
Concernant l’INSM, la durée de la formation est de 4 années d’études sanctionnées par le diplôme d'études supérieures musicales. Les spécialités sont : violon, guitare, clarinette, etc.
L'apport complémentaire des conservatoires
En plus des instituts cités, d’autres établissements étatiques assurent une formation musicale sur le plan académique et pratique.
Au niveau d’Alger, nous pouvons citer le conservatoire Amar Ezzahi (ex: conservatoire central), l’école de musique des frères Ibari de Cheraga, le conservatoire Bensemane de Bologhine, le conservatoire d'Appreval, l'école de musique Cheikh Abdelkrim Dali de Kouba, le conservatoire d'El Biar, le conservatoire de Bir Mourad Rais, la maison des arts et de musique Abdelhamid Benhedouga de Kouba, l’école de musique Abdelkrim Aggoun d’El Mouradia et enfin l’école de musique Mohammed Yekhlef de Zéralda.
Les disciplines enseignées sont : la guitare classique, le violent classique, le violoncelle, le piano classique, le qanoun, la musique chaâbi (tous les instruments et chants), la musique andalouse (tous les instruments et chants), le technique vocale et le chant chorale. Ces écoles forment également au théâtre et la danse.
Ces différentes écoles sont gérées par l’établissement Art et Culture de la wilaya d’Alger, un organisme chargé de dynamiser la vie culturelle algéroise. EIles sont ouvertes aux adultes comme aux enfants, et ne l'adhésion n'est pas conditionnée par un concours.
Il faut cependant se munir d’un dossier comprennant :
- Pour les enfants : 4 photos d’identité, 1 extrait d’acte de naissance, une autorisation légalisée du tuteur, un certificat médical, les frais annuels d’inscription (selon la discipline).
- Pour les adultes : 4 photos d’identité, 1 extrait d’acte de naissance, une photocopie de carte nationale d’identité, un certificat médical, les frais annuels d’inscription (selon la discipline).
Les associations, une contribution supplémentaire
Le mouvement associatif joue un rôle très important et particulièrement significatif dans l’apprentissage de la musique.
En effet, Les associations, ouvertes à tous ceux qui aspirent au savoir dans le domaine de la musique, se présentent comme des écoles à part entière dispensant une éducation aboutie, avec un programme approprié et une méthodologie efficace. Beaucoup y adhèrent dès leur jeune âge pour suivre un parcours pédagogique, et d'autres les rejoignent après avoir fait une formation initiale dans des conservatoires. Beaucoup de vedettes sont issues de ces associations.
On pourrait citer parmi les organisations de cegenre, El-Fakhardjia ou encore Essendoussia, qui sont de vraies pépinières à talents. Elles servent de tremplin à de nombreux artistes, à l’instar de Lila Borsali, Lamia Maadani, Beihdja Rahal, Hamidou, Nacereddine Chaouli, Radia Adda et bien d’autres.
Les associations qui sont plusieurs à œuvrer à travers l’Algérie, ne s’emploient que dans la pratique des musiques traditionnelles. Leur objectif est la promotion et la sauvegarde du patrimoine musical, comme l’andalou ou le chaâbi. Dans ce sens, elles jouent, à travers l’enseignement de la musique, un rôle majeur pour la transmission, l’entretien et la préservation de l'héritage patrimonial. Elles assurent à chaque génération, une relève pour perpétuer le savoir des aînés. Elles forment des milliers de musiciens instrumentistes et de choristes et continuent toujours, avec une détermination inchangée, d'honorer la mission.
Les écoles privées
L’apport du privé à l’éducation musicale est faible parce qu’il n’existe pas vraiment d’écoles spécialisées pour le 4e art. Quelques-unes proposent parfois des cours de piano, de violent, de guitare et de chant, généralement aux enfants et aux adolescents ; mais rien de plus approfondi.
En plus, nous ne pouvons pas parler d’écoles de musique mais plutôt d’écoles d’art, c’est-à-dire que le champ d’action de ces écoles privées qui ne sont pas nombreuses, est vaste et divers. Leur vocation est de donner des cours dans différentes disciplines artistiques, entre autres la musique.
Nous pouvons citer dans cette catégorie, l’école Artissimo (Alger) qui, outre la musique, inclue dans son programme d’autres ateliers : dessin, art pictural, théâtre. D’ailleurs sa mission est essentiellement axée sur la formation artistique et la diffusion culturelle.
Ce qu’il faut retenir de ce constat, c’est que l’enseignement de la musique en Algérie existe bel et bien, et quelle que soit la manière dont il est enseigné, il est tout de même reconnu. Une heure par semaine suffit largement pour éveiller la sensibilité artistique d'un élève et stimuler son penchant pour la musique.
Celui qui prend goût à la musique dès la base grâce à son programme scolaire, peut s’inscrire après ses heures d’école, dans un conservatoire ou suivre des cours d'approfondissement au sein d’une association ou une école privée, s'il aspire à faire carrière dans le 4e art.
Mais en Algérie, celui qui n'a pas bénéficié d'une formation initiale dans son cursus scolaire, peut toujours se rattraper avec les nombreuses alternatives citées.
Liens de références
(1) -https://www.m-culture.gov.dz/index.php/fr/formation-pre-graduee/irfm/ins...
(2) -https://www.m-culture.gov.dz/index.php/fr/formation-graduee/institut-nat...
(3) -https://www.ens-kouba.dz/french/index.php/formation/musique
(4) -http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=142149
(5) -https://www.artissimo.dz
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