Après 7 ans de traversée du désert, c'est la renaissance pour le festival du Sahel
27 tonnes de matériels, 30 techniciens dont 18 permanents, une dizaine d’artistes, 3 jours, 2 concerts - ce sont les chiffres de la renaissance pour le festival du Sahel dans les dunes du désert de Lompoul au nord-ouest du Sénégal, après 7 ans de pause forcée. L'événement s'est tenu du 4 au 6 novembre dernier.
Au cours du week-end dernier, le festival du Sahel a célébré sa 6e édition en tant que manifestation culturelle mais aussi touristique, avec sa destination de rêve...
Ce fut une véritable prise de contrôle du désert, avec des têtes d'affiche de choix dont L'Orchestra Baobab, Cheikh Lô, SAHAD SARR, le groupe malien Amanar, Chadia et Defmaa maadef, entre autres.
Le festival du Sahel offre un cadre pittoresque avec en toile de fond, des dunes escarpées et un bois épars, qui sert aux festivaliers qui bravent le terrain accidenté, de points de repères dans cet erg où l'ambiance est joyeuse en ce temps de festival.
Cette ambiance s'étend à un marché qui ressemble à une foire d'art et d'artisanat, des installations interactives, des sculptures lumineuses au néon, une tente restau géante à deux trois dunes d’une scène imposante tout en métal, foyer musical incandescent pour irradier des notes chaudes dans les nuits très froides du désert.
Les participants, dont des touristes qui campent dans la région pour le week-end et les habitants des villages environnants apportent autant à l'esthétique et à l’esprit du festival, que le décor impressionnant.
Les heures du festival cette année, étaient à peu près de 14 heures à 4 heures du matin, les têtes d'affiche jouant tard, très tard...
Cheikh Lô et SAHAD SARR qui ont atteint des plages horaires plus que tardives – ont quand même explosé sur la scène lunaire. Ils ont parcouru des sélections de leur catalogue riche bien accueilli par une foule enthousiaste.
En plus de Cheikh Lô et SAHAD, l’Orchestra Baobab, Nix et bien sûr Amanar ont été pleinement efficaces sur la scène principale. Les sons glissants du groupe malien ont entraîné les connaisseurs dans une joie de masse, tandis que le rappeur Nix a interprété un set de rêve sous un froid kaléidoscopique.
C'est clair maintenant, s’il fait si froid dans le désert la nuit, c’est pour qu’on y organise de bouillants concerts pour réchauffer l’atmosphère dans cet espace à l’amplitude thermique très importante ; le groupe malien Amanar avec à sa tête Ahmed Ag Kaedy, ses guitares au blues lancinant, ses chants mélodieux portés par des percussions hypnotiques, l'a compris en assurant certainement l’un des shows les plus lumineux du festival du Sahel 2022.
L'acte le plus spectaculaire du premier soir a peut-être été celui du groupe Defmaa maadef, qui s'est produit sur une musique d’ambiance intéressante. L'escalade des boucles grâce à Defa et la voix pleine d'entrain de Mami, a fait chanter et danser tout le monde à l'unisson.
Le deuxième jour a enregistré une participation beaucoup plus importante, avec l'entrée en scène de l'Orchestra Baobab et d'un solide échantillon d'autres talents.
Tout a commencé sur une note ennuyeuse avec deux ou trois groupes locaux. La soirée a été rapidement sauvée par Amanar et son blues du désert imparable, et il n'y avait pas moyen de quitter des yeux, la performance et le sens du spectacle d’Ahmed Ag Kaedi - avec sa tenue assortie en haut et en bas aux mouvements de sa guitare qui participent à sa livraison impeccable.
Ensuite, les indémodables de l’Orchestra Baobab ont assuré l'ambiance avec leurs classiques fortement teintés de salsa.
L'énergie commençait à se concentrer sur la grande scène lorsque l’orchestre est arrivé pour sa performance, avec son fabuleux répertoire des années 70 à la richesse sonore incroyable. Le groupe était juste la bonne saveur pour préparer la foule pour SAHAD SARR, qui a interprété son album Luuma (2022) dans son intégralité.
La participation de la foule lors de la performance de SAHAD a relevé le spectacle, avec des chorégraphies improvisées au rythme de la musique. L'album Luuma a été joué dans son ordre de passage d'origine ; les singles « Sandaga » et « Taasu Kafe » ont reçu les réponses les plus plus intenses, avec des applaudissements bruyants et soutenus, grâce à une performance sincère et presque de devoir, alors qu’il ne restait plus grand monde devant la scène.
Le dernier jour du festival a eu une fréquentation plus clairsemée, avec moins de festivaliers et un point de presse improvisé juste avant un mariage maure aussi pittoresque que charmant, comme pour symboliser dans un dernier acte ultime, le contrat entre le festival et son public.
Oui ! Le festival du Sahel est de retour et le désert reste bien sa maison ; même s’il demeure nomade dans l’âme, il peut s’avancer à donner rendez-vous pour le 8,9,10 décembre 2023 à son public.
Aussi authentique et sans entraves que soit une expérience comme le festival du Sahel, tout n’a pas été féérique du point de vue de l'organisation ; le camp des journalistes était trop loin du site du festival et les navettes n'étaient pas toujours disponibles.
Sur le site des journalistes toujours, il n'y avait aucun moyen de travailler car le camp choisi ne disposait pas de tout ce qu'il fallait ; des manquements dommageables au festival, alors qu'avec deux branchements électriques et trois rallonges le tour était joué !
Mais même avec cette désorganisation sur le terrain, le festival du Sahel reste un événement profondément incroyable, avec de la bonne musique dans un cadre à nul autre pareil. Ses équipes et ses participants, sont exceptionnellement amicaux, les habitants des villages environnants extrêmement accueillants, et quand tout finit, vous ne pouvez retenir de l'expérience qu’une bonne grosse fatigue et des moments magnifiques qui sont si singuliers à Lompoul et son paysage dunaire.
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