FEMUA : le guide parfait du festival ou comment faire opérer la magie à Anoumabo
Anoumabo est un quartier animé et historique de la commune de Marcory, situé dans la partie sud d'Abidjan (Côte d'Ivoire). Chaque année, il est illuminé par le Festival des Musiques Urbaines d'Anoumabo ou FEMUA.
Fondé au début du XXe siècle, Anoumabo était initialement un village de pêcheurs habité par le peuple ebrié, et au fil du temps, le village s'est développé pour devenir un creuset de divers groupes ethniques, contribuant au patrimoine culturel unique de la région.
Aujourd'hui, Anoumabo est largement connu comme le berceau du célèbre groupe de musique ivoirien Magic System, dirigé par A'salfo, le fondateur du FEMUA. Le quartier est devenu synonyme de la scène musicale urbaine dynamique de la capitale ivoirienne. Quinze ans de création, l'objectif du festival est de promouvoir la musique et la culture africaines, et de sensibiliser aux questions sociales et environnementales.
La musique a toujours joué un rôle crucial dans l'identité culturelle d'Abidjan. À la fin des années 1990, la scène musicale de la ville a été révolutionnée par Magic System, qui a combiné des rythmes africains traditionnels avec des rythmes électroniques modernes, créant un son unique appelé zouglou. Les airs contagieux et les performances énergiques de Magic System ont rapidement attiré l'attention internationale, faisant d'A'salfo et de ses compagnons, l'un des groupes de musique les plus connus d'Afrique. Leur hit le plus populaire, « Premier Gaou », reste un hymne classique de la musique ivoirienne et a récemment été remis sur le devant de la scène dans de nouvelles parties du monde, par des stars de la musique électronique comme Francis Mercier, Black Motion et Nitefreak.
Au fil des ans, le succès de Magic System a inspiré de nombreux autres artistes locaux à poursuivre leur passion pour la musique, et a contribué de manière significative au développement de la scène musicale urbaine à Abidjan.
Si jamais vous vous rendez à Anoumabo pour le FEMUA, vous trouverez ci-dessous un guide rapide pour vous aider à naviguer dans le festival et à apprendre quelque chose pendant votre trajet.
À quoi s'attendre quand on va au FEMUA ?
Étant l'un des plus grands festivals-conférences d'Afrique de l'Ouest à ce jour, le FEMUA rassemble de grandes foules et offre de nombreuses opportunités pour en apprendre davantage sur la beauté et le patrimoine culturel de la Côte d'Ivoire, ainsi que sur le pays invité, le Togo en 2023.
Le FEMUA se déroule sur plusieurs jours et présente un large éventail de styles musicaux, y compris toutes sortes de musiques traditionnelles africaines, reggae, hip hop et pop. Chaque fois que le festival a lieu, une sensibilisation est faite et des fonds sont collectés pour une cause spécifique, telle que l'éducation, la santé ou l'environnement. Dans le passé, le FEMUA a soutenu des initiatives telles que la construction d'écoles et d'hôpitaux, la distribution de moustiquaires pour prévenir le paludisme et la promotion des énergies renouvelables - montrant à la communauté locale à quel point les arts peuvent aider à changer des vies.
Durant les premiers jours, vous aurez droit à des activités qui mettent en valeur les liens entre les pays voisins de la région, à travers une série d'ateliers et de spectacles appelés Carrefour Jeunesse. Dans l'un de ces ateliers, des artistes tels que Roseline Layo et KS Bloom ont parlé de leurs carrières cette année, et instruit les jeunes participants sur les opportunités d'entrepreneuriat qu'ils ont pu saisir, ainsi que sur l'apport des réseaux sociaux sur leur visibilité.
Que découvre-ton au FEMUA ?
Il y a quelques espaces à apprécier sur le site du festival, qui se tient à l'Institut National de la Jeunesse et des Sports, plus connu sous le nom d'INJS Marcory. En effet, la scène du village est entourée de « maquis », des bars improvisés où vous pouvez passer du bon temps.
En 2023, des pépites comme Oprah, Josée Delatour et Defty ont investi cette zone pour de petits showcases en OFF, avec l'espoir d'être repérés et programmés pour la scène principale l'année suivante.
Il y a également l'espace FEMUA Kids, où vos enfants peuvent profiter des châteaux gonflables, des toboggans et manèges surveillés en permanence par une équipe.
Comme les festivités commencent tôt dans la journée, vous aurez le temps de vous familiariser un peu avec le jargon local. À Anoumabo, le français et le dialecte local nouchi sont courants.
Le nouchi est apparu à Abidjan vers la fin des années 1970 ; il doit son nom aux mots mandingues nou (narines) et chi (poils) ou « poils du nez », surnom utilisé pour désigner les enfants de la rue. Il est un mix de français, d'anglais, d'espagnol, de dioula, de baoulé, de guéré et de bien d'autres dialectes ivoiriens.
Que manger au FEMUA ?
Au Village Stage, retenez déjà que les boissons ne sont pas vendues à l'unité ; donc ramenez vos amis pour bien profiter des packs que l'on propose. Abordable en terme de prix, et abondante, la Bock (bière locale généralement appelée la 66 en Nouchi), serait une bonne idée de rafraîchissement.
L'alloco (plantain), l'attiéké (manioc fermenté), le poisson braisé (poisson grillé) et les œufs durs sont les incontournables du menu au FEMUA.
La Côte d'Ivoire est aussi le plus grand producteur mondial de fèves de cacao. Cependant, le pays a eu du mal dans le passé à développer une solide industrie de production de chocolat. Si donc vous voyez un vendeur de chocolat fabriqué localement, aidez la plus grande cause en l'achetant et profitez d'une bonne collation sucrée.
Que faut-il écouter au FEMUA ?
Les avant-premières exclusives des artistes qui participent au FEMUA et qui y annoncent leurs prochaines sorties sont un régal ! Cette année, Santrinos Raphael, un auteur-compositeur-interprète togolais récemment devenu célèbre, a lancé son nouveau single « On Va Pas Divorcer » sur la scène du festival. Il s'agit d'une chanson d'amour écrite en français et en éwé, une langue parlée principalement dans le sud du Togo.
Santrinos s'est rendu en Côte d'Ivoire à plusieurs reprises depuis 2000 et s'est construit une base de fans stable dans plusieurs pays francophones d'Afrique.
« Le FEMUA sera toujours une grande fête », a-t-il déclaré un jour avant sa représentation sur la scène principale. « Il y a juste un peu de pression, parce que je représente mon pays, mais je suis reconnaissant d'avoir été choisi pour venir jouer ici, car j'ai beaucoup de fans en Côte d'Ivoire qui me soutiennent, et je fais ça pour eux. Je ferai de mon mieux pour les rendre heureux.»
« J'envisage d'interpréter ici la prochaine chanson que je veux sortir, « On Va Pas Divorcer », et comme c'est déjà tendance sur TikTok, je pense que ça va bien se passer. 4 jours seulement après la mise en ligne sur la plateforme, on a plus d'un million de vues et plus de 20 000 vidéos assemblées. Je l'ai écrite (la chanson) la dernière fois que j'étais ici en Côte d'Ivoire. J'étais avec un ami en couple, et sa femme disait qu'elle voulait rompre ; c'est leur discussion qui a inspiré la chanson. J'ai ressenti de la peine pour mon ami qui tenait vraiment à la relation ».
Ce qu'il faut retenir du FEMUA
Le FEMUA coïncide toujours avec le mois de l'Afrique ; et « La voix du Wakanda » Baaba Maal était présent cette année, pour accentuer le message afro-conscient du festival.
La légende sénégalaise, a été récemment été nommée ambassadeur de bonne volonté pour la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, et sa présence a été un énorme signe pour le FEMUA, dont le thème de 2023, annonce « une Afrique unie et prospère qui peut produire pour elle-même et son peuple.»
Au cours de sa performance, Baaba Maal a prononcé un discours engageant, pour appeler les jeunes à être toujours fiers et à ne jamais baisser la tête devant qui que ce soit : « Le soleil brille toute l'année en Afrique. Les rivières coulent et les océans sont vastes ; on peut tout faire chez nous et nous ne sommes pas obligés de partir. Comptez sur vous et faites de votre mieux pour dire que c'est vous qui construisez l'avenir de l'Afrique. Je suis tellement fier d'être Africain, et je suis très optimiste quant à l'avenir du continent malgré toutes ces choses qui arrivent et que nous ne voulons pas, comme la situation dans le Sahel, minée par l'insécurité et le manque d'éducation pour les personnes éloignées de leurs familles. Lorsque vous écoutez les communautés en Afrique, en particulier les jeunes, vous les voyez se diriger vers un grand avenir. Ils sont attirés par la technologie, par les réseaux sociaux et ils changent d'idées. Ils sont fiers de dire «nous sommes Africains » ; le monde attend quelque chose de vraiment formidable de notre part. Je peux le sentir, tout le monde regarde vers l'Afrique, compte sur l'Afrique, essaie de collaborer avec l'Afrique, et nous avons tout ce qu'il faut pour briller.»
Cet article a été traduit de l’anglais. Vous pouvez consulter la version originale ici.
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